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Will

Will

Titel: Will Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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garde l’Elfael ! » a
grondé Tuck avec véhémence.
    Une sourde nausée s’est emparée de moi. Autour de nous,
j’entendais proférer des jurons et des malédictions à l’adresse du roi anglais.
« Qu’est-ce que ça signifie ? a demandé Nóin en se serrant contre
moi.
    — Ça signifie qu’on s’est servi de nous puis qu’on nous
a abandonnés, ai-je craché. Ça signifie que le coquin rouquin nous a étripés
comme des lapins et nous a jetés aux chiens.
    — C’est impossible, a dit Bran, qui s’élançait déjà
vers le roi. Le ciel ne le permettrait pas ! » Il a fait trois longs
pas et s’est arrêté, pour crier à William de l’écouter. « Mon seigneur,
a-t-il dit par l’intermédiaire de Jago, dois-je comprendre que vous avez
autorisé l’abbé Hugo à garder nos terres en Elfael ?
    — Le roi a décrété que monseigneur Hugo y exercerait
les fonctions de régent pour son compte », a répondu le cardinal Ranulf.
Les yeux étrécis, il dévisageait Bran. « Je me souviens parfaitement de
vous, a-t-il ajouté, et je vous préviens, ne vous avisez pas de perpétrer
quelque méfait comme la dernière fois que nous nous sommes rencontrés.
    — Alors veuillez rappeler au roi que l’on m’a promis la
restitution de nos terres et le gouvernement de mon peuple, a répondu Bran par
l’intermédiaire de Jago. Cela m’a été promis par le roi en personne en
reconnaissance de notre rôle dans l’identification des traîtres. »
    Le roi l’a entendu, évidemment, mais il a détourné le
regard, une expression froissée sur le visage.
    « Je ne peux répondre d’aucune des promesses qui pourraient
ou pas avoir été faites par le passé », a répondu le cardinal, sur un ton
qui suggérait que tout cela s’était produit des années auparavant et n’avait
rien à voir avec le jugement du jour. « Après une période appropriée de
réflexion, le roi a décidé que rendre l’Elfael à l’autorité galloise ne servait
pas les intérêts de la couronne en ce moment.
    — Qu’est-ce que nous allons devenir ? a hurlé
Bran, visiblement de plus en plus furieux. C’est notre terre, notre
foyer ! On nous a promis la justice.
    — Et la justice, a répondu froidement le cardinal vêtu
de soie, vous l’avez obtenue. Votre roi a décrété, sa parole est loi. »
    Bran, qui s’efforçait de contenir sa rage, a présenté ses
arguments. « Je rappellerai à Sa Majesté que c’est entre les murs de la propre
forteresse de l’abbé que nous avons découvert la conspiration contre
elle ! Votre régent est aussi coupable de trahison que ceux que vous avez
déjà condamnés et punis.
    — C’est vous qui le dites, a répondu le cardinal d’un
ton doucereux. Vous n’en avez aucune preuve, et la juste pratique de la justice
dispose qu’aucune culpabilité ne peut être retenue contre l’abbé.
    — Appelez ça comme vous voulez, Monseigneur, mais ne
parlez pas de justice », a grondé Bran d’une voix tremblante de fureur.
Doux Jésus, je ne l’avais jamais vu aussi furieux. Son visage était livide, ses
yeux jetaient des éclairs. « C’est une offense contre le ciel. Les gens de
l’Elfael n’auront de cesse de réclamer la justice qu’on nous a promise.
    — Vous et vos gens vous conformerez au gouvernement du
régent, a déclaré Flambard. En tant que régent, monseigneur Hugo a la charge de
vous garder et de vous protéger. Dorénavant, il vous garantira le confort et la
consolation de la loi royale.
    — Avec tout mon respect, cardinal, a crié Bran, qui luttait
pour empêcher sa rage de dévorer sa raison, nous ne pouvons accepter ce
jugement.
    — Le roi a parlé, a conclu Bayeux. Tous les litiges
liés à cette querelle sont désormais éteints. L’affaire est close. »
    Imperméable à la colère de notre seigneur, le roi William a
hoché la tête, s’est détourné, puis est reparti dans sa demeure avec les
membres de sa suite. Le cardinal a enroulé le parchemin puis s’en est allé
rejoindre son monarque.
    Ce faisant, il mettait fin à notre jour du Jugement.
    Comme la porte se refermait derrière le groupe royal, une
large entrée à double battant s’est ouverte au bout de la cour. Les soldats,
qui n’attendaient que ce moment, s’en sont déversés pour nous encercler. Armes
tirées, ils ont formé un mur, épaule contre épaule, autour du périmètre de la
cour.
    « Nous devons partir d’ici immédiatement, a dit
Angharad.

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