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1914 - Une guerre par accident

1914 - Une guerre par accident

Titel: 1914 - Une guerre par accident Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Georges Ayache
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lui :
    — Ces Anglais croient pouvoir nous traiter comme le
Portugal [368]  !
    En proie à un profond abattement, le Kaiser, lui, n’en
finissait pas de se lamenter :
    — Comme Georgie et Nicky se sont bien joués de
moi ! Si ma grand-mère avait vécu, elle n’aurait jamais permis cela [369]  !
Constantinople, 4 août, 16 h 25
    Le gouvernement de la Sublime Porte hésitait encore à
prendre parti. Des intérêts d’État, il en avait de tous côtés, dans tous les
coins de l’Europe.
    Des intérêts financiers avec la France, pays avec lequel
avait été négocié en septembre de l’année précédente un protocole plutôt juteux.
Des intérêts diplomatiques avec la Russie qui venait de signer les accords de
Livadia garantissant l’intégrité de l’Empire ottoman en échange de la liberté
de passage dans les détroits. Des intérêts militaires avec l’Allemagne qui
réorganisait au pas de charge, comme elle savait si bien le faire, l’armée
ottomane. Pour la circonstance, Berlin avait même accepté la turquisation du
très poméranien général Liman von Sanders, bombardé Pacha et
maréchal ottoman…
    L’Allemagne était la mieux placée auprès de Constantinople,
même si elle s’était fait désirer. Après l’Autriche-Hongrie, les
Ottomans ! Le Reich était-il donc voué à s’allier à tous les canards
boiteux d’Europe ?
    La Turquie elle-même avait multiplié les valses-hésitations.
Demanderesse, le 28 juillet, elle s’était rétractée avant de se résoudre à
solliciter de nouveau Berlin. Bref, il ne s’agissait pas exactement d’une
alliance de cœur…
    De guerre lasse, un accord avait pourtant été conclu, la
veille au matin sous le sceau du secret. Enver et Talaat côté turc, le baron
Wangenheim, ambassadeur en titre, côté allemand, y avaient joué un rôle
décisif. Constantinople s’engageait à entrer en guerre du côté des puissances
centrales.
    L’affaire des deux cuirassés non livrés par les Anglais
avait pesé très lourd dans la balance. Enver Pacha, qui ne l’avait pas encore
digéré, en avait fait une affaire personnelle. Il avait d’ailleurs obtenu de
Wangenheim l’envoi de deux croiseurs allemands pour compenser la
« trahison » britannique. La Kriegsmarine avait proposé ses deux
seules unités croisant en Méditerranée : le Goeben , un superbe dreadnought de nouvelle génération qui était doté de l’équipement le plus sophistiqué, et
le Breslau , plus léger mais rapide et efficace. Il avait même été
convenu qu’une fois acheminés à Constantinople, sous le commandement de
l’amiral Wilhelm Souchon, les deux bâtiments changeraient d’appellation et
seraient rebaptisés respectivement le Yavuz sultan Selim et le Midilli .
    L’encre de la signature du traité d’alliance n’était pas
encore sèche que Constantinople recommençait à tergiverser. Bien sûr, une
alliance sur le papier avec le Reich allemand, c’était bien. Mais un
affrontement armé sur le terrain avec les Russes et les Britanniques, c’était
déjà moins affriolant.
    Pendant ce temps, le Goeben et le Breslau faisaient route vers la Méditerranée orientale, pistés discrètement par les
Amirautés française et britannique. Mais la Méditerranée était vaste ! À
plusieurs reprises, on faillit en perdre la trace entre les côtes d’Afrique du
Nord, Brindisi et le détroit de Messine.
Londres, 4 août, 17 h 10
    — Winston veut attaquer ! C’est une pure folie [370]  !
    S’adressant à Haldane, Grey en perdait presque ses manières
policées. Il restait dans sa logique diplomatique qu’il avait eu tant de mal à
faire accepter. Un ultimatum dans les formes requises et en deux temps afin de
parer à toutes les éventualités possibles. Et pas de déclenchement d’hostilités
avant la fin de l’ultimatum. C’était assurément de la belle ouvrage. Mais
quelle perte de temps !
    Il avait fallu une journée entière pour mettre au point
l’ultimatum délivré à Berlin. Pendant ce temps, le Goeben et le Breslau naviguaient en toute liberté en Méditerranée. Ils venaient même de bombarder en
toute impunité les villes françaises de Bône et de Philippeville, en
Algérie !
    C’était toute la planification franco-anglaise qui risquait
de se retrouver mise à mal. Dans un premier temps, il avait été prévu que les
flottes alliées assureraient le passage en métropole française du 21 e  corps
stationné en Afrique du Nord et

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