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Will

Will

Titel: Will Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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malléables,
d’autres encore dont le potentiel était depuis longtemps épuisé. Car tout ce
qui se passait dans le monde n’était pas déterminé ; quelques événements
persistaient longtemps comme des potentialités, influençant tout ce qui se
trouvait autour d’eux, et d’autres étaient éphémères, de simples remous de
possibilités à l’état brut.
    Tel un enfant qui plonge ses doigts dans l’eau pour attirer
un très petit poisson, Angharad laissait traîner les siens dans le courant de
tout qui était, est et sera. Elle s’imaginait en train de flâner dans l’étendue
liquide, sentant les roches lisses sous ses pieds nus, ses rives se mouvoir et
se transformer tandis qu’elle marchait jusqu’à parvenir à un coude familier.
Elle avait déjà barboté là auparavant. Après une profonde inspiration, elle
tendit ses mains pour prendre le pouls des possibles.
    Là !
    Elle sentit un contact fugace, comme le mordillement d’un
poisson qui file comme une flèche après avoir frappé. Une image prit forme dans
son esprit : une armée de chevaliers innombrables, en marche, essaimant
sur la terre, brûlant le sol qu’elle venait de fouler, écrasant et tuant tout
sur son passage. Une fumée noire s’élevait dans le ciel. À sa tête, elle vit
une bannière – rouge sang, avec deux lions d’or accroupis, toutes griffes
dehors. L’homme qui l’arborait se tenait à califourchon sur un immense cheval
de combat. Il était large d’épaules, la bannière dans une main et une épée
ensanglantée dans l’autre ; il menait sa monture comme un champion parmi
les hommes. Mais ce n’était pas qu’un homme, car il avait des flammes à la
place des cheveux et des orbites vides là où ses yeux auraient dû être.
L’immense armée déployée derrière ce seigneur implacable avançait lances
dressées – une forêt de fines hampes dont les têtes d’acier reflétaient la
lueur livide des rayons d’un soleil mourant.
    En son for intérieur, Angharad eut un mouvement de recul
devant cette vision d’horreur, et s’en détourna à moitié. Aussitôt, une
nouvelle image surgit dans son esprit : un navire aux larges mâts sur une
mer démontée, et le littoral battu par la pluie d’une contrée sombre et basse,
loin à l’est. Il y avait des chevaux bretons à bord qui, de terreur, jetaient
leur tête en arrière en direction du pont submergé par les vagues déchaînées.
Cette image s’effaça à son tour, pour être remplacée par une autre : Bran,
l’arc en main, en train de fuir dans la forêt sur le dos d’un cheval volé.
Malgré la distance, elle pouvait sentir sa rage et sa peur brûler comme une
flamme. Il avait tué ; du sang le maculait. Une silhouette obscure se
précipitait sur lui, qu’elle ne pouvait déchiffrer – mais elle avait une
vague forme animale, et Angharad pouvait la sentir exulter, imposante,
primitive et violente.
    L’image la choqua tant qu’elle ouvrit les yeux.
    La grotte était sombre. Le feu s’était éteint. Elle se
tourna vers l’entrée et découvrit qu’il faisait nuit dehors. Le jour entier
avait passé, peut-être davantage. Elle se releva et entreprit de mettre des
vêtements secs pour sortir. Elle regrettait de ne pas avoir pensé à préparer
quelque chose à manger ; mais elle se sentait un peu reposée, et elle
devrait s’en contenter jusqu’à son retour à Cél Craidd.
    Si elle partait immédiatement et marchait de nuit, elle
pourrait y parvenir avant le lendemain soir. Consciente qu’il était déjà trop
tard pour empêcher ce qu’il allait advenir – quelque chose de terrible,
elle pouvait le sentir comme un couteau dans ses intestins –, elle devait
néanmoins partir sur l’heure, ne fût-ce que pour soigner les blessés et
ramasser les pots cassés.

CHAPITRE 31
    Bon, je me retrouvais coincé entre le marteau et l’enclume,
pas d’erreur. Je n’avais guère d’autre choix que de continuer ainsi, en
espérant qu’au moment où nous atteindrions le lieu de rendez-vous dans la forêt
je pourrais alerter Bran du désastre, avant que le piège se referme. Notre idée
de capturer le shérif quand il arriverait pour escorter les chariots du
marchand reposait entièrement sur l’irrésistible envie de De Glanville
d’attraper le Roi Corbeau. Aucun d’entre nous n’avait prévu la possibilité
qu’il choisirait de rester chez lui.
    Tandis que je conduisais ces soldats et chevaliers dans les
bois sous un beau ciel

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