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1941-Le monde prend feu

1941-Le monde prend feu

Titel: 1941-Le monde prend feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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étrangers » se
multiplient. Six des sept synagogues de Paris sont dynamitées dans la nuit du 2
au 3 octobre.
    Les attentats touchent désormais les grandes villes de la
zone occupée.
    Ce mois d’octobre 1941 s’annonce ainsi dès ses premiers
jours comme l’un des plus meurtriers.
     
    Les communistes de l’OS ont décidé de frapper à Rouen, à
Bordeaux, à Nantes.
    Le lundi 20 octobre, le lieutenant-colonel Holtz est
abattu, place de la Cathédrale à Nantes. « Il s’effondre, dit l’auteur des
coups de feu – Brustlein – en hurlant comme un cochon qu’on égorge. »
    La réaction de Stülpnagel est immédiate : dans la
journée, un officier allemand se rend au camp d’internement de Châteaubriant
consulter la liste des détenus.
    Dès le 21 octobre, une affiche annonce que « le
Feldkommandant de Nantes ayant été tué par de lâches criminels à la solde de l’Angleterre
et de Moscou », ordre a été donné « en expiation de ce crime »
de faire fusiller cinquante otages, cinquante autres suivront si les coupables
ne sont pas arrêtés avant le 23 octobre à minuit.
    Une récompense de 15 millions de francs est offerte à
tous ceux qui permettront ces arrestations.
     
    Alors que se prépare l’exécution des cinquante premiers
otages, le conseiller d’administration militaire Reimers est abattu, le 21 octobre,
place Pey-Berland à Bordeaux.
    Un groupe de républicains espagnols a protégé le tireur.
     
    « Le
sang appelle le sang. »
    Une liste de cent otages est présentée par les Allemands au
ministre de l’intérieur Pucheu.
    Il argumente, réussit à faire réduire la liste à cinquante
noms.
    Puis il constate que, parmi ces derniers, il y a quarante
anciens combattants de 1914.
    « Non, pas ceux-là », dit Pucheu. Les Allemands lui
soumettent une liste qui ne contient plus, à six exceptions près, que des
communistes. Parmi eux, le fils d’un député, Guy Môquet, âgé de dix-sept ans, des
syndicalistes (Jean-Pierre Timbaud), deux instituteurs dont la libération était
prévue le jour même.
    Pucheu ne commente pas cette liste.
    Quarante-huit otages sont exécutés le 22 octobre dont
vingt-sept à Châteaubriant.
     
    Le lieutenant de gendarmerie Touyr a rassemblé dans une
baraque du camp de Châteaubriant les otages. Il serre la main de l’officier allemand
qui les prend en charge. On leur remet une feuille de papier, un crayon et une
enveloppe.
    Dans les camions, ils chantent La Marseillaise, et
les quatre cents prisonniers du camp l’entonnent à leur tour.
    En traversant la ville de Châteaubriant, les otages
continuent de chanter.
    Dans les rues, les gens se découvrent.
    Les otages seront fusillés dans une carrière, en trois
salves successives, à 15 h 55, 16 heures et 16 h 10.
    Ils chantent encore La Marseillaise.
    Tous ont refusé de se laisser bander les yeux et lier les
mains.
     
    Ce soir-là, Pucheu tente de justifier son attitude.
    « J’ai fait ce qu’aurait fait à ma place tout ministre
de l’intérieur ayant le sens de ses responsabilités, dit-il. Je ne pouvais, je
ne devais pas laisser fusiller quarante bons Français. »
     
    L’un des ministres de Vichy, Romier, s’indigne :
    « Mais comment avez-vous pu désigner vous-même les
otages ?
    — Je ne les ai pas désignés. J’ai laissé seulement les
Allemands substituer une seconde liste à une première.
    — Vous n’aviez pas le droit, mon pauvre ami. Anciens
combattants ou communistes, c’étaient de bons Français. Vous n’aviez pas à
faire un choix, à prendre parti. Il fallait laisser aux Allemands la
responsabilité de ce massacre. Vous la partagez maintenant avec eux. Comment n’avez-vous
pas senti cela ? »
     
    Pucheu ne peut comprendre. Dans l’Ordre nouveau qui se met
en place – et il veut en être l’un des bâtisseurs –, ce n’est pas la
nationalité qui compte, mais l’appartenance à une race, à une idéologie.
    Un communiste, un Juif ne peuvent être de « bons
Français », quels que soient leurs mérites.
     
    Le lendemain 23 octobre, un officier supérieur allemand
ayant été abattu, cinquante otages extraits du camp de Souges seront passés par
les armes.
    Les Allemands auront ainsi exécuté quatre-vingt-dix-huit
Français en moins de quarante-huit heures.
     
    Pétain s’adresse, la voix hésitante, aux Français, le
soir-même.
    Pas un mot pour dénoncer l’arithmétique allemande : un
officier vaut cinquante

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