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Will

Will

Titel: Will Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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abattus. Ceux qui d’une manière ou d’une autre avaient
échappé à l’embrochage sur un trait de chêne déguerpissaient à quatre pattes
pour rejoindre leurs camarades. Le mur de boucliers était pilonné de flèches,
qui fendaient le bois en éclats, déchiquetaient les panneaux couverts de cuir,
frappaient avec la force de lourds marteaux. Deux de mes projectiles sont allés
rejoindre ceux des autres.
    Le commandant des chevaliers faisait montre de courage,
sinon d’intelligence. Son bouclier levé haut pour protéger sa tête, il s’est
relevé péniblement et a rompu les rangs pour partir en courant vers la source
principale de l’attaque. Il n’a fait que quatre pas avant qu’une flèche ne le
trouve. Elle a fendu l’air chargé de neige dans un faible bruissement, j’ai
aperçu la terne lueur de sa tête de métal – puis le chevalier s’est
retrouvé décollé de terre et rejeté en arrière par l’impact du projectile de
chêne sur sa poitrine.
    Il était mort avant que ses talons ne touchent la neige.
    Après avoir bloqué son bras avec la mince flèche dépassant
des deux côtés de sa blessure, le marshal Guy a lâché la bride à son grand
cheval de guerre. L’animal a aussitôt chargé le fantôme noir qui se tenait sur
la piste de l’autre côté de la clairière.
    Le Roi Corbeau est resté immobile un moment, laissant la
bête et le cavalier blessé s’approcher, son long bec étroit dressé vers le ciel
comme pour les railler. Alors que le cheval comblait la distance qui les
séparait, Guy a dégagé son bras ensanglanté et a tiré la dague à sa ceinture
pour attaquer maladroitement son adversaire de la main gauche.
    Le fantôme a esquivé le coup. Tandis que l’animal
poursuivait sa course, il a poussé un ultime hurlement sauvage et, toutes ailes
déployées, a battu en retraite non pas dans le bois, comme on aurait pu s’y
attendre, mais directement au centre de la route – là d’où les chariots
étaient venus.
    Aussitôt, l’abbé Hugo a fait halte pour crier aux soldats de
lui donner la chasse, mais ils sont restés recroquevillés derrière leurs boucliers.
Invoquant les foudres du ciel sur leurs têtes, il les a menacés de lourdes
sanctions s’ils se refusaient à obéir. Ils se sont mis à chercher le Roi
Corbeau des yeux et, le voyant s’enfuir, ils ont fait ce que tout soldat
normand fait quand un ennemi bat en retraite : ils l’ont poursuivi.
    Alourdis par leurs longues cottes de mailles, leur bouclier,
leur cape et tout le reste de leur équipement, ils se dandinaient dans la neige
derrière le Roi Corbeau, aussi agile qu’un oiseau en comparaison. L’abbé et le
marshal leur ont emboîté le pas, pour surveiller leurs arrières. Bientôt, ils
étaient tous hors de ma vue ; j’ai attendu, me demandant ce qui allait
arriver ensuite. Les charretiers devaient se le demander eux aussi, car après
le départ des soldats ils se tenaient sur les bancs de leurs véhicules,
immobiles, à contempler l’obscurité. L’un d’eux a hurlé aux gardes de
revenir – sans obtenir la moindre réponse.
    Il n’a pas eu le temps de refaire une tentative. Avant même
qu’il ne puisse reprendre son souffle, quatre silhouettes masquées ont jailli
de la forêt pour prendre les chariots d’assaut, deux par véhicule ; j’ai
reconnu Tomas et Siarles en tête de chaque groupe. Pendant qu’un des Grellons
jetait une cape sur la tête du charretier et le tirait de son banc, l’autre
s’emparait de l’aiguillon de bœuf et faisait partir l’attelage.
    Les deux chariots ont fait quelques mètres sur la route
jusqu’à atteindre le creux d’un vallon boisé. Et là, ô merveille, le mur de
buissons et de broussailles jouxtant la route s’est ouvert en deux et
l’attelage a été entraîné dans les bois. Alors que le deuxième chariot suivait
le premier dans les fourrés, quatre autres Grellons ont fait leur apparition et
ont commencé à aplanir la neige avec des branches de pin.
    Les deux conducteurs ont été emmaillotés dans leurs capes et
tirés sur le bord de la route, à proximité d’un cheval abattu – histoire
de les tenir au chaud quelque temps, je suppose. Fous de terreur, ils gisaient
là, aussi immobiles que des morts, poussant à l’occasion un faible gémissement
pour bien montrer au monde qu’ils étaient toujours en vie.
    De la neige fraîche a été apportée dans des paniers en
roseau de manière à effacer les quelques traces restantes

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