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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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pratiquait la chose depuis des années. D’ailleurs le fait d’être détective privé présentait le grand avantage de me permettre d’agir en secret, et loin de chez moi.
    Peut-être est-ce la même chose dans toutes les familles ; peut-être l’idée selon laquelle le pouvoir paternel prévaut a-t-elle été instituée par quelques faiseurs de lois pleins d’espoir, n’ayant pour leur part ni sœurs ni filles.
    — C’est toi qui l’as amenée ici : tu auras donc le plaisir de la battre toi-même, lançai-je calmement à Helena, sachant bien que jamais elle ne frapperait un enfant.
    Là-dessus, je regagnai ma chambre à grands pas. Je me sentais démoralisé. Helena et moi n’étant pas mariés, il n’y avait aucune raison pour qu’elle s’occupe des membres de ma famille. Et si elle le faisait, cela annonçait le genre de chantage sérieux que j’en étais venu à redouter.
    Comme de bien entendu, après quelques mots rapides suivis d’une réponse étonnamment docile d’Augustinilla, Helena reparut et se lança dans les explications :
    — Ta sœur a des ennuis…
    — Quand Victorina a-t-elle cessé d’en avoir ?
    — Tais-toi donc, Marcus. Des ennuis de femmes.
    — Ça c’est nouveau. D’habitude, ses ennuis, c’est plutôt avec les hommes.
    Je lâchai un soupir et priai Helena de me faire grâce des détails. Victorina avait toujours pleurniché à propos de ses entrailles. Sa vie aventureuse devait lui avoir insupportablement détraqué l’organisme, surtout son mariage avec un plâtrier débile dont la capacité à engendrer des gosses infects les uns à la suite des autres surpassait celle de tous les rongeurs de Rome. Cela dit, jamais je n’irais souhaiter la chirurgie à quiconque. Surtout pas ces interventions pénibles et rarement réussies dont j’avais vaguement entendu parler, qu’on infligeait aux femmes à grands renforts de forceps et d’écarteurs.
    — Marcus, les enfants ont été répartis entre les membres de la famille pour que ta sœur ait une chance de se rétablir. Le tirage au sort t’a attribué Augustinilla…
    Tirage au sort : mon œil… arnaque totale. On l’avait fait exprès.
    — Personne ne savait où tu étais.
    — Du coup c’est toi qui en as écopé, Helena ! Augustinilla est la pire du lot. Maia ne pouvait pas la prendre ?
    Maia était la seule à peu près supportable de mes sœurs, ce qui jouait contre elle chaque fois que les autres réglaient un problème. Son aimable nature lui valait de se faire exploiter par tous les profiteurs, y compris moi.
    — Maia n’avait plus de place. D’ailleurs pourquoi faudrait-il que Maia soit toujours la plus arrangeante ?
    — On croirait l’entendre en personne ! Mais je ne comprends toujours pas. Pourquoi diable as-tu amené cette chipie ici ?
    — Qu’est-ce que je pouvais en faire d’autre ? rétorqua Helena, contrariée.
    J’avais bien quelques idées, mais le pragmatisme l’emporta. Helena me foudroya du regard.
    — En fait, il se trouve que je n’avais pas envie de clamer devant tout le monde que je te pourchassais à travers toute l’Europe.
    Elle entendait par-là qu’elle s’était refusée à dire qu’elle prenait la porte à la suite d’une dispute avec moi. Je lui décochai un grand sourire.
    — Je t’aime quand tu es toute gênée !
    — Oh ! tais-toi donc. Je m’occuperai d’Augustinilla, me répliqua-t-elle. Tu as bien assez à faire. Justinus m’a parlé de ta mission.
    Je m’assis sur le lit en jurant, maussade. Avec l’un des moutards mal élevés de Victorina sur les bras, je n’allais sans doute pas rester entre les quatre murs de la maison. Helena, elle, y serait, comme toute femme romaine bien éduquée. Même les envolées indépendantes de ma belle allaient devoir se restreindre, au sein d’un fort militaire.
    Helena vint se coller contre moi le temps de troquer ma tunique contre la sienne. Pendant qu’elle enfilait sa robe, je la cajolai machinalement.
    — Quand on discute avec toi, on a l’impression de faire un entretien d’embauche avec un mille-pattes qui voudrait devenir masseur… (Elle sortit la tête par l’encolure.) Comment se passe ta mission ? demanda-t-elle en me surveillant du regard.
    — J’avance un peu.
    Ce fut mon tour de commencer à m’habiller en laissant à Helena l’initiative des avances, mais elle rata l’occasion, alors que je renfilais pourtant ma tunique le plus langoureusement possible. Visiblement, je m’étais assez

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