Will
lui.
Tirant silencieusement l’épée de son fourreau avec sa main
gauche, de Glanville débrida son bouclier avec la droite. Agrippé au pommeau de
son arme, il prit une profonde inspiration et cria à travers la
clairière : « Au nom du roi ! »
Le cri retentit dans l’air glacial, brisant la tranquillité
des lieux.
Interloqué, le Gallois vacilla et tourna sur lui-même.
« Déposez vos armes ! » lui hurla de Glanville. Le chasseur se
précipita sur son arc. Le temps que le shérif relève son bouclier, il avait
déjà encoché une flèche. « Halte ! » lui cria le shérif au
moment où le braconnier libérait sa flèche.
La violence de l’impact ébranla le shérif sur sa selle
ouvragée. La pointe de la flèche transperça la solide planche de frêne qui
formait le corps du bouclier, le fer saillant de l’épaisseur d’un doigt juste
au-dessous de l’œil du shérif.
La rapidité de l’homme était impressionnante, mais en fin de
compte vaine. Avant qu’il ne puisse encocher une nouvelle flèche, deux
chevaliers se ruèrent dans la clairière de part et d’autre du chasseur. Il se
retourna en un clin d’œil et tira sur le plus proche des deux, mais la flèche
écorcha simplement le haut de son bouclier et alla se perdre au loin. Désespéré,
le Gallois lança l’arc sur le deuxième chevalier et pivota sur lui-même pour
s’enfuir. Les deux soldats le capturèrent d’un bond, puis le soumirent de
quelques coups sur le crâne avant de le traîner jusqu’au shérif de Glanville.
« Braconner des cerfs dans la forêt royale est un délit
punissable de mort, dit le shérif d’une voix forte qui résonna dans le
sanctuaire de la clairière. Avez-vous quelque chose à dire avant d’être
pendu ? »
Le chasseur, qui ne comprenait manifestement pas la langue
du Ffreinc, savait néanmoins quel destin l’attendait. Il poussa un cri et, d’un
puissant effort, essaya de se débarrasser des deux soldats qui se cramponnaient
à lui. Ceux-ci tinrent bon, cependant, et rouèrent sa tête de coups jusqu’à ce
qu’il s’écroule à nouveau.
« Intendant Antoine, dit le shérif, vous vous vantez de
savoir parler la langue de ces brutes. Demandez-lui s’il a quelque chose à
dire. »
L’intendant, cramponné au bras droit de l’homme, l’informa
de la charge qui pesait contre lui. Le Gallois cria, supplia et les maudit tout
en essayant désespérément de se libérer de ses ravisseurs, jusqu’à ce qu’ils le
réduisent au silence en le frappant à nouveau à la tête et à l’estomac.
« Il semble qu’il n’ait rien à dire pour sa défense, déclara Antoine.
— Non, je n’en ai pas l’impression. » Les trois
derniers chevaliers pénétrèrent alors en trombe dans la clairière. « La
corde, intendant », ordonna de Glanville. Antoine alla fouiller dans le
sac derrière la selle du shérif et en sortit une longueur de corde en cuir
tressé.
Voyant la corde, le Gallois se mit à crier et à se débattre
de plus belle. Le shérif ordonna à ses chevaliers de le traîner jusqu’à l’arbre
le plus proche. La corde fut lancée sur une grosse branche et un nœud coulant
confectionné à la hâte fut passé autour du cou du pauvre malheureux.
« Par ordre de Sa Majesté le roi William d’Angleterre,
à l’autorité duquel j’ai prêté serment, je vous condamne à mort pour le crime
de braconnage sur les terres du roi », dit le shérif d’une voix basse et
languissante, comme si le fait de prononcer ce jugement était d’une morne
banalité dans le cadre de ses fonctions. Il ordonna à l’intendant Antoine de
répéter ses paroles en gallois. L’intendant fit de son mieux, s’égarant parfois
dans le français, et finit par hausser les épaules d’indifférence.
Satisfait que tout fût fait dans les règles, le shérif
conclut : « Exécutez la sentence. »
Le chevalier qui tenait le bout de la corde fut rejoint par
deux de ses camarades et tous trois se mirent à tirer. Le cuir craqua et se
tendit à mesure que le poids de la victime était soulevé de terre et que ses
orteils cessaient de faire voler des mottes de neige. Les mains du pauvre
Gallois se mirent à griffer le nœud coulant autour de son cou, ses pieds à
battre dans le vide.
Puis, comme le malheureux commençait à étouffer, le shérif
parut changer d’avis. « Attendez ! Faites-le redescendre. »
La corde se relâcha aussitôt, et les pieds de l’homme
touchèrent à
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