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Will

Will

Titel: Will Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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dégagé, j’avais l’impression de les mener à mon propre
enterrement…
     
    Odo trouve ça drôle. Il étouffe un gloussement, mais je vois
son petit sourire satisfait. « Dis-moi, le moine, puisque tu es si malin,
qu’est-ce qui est le plus drôle : un homme sur le point de mourir qui
parle de funérailles ou un prêtre se moquant de la mort pendant que le diable
lui tire le coude ?
    — Pardon, mon seign…» Il se rattrape de nouveau.
« Pardon, Will, je n’avais pas l’intention de vous heurter. Je trouvais
cela amusant, c’est tout.
    — Eh bien, nous vivons pour divertir ceux qui nous
dirigent. Les condamnés doivent être une source permanente de plaisir pour toi
et ton maudit abbé Hugo.
    — Hugo n’est pas mon abbé. » Il prononce ces mots
de défi comme des faits bruts. « Il déshonore le clergé. »
    Tiens donc ! Une petite blessure qui suppure. J’appuie
légèrement, histoire de l’ouvrir un peu plus.
    « Odo, dis-je en secouant la tête, est-ce une façon de
parler de ton supérieur spirituel ?
    — L’abbé Hugo n’est pas mon supérieur spirituel,
grimace-t-il. Même le tout dernier chien de la meute lui est supérieur. »
    C’est la première fois que je l’entends s’en prendre à
l’abbé, et je ne peux pas m’empêcher de me demander ce qui a pu retourner ce
chiot obéissant contre son maître. Quelque chose que j’ai dit ?
    « Te voilà bien grognon, mon ami. Qu’est-ce qui t’est
arrivé pour que tu grinces ainsi des dents ? »
    Odo soupire et roule des yeux. « Ce n’est rien »,
grommelle-t-il, et il refuse d’en dire davantage. J’essaye de l’amadouer, mais
entêté comme il est, Odo ne changera pas d’avis. Aussi poursuivons-nous…
     
    Nous avons suivi la Route du Roi depuis le val de l’Elfael,
puis nous avons pénétré dans les bois dénudés par l’hiver. L’intendant Antoine
était on ne peut plus prudent. Ce n’était pas un imbécile, il faut bien
l’avouer. Il ne savait que trop ce qui l’attendait si le Roi Corbeau devait
sortir comme par magie des ténèbres. Pourtant, rendons-lui justice, il faisait
montre de courage et de bonne humeur à l’idée d’offrir sa protection aux
marchands. De même que tous les soldats, soit dit en passant ; la plupart
avaient hâte de prendre les armes contre le fantôme.
    J’étais la chèvre de Judas menant ses moutons confiants à
l’abattage.
    En vérité, je ne savais pas ce que Bran ferait quand il
verrait que le shérif n’était pas avec nous. L’intendant a remarqué mon
agitation et a tenté de me rassurer. « Vous vous inquiétez pour rien,
a-t-il dit. Cette créature ailée n’attaquera pas en plein jour. Elle ne sort
que la nuit. »
    Où avait-il déniché cette idée, je ne saurais le dire.
« Vous êtes certainement mieux placé que moi pour le savoir, sire »,
lui ai-je répondu en essayant de sourire.
    La route a commencé à monter pour atteindre rapidement une
crête, avant la longue descente dans la vallée de la Wye. Les soldats
demeuraient admirablement prudents ; ils parlaient peu et leurs yeux
étaient aux aguets. Ils apprenaient sinon à craindre le bois et son fantôme noir,
du moins à lui montrer un semblant de respect.
    La route est vieille, engoncée entre de hauts talus une
bonne partie du trajet ; ici et là, elle croise des ruisseaux qui
s’écoulent de la forêt. De petites éminences de neige se dressaient encore dans
les endroits à l’abri du soleil. La progression était lente dans le meilleur
des cas, et un jour d’hiver, sous la faible lumière que les branches nues
filtraient, avec les petites nappes de brouillard qui s’élevaient des rochers
et des racines chauffées par le soleil, chaque pas donnait l’impression de
durer une éternité. Les hommes se sont tus à mesure que nous pénétrions plus
profond dans les bois. Je me disais que nous ne devions pas être loin des
chariots quand j’ai entendu le beuglement caractéristique d’un bœuf et le
grincement des roues en bois. Je me suis dressé sur ma selle pour écouter.
    Le premier chariot nous est apparu quelques instants plus
tard. Je voyais Iwan marcher à côté du bœuf de tête, un long aiguillon dans les
mains. Dans ses habits de marchand – une longue cape de laine, de grandes
bottes et une large ceinture à laquelle une grosse bourse était
attachée –, il semblait à peine moins farouche que d’habitude. Il s’était
rasé, et ses cheveux avaient été

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