Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Will

Will

Titel: Will Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
Vom Netzwerk:
un
bon moyen de faire la preuve de sa puissance sur les serfs locaux. Ce n’était
peut-être pas grand-chose, estimeraient certains, mais c’était après tout par
une attention toute particulière à ce genre de détails qu’on parvenait à
asseoir son autorité.
    Richard de Glanville, shérif des Marches, connaissait sur le
bout des doigts les us et coutumes du pouvoir. Un jour, il trouverait le
rebelle connu sous le nom de Roi Corbeau, et ce jour-là tout l’Elfael verrait
comment les traîtres à la couronne étaient punis. La justice pouvait tarder à
être rendue, mais on ne pouvait pas lui échapper. Le Roi Corbeau finirait par
être capturé, et la mort de ce braconnier ressemblerait à une aimable plaisanterie
comparée à la sienne. De Glanville ne se contenterait pas de punir le rebelle,
il le détruirait et ferait disparaître son nom pour toujours. Avec délectation.

CHAPITRE 26
    Nous avons poussé nos montures jusqu’à Glascwm, passant les
portes de Saint-Dyfrig au moment où une tempête hivernale tombait sur les
vallées. Un froid mordant et pluvieux régnait sur la cour tandis que les moines
s’empressaient d’emmener les chevaux à l’écurie et de pousser les voyageurs
trempés jusqu’aux os que nous étions dans le réfectoire, où nous pourrions nous
gaver de soupe chaude. Ils ne savaient pas encore à qui ils offraient à
dîner – encore que ça n’aurait pas fait de différence, je pense, car la
cour de l’abbaye était déjà pleine de gens des environs qui, ayant fui les
Ffreincs, cherchaient asile entre ces murs.
    Trempés, malheureux, abattus, le dos voûté sous la pluie
battante, ils nous regardaient trotter jusqu’à la porte avec une curiosité
muette, bovine. Au-delà du désespoir, ils se tenaient recroquevillés devant les
taudis qu’ils avaient construits dans la cour, les pieds nus dans les flaques
de boue. Les moines avaient fait un feu au centre de la cour pour les
réchauffer, mais le combustible humide produisait plus de fumée que de chaleur.
À en croire leur aspect, la plupart étaient des fermiers – mais maigres, à
moitié morts de faim ; et beaucoup portaient les signes de la justice
normande : ici une main manquante ou un pied coupé, là un œil brûlé par un
tisonnier chauffé au rouge.
    Oh, les Ffreincs aiment couper les membres des pauvres gens.
Ils ne s’en lassent jamais. Et quand un noble normand ne trouve pas de bonne
excuse pour estropier un malheureux qui se trouve sur son chemin… eh bien, il
tisse une explication avec de la soie et de la salive d’araignée.
    Une fois notre petit groupe à terre, les dames ont été
conduites à la loge réservée aux hôtes, où elles pourraient sécher leurs
vêtements. Nous autres étions prêts à abjurer pareil confort pour un bon repas
chaud. L’abbé, un vieux bâton tout raide avec un visage pareil à la croupe d’un
cochon sauvage, s’est mis à souffler comme un bœuf quand il a vu notre seigneur
et ses rudes compagnons souiller sa salle à manger. « Bran ap
Brychan ! a-t-il crié en entrant en trombe dans la longue pièce basse de
plafond. On m’a dit que vous étiez mort il y a de cela au moins une année.
    — Je suis bel et bien là, mon père, a répondu Bran,
debout pour recevoir la bénédiction de l’abbé Daffyd. J’espère que vous allez
bien.
    — Pas trop mal. Si les Ffreincs arrêtaient de
tourmenter les vallées et de chasser les honnêtes gens de leur foyer, nous nous
porterions beaucoup mieux. J’espère que vous n’avez pas l’intention de rester
ici – nous sommes aussi tendus qu’une peau de tambour avec ceux dont nous
avons déjà la charge.
    — Nous ne vous dérangerons pas plus longtemps que
nécessaire.
    — Bien. » Le vieil homme ne gaspillait pas ses
mots. Ses manières directes me faisaient sourire. Voilà un gars qui saurait
entendre raison, et qui rendrait la pareille. « Je me réjouis que vous ne
soyez pas mort. Que faites-vous ici ?
    — J’ai cru que vous ne le demanderiez jamais. »
Iwan et Siarles ont gloussé, mais Bran les a fait taire d’un regard sévère.
« Il y a quelques jours, l’évêque Asaph vous a fait parvenir une lettre.
    — C’est exact », a répondu l’abbé en croisant les
bras sur sa poitrine. Son froncement de sourcils suggérait qu’il soupçonnait
une grave malice, et il ne se trompait pas. « Que représente-t-elle pour
vous, mon fils – si je puis me permettre ?
    — Je vous en prie.

Weitere Kostenlose Bücher