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Will

Will

Titel: Will Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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s’attendait pas. La prière, bien que curieuse
dans ses tournures, ressemblait peu ou prou à toutes celles qu’elle avait pu
entendre en Angevin.
    Une fois la prière finie, on donna une crosse au
prêtre – ce qui permit à Agnès de découvrir qu’il s’agissait en fait d’un
évêque. Après avoir frappé la crosse trois fois sur le sol, il fit un geste en
direction de la table. Six hommes de la tribu s’avancèrent aussitôt, prirent
place autour du roi défunt, soulevèrent la planche des tréteaux et la portèrent
hors de la grande salle. Toutes les pleureuses leur emboîtèrent le pas, et on
les conduisit hors de la cour, puis en bas du monticule sur lequel se dressait
la forteresse, jusqu’à une petite église en bois où une tombe avait été creusée
derrière les murs en pierre d’une courette. La tombe était doublée de grandes
dalles plates, dont certaines avaient été grossièrement taillées pour
l’occasion.
    À la grande surprise de lady Agnès, les pleureuses
s’arrêtèrent devant le cimetière pour enlever leurs chaussures. Aussi bizarre
que cela lui parût, néanmoins, le fait de pénétrer pieds nus dans l’enceinte
consacrée émut son âme plus profondément que tout ce qui était arrivé
jusque-là. Lorsque les six hommes aux pieds nus descendirent soigneusement le
corps dans la fosse, ses yeux attentifs se brouillèrent de larmes. On prononça
des prières sur la tombe, et d’autres encore lorsque la terre eut comblé le
trou, recouvrant le roi défunt. Alors, cette partie du service terminée, les
gens commencèrent à s’éloigner par petits groupes de deux ou trois.
    C’était simple, mais authentique et sincère, aussi sincère
que ces gens avenants. Agnès, bien plus affectée par l’expérience qu’elle
n’aurait pu l’imaginer, devint très pensive sur le chemin du retour au caer. Et
quand, alors qu’ils gravissaient la colline sous les premières étoiles du soir,
les pleureuses se remirent à chanter, lady Agnès, pour qui la vie se résumait à
une série de défis et d’épreuves qu’il fallait surmonter, eut l’impression que
quelque chose se desserrait dans son cœur. Les larmes commencèrent à couler sur
ses joues. Cette mélodie dénotait un tel esprit indomptable, un tel courage,
qu’elle eut honte d’avoir tant dénigré des gens si beaux, si dignes. Elle
avançait, ses mules à la main, écoutant les voix se mêler dans la douceur de
l’air estival, ses joues luisantes de joie et de tristesse.
    Le baron, qui marchait avec le prince Garran et sa mère, ne
voyait pas son épouse, sans quoi il aurait bien pu s’inquiéter. Plus tard,
alors qu’ils assistaient au premier des nombreux festins en l’honneur du
souverain défunt, il remarqua qu’Agnès semblait songeuse, mais sans son
acrimonie coutumière. Son sourire était naturel, ses manières calmes et
pacifiques – il ne l’avait pas vue ainsi depuis des mois. Sans doute la
fatigue du voyage, se dit-il. Mais quand elle le regarda avec affection en
se rendant compte qu’il la dévisageait depuis sa place près du prince, il lui
retourna son sourire en se disant qu’il avait décidément bien fait d’insister
pour qu’elle vienne.
    Les jours suivants furent consacrés aux préparatifs du
couronnement du prince Garran qui, ainsi que le baron l’avait prévu depuis
longtemps, allait succéder à son père sur le trône. Cette décision fut ratifiée
sans ambages par les gens de l’Eiwas, aussi la succession et le couronnement se
déroulèrent-ils sans embarras ni difficultés, avec peu de cérémonie mais sous
les cris enthousiastes de ceux qui, venus accompagner le vieux souverain
jusqu’à sa dernière demeure, étaient restés pour accueillir le nouveau.
    Quand le baron Neufmarché et sa femme prirent congé du roi
Garran deux jours plus tard, ils exhortèrent le nouveau monarque à venir leur
rendre visite à Hereford. « Venez à la Saint-Michel, lui dit le baron sur
un ton gentiment insistant. Nous organiserons un festin en votre honneur, et
discuterons de notre avenir commun. » Comme si l’idée lui venait
soudainement, il ajouta : « Vous savez, je crois que ma fille
aimerait beaucoup vous connaître – vous n’avez pas rencontré Sybil, je
pense ? » Le jeune roi secoua la tête. « Non ? Alors c’est
arrangé.
    — Il faut que vous veniez, ajouta la baronne en lui
pressant la main comme elle montait en voiture, et votre mère également.
Promettez-le-moi.

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