1941-Le monde prend feu
Français.
« Par l’armistice, dit Pétain, nous avons déposé les
armes. Nous n’avons pas le droit de les reprendre pour frapper les Allemands
dans le dos… Aidez la justice, je vous jette ce cri d’une voix brisée : ne
laissez plus faire de mal à la France ! »
Le lendemain, à l’un de ses proches, Pétain apparaît effondré,
les yeux embués de larmes, la voix éteinte, vieilli de cinq ans.
« Il faut arrêter cette tuerie, dit-il.
— Que pouvez-vous faire ?
— J’y ai beaucoup réfléchi. Je n’ai pas fermé l’œil de
la nuit. Il faut que j’aille à Paris me constituer prisonnier.
— Vous, monsieur le Maréchal ?
— Oui, moi, je veux être désormais le seul otage. »
Pétain ne quittera pas Vichy.
Ces jours-là d’octobre 1941, décisifs pour la situation en
France, des millions de Français ont l’oreille collée à leur poste de TSF et écoutent
Radio-Londres.
Le 23 octobre 1941, la voix de De Gaulle, vibrante, s’élève :
« Nous savions bien que l’Allemand est l’Allemand. Nous
ne doutions pas de sa haine ni de sa férocité, dit-il. Parce que deux des
bourreaux de la France ont été abattus à Nantes et à Bordeaux au beau milieu de
leurs canons, de leurs chars et de leurs mitrailleuses par quelques courageux
garçons, l’ennemi prend au hasard, à Paris, à Lille, à Strasbourg, 100, 200, 300 Français,
et les massacre.
« Nous avons entendu hier la voix tremblante du
vieillard que ces gens ont pris comme enseigne qualifier de “crime sans nom” l’exécution
de deux des envahisseurs.
« Il est absolument normal et il est absolument
justifié que les Allemands soient tués par les Français.
« Si les Allemands ne voulaient pas recevoir la mort, ils
n’avaient qu’à rester chez eux et ne pas nous faire la guerre. Tôt ou tard d’ailleurs
ils sont tous destinés à être abattus soit par nous, soit par nos alliés. »
De Gaulle sait qu’il ne peut pas en rester là. Le peuple
français attend un « mot d’ordre ».
« Ce mot d’ordre, je vais le lui donner…
« Il y a une tactique à la guerre. La guerre des
Français doit être conduite par ceux qui en ont la charge, c’est-à-dire par
moi-même et le Comité national… La consigne que je donne pour le territoire
occupé, c’est de ne pas y tuer ouvertement d’Allemand. Cela pour une
seule mais très bonne raison, c’est qu’il est en ce moment trop facile à l’ennemi
de riposter par le massacre de nos combattants momentanément désarmés… »
De Gaulle prêche « la patience, la préparation, la
résolution ». Mais comment pourrait-il imposer cette tactique à des
mouvements de résistance qui ne sont pas coordonnés, qui n’ont pas reconnu l’autorité
du chef de la France Libre ?
Et d’autant plus que ces attentats contre les militaires
allemands sont le fait des communistes qui ont leur propre stratégie, à la
finalité politique évidente : devenir la plus grande force de la
Résistance.
Ils ont créé le Front national, destiné à accueillir tous
les mouvements de résistance afin de les influencer, de les contrôler.
De Gaulle est conscient de ce risque. Il veut que tous les
mouvements de résistance se rassemblent autour de la France Libre.
Et pour cela, reprend-il :
« Il faut arracher toute autorité aux collaborateurs de
l’ennemi… tout ce qui est de Vichy n’a droit qu’au mépris public, à commencer, bien
entendu, par le principal responsable du désastre militaire, de l’armistice
déshonorant et du malheur de la France : le Père-la-défaite de Vichy.
« La France avec nous ! » lance de Gaulle en
conclusion.
Elle est auprès des fusillés de Châteaubriant.
Des milliers de personnes se rendent en pèlerinage aux
Carrières où en trois salves les Allemands ont abattu des Français qui « chantaient La Marseillaise en s’abattant ».
De Gaulle intervient à nouveau sur Radio-Londres.
« En fusillant nos martyrs, l’ennemi a cru qu’il allait
faire peur à la France ! La France va lui montrer qu’elle n’a pas peur de
lui ! dit-il.
« Vendredi prochain, 31 octobre, de 4 heures
à 4 h 05 du soir, toute espèce d’activité devra cesser sur tout le
territoire national… Tous les Français, toutes les Françaises demeureront
immobiles, chacun là où il se trouvera… Cette immense grève nationale fera voir
à l’ennemi et aux traîtres qui le servent quelle gigantesque
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