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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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détromper.
    Ragaillardi par le trajet sur le fleuve, je sortis glaner quelques renseignements sur Claudia Sacrata. J’avais promis à Helena de ne pas lanterner, or la porte à laquelle je choisis de frapper se révéla celle de l’amie du général. Aux yeux du serviteur de la dame, un visage masculin romain constituait une référence suffisante. Aussi, bien que je me contente de demander un rendez-vous, m’entraîna-t-il directement à l’intérieur pour m’amener jusqu’à elle.
    Je me trouvais dans une modeste maison citadine. Le décorateur provincial avait fait de son mieux, mais en matière de fresques, il avait dû s’en tenir à peindre les sujets qu’il connaissait. Jason découvrait la Toison d’Or derrière un buisson de houx au cours d’un orage. De sombres scènes de bataille peuplaient les murs au bas d’une frise qui ne s’animait que lorsqu’un vol d’oies sauvages du Rhenus la traversait. Vénus, vêtue du costume ubien local composé d’une robe à col montant et d’une guimpe, s’y faisait courtiser par Mars portant le manteau de feutre celtique. Elle avait l’air d’une marchande, et lui d’un gars timide, un brin bedonnant.
    Le serviteur me conduisit à un salon où m’accueillirent de vives couleurs et d’immenses couches agrémentées de volumineux coussins matelassés où l’individu fatigué pouvait se laisser choir et oublier ses tracas. Les rouges étaient trop criards, les rayures trop larges, les pompons bien trop gros. L’effet d’ensemble était paisiblement vulgaire. Les hommes qui venaient ici étant pourvus d’épouses aux goûts bien affirmés ne prêtaient sans doute jamais attention à la décoration d’un intérieur. Ce qu’il leur fallait, c’était un endroit propre et confortable fleurant bon la cire et le ragoût mitonnant doucement, un endroit qui, grosso modo, leur rappelle leur enfance en Italie. Cette maison était de celles où le pain, véritable ambroisie mêlée de noisettes, se servait en gros morceaux. La musique devait y être épouvantable, mais les gens riaient et discutaient sans doute trop fort pour s’en soucier…
    J’y trouvai Claudia Sacrata allongée sur une méridienne, comme si elle attendait des visites. Ce n’était pas une fascinante séductrice, mais une femme replète d’âge mûr à la poitrine si fermement soutenue qu’elle aurait pu s’en servir de plateau. Sa toilette était soignée : elle portait une robe romaine paille et ocre, ornée aux épaules de laborieux plis plats auxquels son étole était agrafée à l’aide d’un gros rubis indien monté en broche dont l’éclat proclamait Cadeau d’un Homme ! D’aspect physique, elle m’évoquait une tante bienveillante, un brin ringarde, costumée en vue d’un spectacle présenté aux voisins à l’occasion des fêtes de Floralie.
    — Entre, mon cher. Que puis-je faire pour toi ?
    La question pouvait aussi bien être une formule de politesse… qu’une demande professionnelle. Je décidai de jouer franc-jeu.
    — Je m’appelle Marcus Didius Falco. Je suis un agent du gouvernement. Si tu acceptais de répondre à quelques questions, je t’en serais reconnaissant.
    — Mais bien sûr.
    Ce qui ne garantissait pas, évidemment, qu’elle dirait la vérité.
    — Merci. J’espère que tu ne m’en voudras pas si je commence par toi ? Tu t’appelles Claudia Sacrata, et tu fais commerce de ton hospitalité. Ta mère vit avec toi ?
    Nous connaissions tous les deux la signification de cet euphémisme.
    — Ma sœur, rectifia-t-elle.
    Le mince vernis de respectabilité était le même, mais à aucun moment je ne vis surgir de chaperon au cours de notre entrevue. Je fonçai tête baissée : — Je crois savoir que tu as jadis bénéficié de la confiance de Son Excellence Cerialis ?
    — C’est exact, mon cher.
    Elle était du genre à aimer désarçonner son interlocuteur en reconnaissant l’inavouable. Son regard avisé m’étudiait tandis qu’elle tâchait de deviner ce qui m’amenait.
    — J’ai besoin de recueillir quelques renseignements délicats, et j’ai du mal à trouver des gens en qui je puisse avoir confiance.
    — Est-ce mon général qui t’envoie ?
    — Non. Ceci n’a rien à voir avec lui.
    L’atmosphère changea. Elle comprenait que j’enquêtais sur le compte de quelqu’un : s’il s’était agi de Son Excellence, Claudia Sacrata n’aurait pas hésité à me rembarrer. Maintenant qu’elle se rendait compte que son client le

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