4 000 ans de mystifications historiques
de la presse communiste avaient été interdits et, quelques jours plus tard, le PCF avait été dissous.
Or, ce jour-là, Jacques Duclos était chez Otto Abetz, ambassadeur du III e Reich, essayant d’obtenir la reparution de L’Humanité, interdite par Pétain. Le pacte germano-soviétique Molotov-Ribbentrop était toujours en vigueur et Duclos pouvait espérer une faveur pour l’organe du Parti frère de l’URSS ; ce ne fut pas le cas. Le fameux appel évoque donc une pure invention communiste. Le PCF n’en était pas à court : après la Libération, il revendiqua soixante-dix mille fusillés, chiffre extravagant.
Ce mythe a été fabriqué pour donner substance au revirement patriotique de nombreux communistes qui devinrent spontanément anti-allemands sous l’Occupation, alors que leur parti était encore lié par le pacte cité plus haut. Certains quittèrent même le PC et, pour masquer ce revirement, celui-ci tenta, un demi-siècle plus tard, de récupérer leur désaveu du PCUS.
Comme on l’aura vu (81) , la période qui suivit l’armistice a fait l’objet de nombreux récits, qui ne se distinguent pas tous par le sens de la nuance ou de l’exactitude.
1941
Roosevelt était-il informé de l’attaque japonaise sur Pearl Harbour ?
La rumeur court depuis plusieurs décennies, et elle courra sans doute encore longtemps : Franklin D. Roosevelt, alors président des États-Unis, aurait laissé le Japon attaquer la flotte américaine à Pearl Harbour pour disposer enfin d’une raison décisive de l’entrée en guerre de son pays.
La raison fut en effet décisive : le 8 décembre 1941, à 7 h 40 (heure du Pacifique), la flotte d’assaut japonaise (six porte-avions, cinq cuirassés, trois croiseurs, seize destroyers et trois sous-marins), ainsi que trois cent soixante avions, qui avaient décollé des porte-avions, détruisirent huit cuirassés, trois croiseurs, trois destroyers, quatre navires et cent quatre-vingt-huit avions, dans le port militaire de l’île de Oahu, dans les Hawaï. Deux mille quatre cent trois personnes du côté américain (dont mille sur le croiseur Arizona ) y trouvèrent la mort et cinq terrains d’aviation furent mis hors service.
Ce fut le début de l’offensive japonaise dans le Pacifique.
L’attaque n’avait été précédée d’aucune déclaration de guerre, mais elle avait été prévue au plus haut sommet du gouvernement américain. En effet, arguent les partisans de la théorie du complot, le code secret de communication des Japonais avait été percé (par le cryptographe Lawrence Friedman, du service dit « Magic ») et les responsables américains savaient que les Japonais allaient attaquer.
Depuis mai 1941, en effet, les relations entre les États-Unis et le Japon se détérioraient. Les intentions agressives de ce dernier devenaient de plus en plus évidentes : les Japonais entendaient devenir la première puissance asiatique et les maîtres du Pacifique. Quand ils occupèrent l’Indochine française, les États-Unis ne se le tinrent pas pour dit : ils gelèrent les avoirs japonais et commencèrent à appliquer un embargo sur les matières premières nécessaires à l’effort de guerre nippon. Début novembre 1941, les services secrets américains communiquèrent au gouvernement les messages de Tokyo aux délégués japonais qui parlementaient à Washington : si, au bout de trois semaines, les efforts diplomatiques n’aboutissaient pas à une solution satisfaisante, ils seraient rompus. Cela signifiait donc que le Japon attaquerait fin novembre ou début décembre.
Mais cela n’indiquait pas le site de l’attaque.
Deuxième argument des partisans du complot : quand son conseiller Harry Hopkins demanda au président pourquoi il n’attaquait pas tout de suite, ce dernier lui répondit qu’il entendait, devant l’opinion nationale et mondiale, laisser la responsabilité de l’agression au Japon.
Mais, là encore, cela n’impliquait aucunement que Roosevelt ou quiconque fût informé que l’attaque se produirait à Pearl Harbour. Depuis qu’elle avait quitté les îles Kouriles, à quelque 5 500 kilomètres de la cible, la flotte d’assaut japonaise avait, en effet, observé un silence radio total. Astuce supplémentaire : elle avait évité les routes commerciales ordinaires. Il était impossible aux services de la marine américaine de savoir qu’elle s’était constituée et encore moins de la localiser.
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