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Will

Will

Titel: Will Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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terrible bec s’est lentement dressé jusqu’à pointer
directement en haut vers l’amoncellement de branches et de rameaux chargés de
neige. Le monstre a poussé un nouveau cri atroce. Comme en réponse, j’ai vu
quelque chose scintiller dans les airs et un tison flamboyant a atterri dans la
neige à mi-chemin entre le Roi Corbeau et les chevaliers recroquevillés. Un
autre s’est bientôt joint au premier – à peu près à la même distance des
chevaliers, mais derrière eux. Puis un troisième est tombé derrière le
second – à leur gauche, cette fois. Puis un quatrième, en face du
troisième par rapport aux deux premiers. Avant même qu’il ne touche le sol,
trois autres avaient été tirés.
    Les chevaliers, assommés d’incrédulité, se retrouvaient
entourés de feu. Les flambeaux étaient enfoncés dans la neige, relâchant une
épaisse fumée noire qui se mêlait aux flocons.
    Jusque-là, tout se déroulait comme prévu, et je m’imaginais
que nous allions pouvoir filer sans encombre avec les marchandises. Mais la
malchance a le chic pour rattraper un gars quand il s’y attend le moins. Alors
même que nous touchions la victoire de nos doigts engourdis, ladite malchance
s’est incarnée en la personne de l’abbé Hugo. Vêtu d’une robe de satin blanc et
de bottes de cuir de même couleur, avec une cape de laine d’un pourpre sombre
somptueux, il avait davantage l’air d’un roi que d’un ecclésiastique lorsqu’il
a fait son apparition dans la clairière. Avec lui galopait le marshal Guy de
Gysburne, à la tête d’une petite compagnie de rustres brûlant d’en découdre.
    À dire vrai, à ce moment-là je ne savais pas qui ces hommes
pouvaient être, mais j’allais l’apprendre bien assez tôt. Je ne savais qu’une
chose, c’est qu’ils s’invitaient au banquet sans y être conviés et qu’on devait
s’en débarrasser avant qu’un des nôtres ne soit blessé.
    Ils pénétraient en trombe dans la clairière, armes tirées,
bien décidés à trancher quelques têtes. Huit soldats, sans compter l’abbé, ont
déferlé dans le cercle des flambeaux. Guy, tout vêtu de cuir et de cottes de
mailles, de ses jambières et de son gorgerin, menait la charge sur son destrier
gris pâle. À peine s’était-il avisé de la présence du fantôme emplumé qu’il
s’est dressé sur sa selle et a projeté sa lance dans sa direction.
    Se jetant de côté pour éviter le projectile, le Roi Corbeau
a encoché une flèche et, retenant son souffle, a bandé son arc en prenant le
marshal pour cible.
    Quelqu’un d’autre avait eu la même idée.
    Des broussailles longeant la piste a jailli une flèche. En
un éclair, elle a traversé la clairière pour cueillir Guy et le projeter
violemment à l’arrière de sa selle alors qu’il tendait la main pour atteindre
son épée.
    C’est ce qui lui a sauvé la vie, je pense. La flèche a percé
les anneaux d’acier de son haubert dans la partie charnue de son bras et s’est
plantée là. S’il s’était tenu plus droit sur sa selle, il l’aurait prise dans
son capuchon. Là, il a laissé tomber son épée et a crié à ses hommes de se
protéger des flèches qui commençaient à pleuvoir.
    Trois hommes sont tombés avant de pouvoir dresser leur
bouclier, et un quatrième a pris une flèche dans le dos à l’instant même où il
le pivotait pour abriter sa poitrine. Ils ont chuté comme des pierres dans un
puits.
    Hurlant des ordres en ffreinc, l’abbé Hugo s’est engagé dans
la clairière sans se soucier des projectiles qui volaient de tous côtés. Bon,
je suppose que le meurtre d’un prêtre – normand ou pas – est une
affaire sérieuse, et qu’Hugo devait se sentir en sécurité malgré tous les
hommes à terre autour de lui. Ou alors peut-être faisait-il preuve de bravoure,
ou de stupidité – ou des deux. Toujours est-il qu’il exhortait les
chevaliers et les hommes d’armes à se défaire de leur peur et à attaquer,
montrant par là son peu de compréhension de la nature de l’assaut. Un homme à
pied ne peut pas toucher ce qu’il ne peut pas voir, pas plus qu’un guerrier à
cheval ne peut charger dans les broussailles à l’aveugle s’il espère voir la
fin du jour.
    Les soldats se sont rassemblés pour essayer de former une
couronne de boucliers protectrice. J’ai tiré deux flèches, m’en sortant
suffisamment bien pour que les derniers soldats encore en selle se retrouvent à
terre, leurs chevaux

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