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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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faire à l’égard de cette entreprise de mauvais aloi : il n’y avait qu’elle qui puisse éconduire Titus.
    — Ne me regarde pas comme ça, chérie. Je ne me déplace que lorsque je suis invité.
    — C’est nouveau !
    Je déteste l’ironie, chez les femmes.
    — Écoute, Marcus, je vais dire à Papa que, ce soir-là, j’ai déjà un rendez-vous que je ne peux pas annuler… avec toi.
    Helena esquivait, me sembla-t-il.
    — Excuse-moi, répondis-je platement, mais jeudi, je dois me rendre à Veii. Il faut que je fasse quelques vérifications à propos d’une veuve pour le compte d’un de mes clients commis.
    — Tu ne peux pas y aller un autre jour ?
    — Nous avons besoin de cet argent. Mais toi, saute sur l’occasion ! lançai-je, railleur. Va t’amuser au palais. Titus César est un bon gros mollasson issu d’une morne famille campagnarde. Tu sauras t’y prendre avec lui, ma chérie… à supposer, bien entendu, que tu en aies envie !
    Helena pâlit de plus belle.
    — Je te demande de rester ici avec moi, Marcus !
    Certaine note, dans son ton, me fit dresser l’oreille.
    Mais pour l’heure, mon propre sort m’inspirait une telle compassion que je me refusai à modifier mes dispositions.
    — C’est très important pour moi, reprit Helena d’une voix où affleurait la menace. Je ne te pardonnerai jamais si…
    L’affaire était entendue. Les menaces que profèrent les femmes déclenchent toujours chez moi les pires réactions. J’allai à Veii.
    Sur place, je fis chou blanc. D’une certaine manière, je m’y attendais.
    Je trouvai la veuve sans trop de difficulté : à Veii, tout le monde avait entendu parler d’elle. Peut-être possédait-elle en effet une fortune ; peut-être pas. En tout cas, c’était une petite brune accorte aux yeux pétillants, qui reconnut volontiers qu’elle traînait dans son sillage quatre ou cinq infâmes prétendants… messieurs se disant amis de feu son époux, et estimant désormais qu’ils seraient d’encore meilleurs amis pour elle. Visiblement, l’un d’eux, exportateur de vin vendant aux Gaulois d’innombrables cargaisons de tord-boyaux étrusque, l’emporterait haut la main si la femme se remariait un jour. Je doutais qu’elle s’en donne la peine : elle s’amusait bien trop.
    La veuve en question me laissa entendre que, pour ma part, un séjour à Veii aurait pu m’être profitable, mais le souvenir de la mine implorante d’Helena m’ayant tenaillé tout le trajet durant, je regagnai Rome à toute vitesse en pestant, passablement penaud à cette heure.
    Helena n’était pas chez nous. Elle devait sans doute être déjà partie pour le palais. Je sortis donc et me saoulai en compagnie de Petronius. Étant père de famille, et donc lui-même accablé de responsabilités, mon ami était toujours heureux de pouvoir se libérer un soir pour aller me remonter le moral en ville.
    Je rentrai tard, volontairement. Cela ne contraria pas Helena, puisqu’elle-même ne rentra pas du tout.
    Je me dis qu’elle devait être restée chez ses parents pour la nuit. Un assez mauvais signe. Le lendemain matin, voyant qu’elle ne rentrait toujours pas, je fus saisi de frayeur.

5
    Je me retrouvais tel un hareng noyé dans la saumure.
    Je bannis de mes pensées l’hypothèse selon laquelle Titus aurait enlevé Helena : il était trop honnête. Du reste, Helena avait le caractère bien trempé ; jamais elle n’aurait accepté ça.
    Je ne pus me résoudre à aller frapper à la porte du sénateur pour le prier de me dire ce qui se passait. De toute façon, quelle que soit la situation, l’altière et puissante famille de ma bien-aimée m’en tiendrait pour responsable.
    Retrouver les femmes disparues était mon métier. Retrouver la mienne devrait être facile comme bonjour. Je savais au moins que si elle avait été assassinée et son corps dissimulé sous les lattes d’un parquet, ce n’était pas sous les lattes du mien.
    Cela n’avait rien de particulièrement réconfortant.
    Je commençai par ce qu’on fait toujours au commencement : fouiller l’appartement pour voir ce qu’elle y avait laissé. Pas grand-chose : telle fut la réponse une fois que j’eus fait le tri dans mes propres résidus. Helena n’avait pas apporté beaucoup de vêtements ou de bijoux, et la plupart avaient à présent disparu. Je tombai sur une de ses tuniques, enchevêtrée dans un tas de mes hardes, une épingle à cheveux en jais sous l’oreiller, de mon côté du

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