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Will

Will

Titel: Will Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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des Marches, lui fit remarquer sa
femme. Vous pouvez faire ce que bon vous semble. Il n’y a aucune honte à
voyager confortablement avec un entourage digne d’un noble de votre rang. Vous
pourriez aussi voyager de nuit, s’il le faut. »
    Le baron aperçut une table dans un angle de la pièce, sur
laquelle trônait un plat en argent avec un pot et trois coupes. Il s’approcha
promptement du meuble, pour constater que le récipient contenait du vin doux.
Il s’en versa une coupe, puis fit de même pour son épouse. « Si je prends
une voiture, vous pourriez venir à l’enterrement avec moi, dit-il en lui en
tendant une.
    — Moi ? » Les quelques couleurs qu’arborait
le mince visage de la baronne disparurent aussitôt, son aiguille s’arrêta en
plein vol. « Aller au pays de Galles ? Dieu m’en préserve. C’est
impossible !* Non.
    — Ce n’est pas impossible, répondit son mari en
poussant la coupe devant elle. Moi-même j’y vais tout le temps, comme vous le
savez. »
    Elle secoua la tête, les lèvres pincées. « Je ne fraye
pas avec les barbares.
    — Ce ne sont pas des barbares, lui dit le baron, la
coupe de vin encore dans les mains. Ils sont vulgaires et sans éducation, c’est
vrai, et enclins à d’étranges pratiques, Dieu m’en est témoin. Mais à leur
façon, ils sont intelligents et capables de faire montre des plus hautes
vertus. »
    Lady Agnès croisa ses bras grêles contre sa poitrine menue.
« Vous avez peut-être raison, convint-elle froidement, mais c’est une race
querelleuse et sanguinaire, qui n’aime rien plus que décoller des têtes
normandes d’épaules normandes. » Elle frissonna violemment, et s’empara du
châle qui se trouvait perpétuellement à portée de sa main. « Vous ne
disiez pas autre chose.
    — Dans l’ensemble, ce n’est pas faux », convint le
baron, qui s’enthousiasmait à l’idée d’avoir sa femme pour compagnie tout en
réfléchissant aux nuances plus subtiles de la situation. Arriver aux
funérailles à cheval à la tête d’une compagnie de chevaliers et d’hommes
d’armes renforcerait certainement sa position de seigneur et maître du
cantref – mais débarquer en voiture avec la baronne à ses côtés,
accompagnés d’un entourage de domestiques, placerait sans coup férir sa visite
dans un registre plus amical, plus personnel. Cela, il en était fermement
convaincu, apporterait l’exacte note qu’il lui fallait pour frapper un grand
coup avec la famille de Cadwgan, ses parents, ses compatriotes et son héritier.
En bref, il était convaincu qu’il s’agissait d’une occasion à ne pas manquer.
    Après avoir mis de force la coupe dans la main de son
épouse, il but la sienne et déclara : « D’ordinaire, je vous
approuverais. Cependant, mon fief gallois constitue une exception. Nous sommes
en termes productifs et paisibles depuis plusieurs années, et votre présence
aux funérailles de Cadwgan marquera le début d’une ère nouvelle entre nos deux
maisons. »
    Lady Agnès fronça les sourcils et regarda le contenu de sa
coupe comme s’il s’était agi de poison. Elle n’aimait pas la tournure que
prenait cette conversation, mais ne voyait aucun moyen de déboîter le baron
dans sa charge au grand galop. « Si cela vous convient, mon seigneur,
dit-elle en repoussant sa chaise, je vous ferai porter une lettre de
condoléances pour les femmes de la maison, leur exprimant mes sincères regrets
de ne pouvoir leur offrir mon réconfort en personne. »
    Elle contourna le cadre de tapisserie pour aller se planter
devant le baron, se dressa sur la pointe des pieds et lui embrassa le front.
Puis elle lui souhaita un bon après-midi. Bernard regarda sa femme – tête
haute, dos raide – marcher jusqu’à la porte. Oh, elle pouvait se montrer
aussi entêtée qu’un âne de basse-cour. En cela, c’était bien la fille de son
père, jusqu’à la dernière goutte de son sang angevin.
    Elle pouvait regimber, mais elle ferait ce qu’on lui dirait.
Neufmarché se rendit en hâte à ses propres appartements et appela son
chambellan. « Remey, dit-il quand son premier domestique apparut les bras
chargés d’un plateau de viande froide, de fromage, de pain et d’ale.
« J’ai besoin d’une voiture. Lady Agnès et moi partons assister aux
funérailles de mon client gallois, Cadwgan. Les servantes de mon épouse
l’accompagneront. Dites à mon sergent de choisir pas moins de huit chevaliers
et autant

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