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Will

Will

Titel: Will Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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votre mère. Vous avez beaucoup souffert, je pense, ces deux dernières
années.
    — Nous faisons contre mauvaise fortune bon cœur.
    — En effet, convint le baron, et c’est tout à votre
honneur. » Il se tourna vers sa femme et la présenta au jeune prince.
    « Baronne Neufmarché, dit Garran en acceptant sa main.
Soyez assurés que nous ferons tout notre possible pour rendre votre séjour ici
des plus plaisants.
    — Lady Agnès, je vous en prie », lui
répondit-elle, enchantée par la beauté énigmatique du prince et ses manières
polies – sans parler de son aisance à parler sa propre langue. La baronne
remercia le charmant jeune homme et fut ensuite présentée à la veuve de
Cadwgan, la reine Anora. « Ma dame, puisse Dieu se montrer bienveillant à
votre égard au cours de votre deuil », lui dit Agnès dans un français
simple, bien qu’elle doutât que la reine puisse parfaitement le comprendre. Le
prince Garran en fit la traduction à sa mère, qui sourit tristement et accepta
les condoléances de la baronne avec une grâce austère.
    « Je vous en prie, entrez, dit Garran en guidant ses
invités vers la grande salle. Nous vous avons préparé un repas pour vous
remettre de votre voyage. Ce soir, nous commencerons le festin du souvenir.
    — Et les funérailles ? demanda le baron.
    — Elles auront lieu ce soir au crépuscule. Le festin
aura lieu après l’enterrement. »
    Ils furent menés à la grande salle, où un certain nombre de
pleureuses étaient réunies. Lady Agnès, qui avait imaginé les Gallois vêtus de
peaux rugueuses, leurs visages tatoués de motifs bizarres, avec des plumes dans
les cheveux et des colliers confectionnés à partir d’ossements d’oiseaux et de petits
animaux, fut agréablement surprise. Pas seulement par l’apparence générale de
ces barbares – qui pour la plupart n’étaient pas habillés mieux ni plus
mal que les rares serfs anglais ou français qu’elle avait pu croiser dans son
existence –, mais aussi par leur dignité solennelle, presque stoïque. La
pièce était ornée des bannières de différentes tribus et éclairée par
d’innombrables bougies en cire d’abeille, dont le doux parfum se mêlait à celui
de la paille propre qui jonchait le plancher. Sur une table sur tréteaux
dressée au centre de la pièce et recouverte de branches de genévrier fraîches,
reposait le roi Cadwgan en personne, drapé dans sa cape habituelle, sur
laquelle avait été posée une grande croix de bois peinte en blanc.
    Lady Agnès blêmit à sa vue, mais personne d’autre ne
semblait trouver bizarre que le défunt réside dans la salle, entouré, comme au
cours de sa vie, par ses sujets et parents. De temps en temps, une des
pleureuses s’avançait pour caresser la tête du roi, dont les cheveux avaient
été lavés et brossés pour former un nimbe clairsemé autour de sa tête. L’un
après l’autre, les nouveaux arrivants furent présentés aux notables présents
dans la pièce. On leur donna de petits bols d’hydromel, et des domestiques
circulèrent parmi eux avec des plateaux garnis de petits morceaux de viande
épicée, aux noix et aux herbes.
    Bien qu’incapable de comprendre un traître mot de ce qui se
disait autour d’elle – ou peut-être à cause de cela –, la baronne se
surprit à regarder ces civilités avec attention. Elle voyait là des gens de
haute ou de basse naissance, qui semblaient apprécier la compagnie d’autrui et,
aussi indubitablement grossiers fussent-ils, elle y prenait plaisir. Une heure
bien triste, évidemment, encore que la pièce funèbre résonnât presque
continuellement de rires. En dépit de ses préjugés, elle se sentait attirée par
la sincérité nullement affectée de ces gens, émue par leurs manifestations de
gentillesse et d’amitié.
    Les pleureuses vaquèrent à leurs occupations jusqu’à ce que
le soleil commence à se coucher, moment où arriva un corps de prêtres. Comme
sur un signal, les pleureuses se mirent à chanter, et malgré leurs paroles
étranges et l’absence de toute musique, Agnès se dit qu’elle n’avait jamais
entendu de musique aussi mélodieusement triste. Au terme d’un nombre assez
conséquent de chants, un prêtre tout de gris vêtu, qui semblait être en charge
de la cérémonie, s’approcha de la bière et, après s’être incliné à trois
reprises, tendit ses mains au-dessus du cadavre et commença à prier – en
latin, ce à quoi la baronne ne

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