4 000 ans de mystifications historiques
Mannlicher-Carcano, carabine en usage dans l’armée italienne durant la Première Guerre mondiale, n’est pas considérée comme suffisante pour cet exploit. Pour tirer avec une telle arme sur une cible en mouvement, il aurait fallu un tireur d’élite, ce qu’Oswald n’était pas, de l’avis des écoles de tir où il s’était entraîné.
– Les trois coups de feu – à supposer qu’il n’y en eut que trois – ont retenti en l’espace approximatif de trois secondes. En supposant que l’arme était déjà chargée lors du premier, on considère que c’est le délai dans lequel les deux coups suivants ont été tirés. S’ils l’avaient été avec la Mannlicher-Carcano, il aurait fallu qu’Oswald recharge son arme manuellement avec une vitesse remarquable, débloque le verrou, ajuste la balle, referme la carabine, vise une cible mouvante et tire. Cela suppose une dextérité hors pair. Mais question également sans réponse : était-il concevable qu’un homme doté d’une expérience moyenne des armes à feu entreprenne un attentat avec une arme de ce genre, alors qu’une carabine à répétition lui aurait offert une plus grande commodité de maniement ?
– Aucun éclaircissement officiel n’a été fourni sur le fait que la police aurait retrouvé deux carabines sur le lieu d’où Oswald aurait tiré. L’une était la Mannlicher-Carcano, l’autre « marquée sur le canon 7,65 Mauser ». Le témoin n’était pas le premier venu, c’était Roger Craig, adjoint du shérif de Dallas. Mais l’autre carabine n’a pas été identifiée et ne pouvait de toute façon tirer des balles de 7,65, calibre de pistolet. Quant à la marque Mauser, c’est celle d’un verrou adapté à diverses carabines, Winchester ou Remington.
– Puisqu’il n’avait pas, selon le rapport Warren, été chargé par une puissance étrangère d’abattre le président, quelle était la motivation d’Oswald ?
– Quelle était la motivation de Jack Ruby, et pourquoi s’est-il, jusqu’à sa mort, refusé à l’exprimer ? Deux meurtriers sans motivation dans un crime d’État, cela fait décidément beaucoup. Et comment se fait-il que Ruby ait eu licence d’approcher Oswald de si près, alors que celui-ci était sous protection policière ? Que faut-il penser du témoignage selon lequel Ruby avait été vu, une heure avant l’attentat, sur la butte où se serait posté le second tireur, en compagnie d’un homme tirant un fusil du coffre d’un véhicule ? On découvrit après sa mort qu’il avait été tenancier d’une boîte de nuit à Cuba. Ce qui inspira la question logique : quels étaient ses rapports avec les anticastristes ? Qu’en était-il des allégations selon lesquelles Ruby avait été un espion travaillant pour le compte de Richard Nixon ?
– Une huitième question surgirait plus tard : pour quelle raison, en 1999, le majestueux cercueil de bronze dans lequel avait été placée la dépouille de Kennedy a-t-il été secrètement remplacé par un cercueil de bois ordinaire, tandis que le premier était jeté dans l’Atlantique du haut d’un avion de l’US Air Force ?
L’opinion publique retomba lentement sur le sentiment qui avait prévalu après le rapport Warren : on cachait la vérité parce qu’elle compromettait trop de gens.
*
En 1991, le facteur émotionnel, commodément décrié par les réalistes, s’imposa. Le film JFK d’Oliver Stone sorti cette année-là sur les écrans fouetta les théories du complot. Il y allait du prestige de la Constitution et du respect de la nation pour ses dirigeants. Déjà, en 1967, un gros pavé fut lancé dans cette mare décidément fangeuse : Jim Garrison, un ancien pilote de chasse employé ensuite par le FBI et élu procureur (District Attorney) à La Nouvelle-Orléans, avait causé une sensation en arrêtant un certain Clay Shaw comme membre de la CIA et complice de l’assassinat, et un autre, David Ferrie. De plus, il inculpait Ruby comme complice supplémentaire. En somme, Ruby aurait assassiné Oswald pour se débarrasser d’un témoin gênant.
La rivalité, sinon l’animosité, qui régnait et règne encore entre le FBI et la CIA est légendaire, mais là, c’était un peu fort de café, car on n’avait encore jamais vu un ancien du FBI arrêter un agent de la CIA. Puis l’on commençait à jaser : le chef de la CIA à l’époque de l’attentat était George W. H. Bush, futur président et père de
Weitere Kostenlose Bücher