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Will

Will

Titel: Will Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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l’impression que Bran se trouvait à la croisée des chemins l’avait
envahie.
    C’était peut-être l’étrangeté des présents du baron –
l’anneau d’or, les gants brodés, cette lettre mystérieuse – qui l’avait
emplie de cette appréhension malsaine. Mais la promptitude du baron à se venger
en brûlant la forêt montrait que le vol était bien plus préjudiciable que ce
qu’aucun d’entre eux n’avait soupçonné.
    Cela semblait bel et bien être le cas. Quelle que fût la
valeur de ces objets, elle dépassait de loin celle de l’argent ou de
l’or ; elle se mesurait en vies humaines. Voilà ce qui inquiétait le plus
Angharad. Rien de tel ne s’était produit, depuis l’arrivée du Roi Corbeau dans
la forêt ; elle ne savait pas ce que cela signifiait et le fait de ne pas
savoir la troublait. Elle était venue à son ogof douillet pour trouver
une réponse.
    Tout au long du chemin, alors qu’elle marchait péniblement
dans la neige, elle avait ressassé cette question dans son esprit. Tandis que
son vieux corps avançait à pas lourds, son esprit agile avait vagabondé dans le
temps, à travers des royaumes aux antiques traditions, découvrant les plus
obscurs sentiers de la connaissance et du savoir, des chemins à présent
pratiquement oubliés.
    Dans son enfance, assise aux pieds de Delyth, la sage
Hudolion de son peuple, la petite Angharad avait observé de quelle manière la
vieille femme jetait des pincées de poudre d’herbes sèches dans les flammes
lorsqu’elle remuait sa bouillie. Après une profonde inspiration, elle avait
annoncé que le groupe de chasseurs parti depuis trois jours allait revenir.
    « Vas-y, petite abeille. » C’était son surnom à
l’époque. « Va dire à la reine de remplir la cuve d’ale et de mettre le
feu sous la fosse de rôtissage, car son mari sera bientôt de retour. »
Angharad, qui avait appris à ne pas douter de sa banfáith, s’était aussitôt
élancée comme une flèche pour délivrer le message. « Trois cochons et
quatre cerfs », avait crié Delyth comme la gamine gambadait au loin.
« Dis-lui également de s’attendre à recevoir des étrangers. »
    Avant que le soleil n’ait fini sa course dans le ciel, le
groupe de chasse avait pénétré dans le village, les bêtes de somme chargées des
carcasses apprêtées de trois grands sangliers et de quatre cerfs. Ainsi que la banfáith
l’avait annoncé, des étrangers les accompagnaient : trois hommes et deux
garçons de Penllyn, un cantref au nord, qui devaient être leurs invités.
    Ce n’était pas la première ni la dernière fois qu’Angharad
avait été témoin d’une telle prédiction, mais c’est à cette époque qu’elle
s’était demandé comment la banfáith acquérait pareilles connaissances.
« La connaissance est aisée, lui avait dit la vieille femme. C’est la
sagesse qui est ardue.
    — Mais comment le saviez-vous ? avait-elle
insisté. Était-ce dans la fumée ? »
    Le banfáith Delyth avait souri et secoué la tête.
« Quand quelque chose arrive, ma petite, c’est comme lorsqu’on jette un
caillou dans une mare – il provoque des ondulations à travers les subtils
courants du temps et de l’existence. » Ses doigts avaient rebondi légèrement,
comme pour suivre les ondulations. « Si tu connais la manière, tu peux
remonter tous les cercles jusqu’à l’endroit où ils ont commencé et voir le
caillou qui les a créés.
    — Pouvez-vous m’apprendre ? » avait-elle
demandé, parfaitement ignorante de ce qu’elle réclamait.
    La banfáith Delyth avait pris son petit visage dans le creux
de ses mains ridées et l’avait longuement fixée. « Oui, oui, petite
abeille. Je crois que je peux. » La vie et le destin d’Angharad s’étaient
décidés à ce moment-là.
    La grotte était l’ ogof de Delyth, et celle des
Hudolions avant elle. À présent, une existence ou deux plus tard, Angharad
était sur le point de faire appel à ces mêmes connaissances qu’elle avait
apprises de sa sage enseignante bien des années auparavant. Elle allait devoir
mobiliser tous ses talents et toute son expérience pour y parvenir. Les
événements survenus au loin étaient beaucoup plus difficiles à discerner ;
leurs ondulations – elle y pensait encore de cette manière –
devenaient légères et diffuses le temps qu’elles atteignent la grotte
d’Angharad en plein cœur de la forêt. Si elle avait raison de croire

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