4 000 ans de mystifications historiques
par le mode de récupération, ayant réussi à déjouer leurs requêtes.
435 millions de francs disparurent ainsi et, des 2,25 milliards censés être mis en sécurité, seul 1,3 à 1,6 milliard aurait été « récupéré » – du moins selon la note du lieutenant Louis Frayssigues. Par qui ?
Une autre note, du trésorier-payeur Rizza celle-là, et datée du 29 décembre 1944, laisse perplexe, car elle fait état de la quasi-totalité de la somme initiale de deux milliards et quart (son total est exactement de 2 216 347 000 francs). On y trouve, par exemple, deux versements, l’un de 500 000 francs au SRCF du colonel Berger et un autre de 4 000 000 pour la libération d’André Malraux, alors prisonnier à la prison Saint-Michel de Toulouse. Mais le colonel Berger et Malraux sont le même homme – de surcroît sorti tranquillement de sa geôle le 22 août 1944, le personnel de cette prison ayant pris la fuite…
Ce ne fut pas la seule note qui ne correspondait pas aux autres.
Et lors des procès qui s’ensuivirent, André Gaucher affirma que les deux milliards et quart furent remis au Comité national de la Résistance (CNR) responsable de Limoges et de la Dordogne.
Bref, il n’y avait pas deux personnes qui présentaient les mêmes comptes sur le sort du « butin ennemi ».
*
Après la Libération, plusieurs enquêtes furent lancées et braquèrent brièvement les projecteurs sur des hommes intègres et d’autres qui l’étaient moins et que le combat avait rapprochés. Les procès et les contre-procès en diffamation se succédèrent, mais nul, à part les bénéficiaires, ne sut ni ne sait encore ce qu’étaient devenus les butins. Un titre de Samedi-Soir du 1 er mai 1948 déplaçait légèrement le sujet : « Qui a pillé le trésor de la Résistance ? » Le trésor avait appartenu à l’État français, non à la Résistance. Des vignettes bouffonnes émaillèrent les rapports ; ainsi de cette figure respectée du maquis qui serait partie dans la nuit avec un sac de 50 millions sur la selle de sa bicyclette ; ce n’était que la moitié d’une part avec laquelle il fonda un groupe de presse.
Car les évaporations de sommes colossales avaient alors pris des proportions étonnantes. Dans ses Mémoires , le général de Gaulle évoque le problème et l’attribue à « des chefs locaux, pressés par la nécessité », qui procédèrent à « des réquisitions de fonds » ; il évalue le total à près de 15 milliards et estime à un quart la part dont l’usage n’a pas été justifié.
Or, il n’évoque pas les sommes qui étaient parachutées par le SOE (Spécial Opérations Executive) britannique. Ni celui qui était dispensé par l’OSS, ancêtre de la CIA.
Cela ne faisait qu’un mystère de plus, ajouté à plusieurs mystifications.
1945
L’exécution de Mussolini
et les inspirations picturales de Churchill
Winston Churchill, héros de la Seconde Guerre mondiale, se piquait de dons artistiques, sacrifiés de longues années à son devoir politique. Le 1 er septembre 1945, deux mois après que les élections, qui portèrent les travaillistes au pouvoir, l’eurent rendu à la vie privée, il emporta sa palette et ses pinceaux, et partit se livrer à sa passion secrète. Il arriva à Moltrasio, sur la rive ouest du lac de Côme, en Italie, accompagné de sa fille Sarah, de son valet de chambre et d’un agent de Scotland Yard. Il séjourna chez les Donegani, à la villa Apraxine.
Le grand homme voyageait sous le faux nom de « colonel Warden », mais l’alibi ne tenait pas plus de quelques heures, car la presse mondiale avait rendu son visage familier à la terre entière et, en dépit des efforts pour tenir les curieux à distance, ses séances de peinture se déroulaient le plus souvent sous les regards attentifs de petits attroupements. Chacun pouvait admirer le talent avec lequel le héros reconstituait du bout de son pinceau le paysage enchanteur des Alpes bergamasques.
Cela expliquait pour l’opinion la présence du héros dans les parages.
Churchill ne faisait pas que peindre, il se promenait dans la région et rencontrait aussi des gens du cru, notamment quelques personnes qui avaient vu ou approché le Duce (durant son bref séjour dans la région, avant que celui-ci fût exécuté par les partisans, quatre mois auparavant, dans la cour d’un garage à Dongo, à quelques kilomètres de là). Les coïncidences étaient vraiment un peu
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