4 000 ans de mystifications historiques
puissance étrangère.
Un aspect des conclusions refroidit sensiblement l’enthousiasme de l’accueil : c’étaient les critiques adressées au FBI et aux services secrets chargés de la sécurité du président. Elles signifiaient que l’on n’avait pas tenu compte des menaces qui pesaient sur la visite de Kennedy à Dallas. Pourquoi ?
Et une lacune laissait les lecteurs insatisfaits : aucun rapport n’avait été trouvé entre les meurtres de Kennedy et d’Oswald. Voire !
Sans attendre le rapport, le FBI d’Edgar Hoover, qui se doutait probablement qu’il serait mis sur la sellette, avait publié en décembre 1963 vingt-six volumes de conclusions.
Incidemment, on n’y trouvait pas mention des disparitions successives de plusieurs témoins clés. Des coïncidences malheureuses, sans doute. On n’y précisait pas non plus que plusieurs témoignages et documents dormaient et dorment encore dans les archives nationales.
Depuis les assassinats d’Abraham Lincoln et de James Garfield, l’Amérique était certes préparée à ce que ses présidents fussent considérés comme des pigeons d’argile par certains agités (un autre président, Ronald Reagan, échapperait de peu à la mort quelques années plus tard). Mais au pays du film noir et des grands romans policiers, les autorités eussent pu mieux faire que de jeter au public une intrigue aussi mal ficelée. Cela équivalait à une expression de mépris pour les opinions nationale et internationale.
Ou bien alors cette intrigue était-elle trop explosive pour être révélée.
*
Une montagne d’articles, de livres, d’émissions de télévision et un film ont été consacrés à cet attentat ; l’écrasante majorité est inspirée par une théorie du complot et, de ce fait même, elle a été reléguée aux oubliettes : il y a toujours des esprits compliqués et soupçonneux qui croient discerner des causes occultes à des événements tragiques et bâtissent des théories extravagantes. Mais aucune preuve n’a jamais été fournie d’un quelconque complot américain destiné, comme le soutiennent quelques obstinés, à débarrasser le pays d’un président pour une raison ou une autre. Oswald était un fanatique intoxiqué par la haine des communistes pour l’Amérique et c’était tout. Quant à Ruby, il avait cédé à l’indignation naturelle d’un citoyen devant un meurtre ignoble.
C’était aussi simple qu’une image d’Épinal.
Et le temps a recouvert ce chapitre d’un voile gris, tandis que les indignations se sont émoussées. Puis les contemporains disparaissent. Ceux qui étaient curieux n’avaient pas de preuves justifiant la réouverture de l’enquête, et ceux qui auraient détenu des preuves s’en allaient les uns après les autres. La conclusion de la commission Warren demeurait.
Plusieurs questions subsistaient cependant, auxquelles ni cette commission ni le rapport d’enquête du FBI n’avaient répondu ou offert des éléments de réponse :
– Lee Harvey Oswald était-il le seul tireur ? Et quelle est la base des témoignages portant sur un quatrième coup, qui aurait été tiré de la butte sur le parcours du défilé présidentiel, correspondant à un rond-point nommé Daley Plaza ? En 1983, une chercheuse indépendante, Mary Ferrell, retrouva l’enregistrement sonore démontrant qu’il y avait eu quatre coups de feu. Comment se fait-il que, selon une autre chercheuse indépendante (89) , la grande majorité des témoins aient situé l’origine des coups de feu sur la butte citée plus haut ? Et pourquoi la commission Warren avait-elle rejeté cet élément ?
– Les éléments techniques du rapport Warren comportent des lacunes… Les témoignages sur un quatrième coup de feu ont été écartés pour la raison suivante : les témoins auraient été abusés par l’écho de la détonation. En effet, quand une balle est tirée, on entend le coup de départ, celui du percuteur frappant la balle, et le claquement de celle-ci dans l’atmosphère, à vitesse supersonique. Fort bien. Mais, dans ce cas, et étant donné qu’Oswald avait tiré trois coups, on aurait dû entendre six détonations, ce qui n’est pas le cas.
– Oswald était-il bien le tireur ? Selon le rapport de la commission Warren, il aurait tiré sur la voiture présidentielle alors qu’elle s’éloignait. Or, de l’avis général des experts, la puissance d’arrêt de la cartouche de 6,5 mm de la
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