4 000 ans de mystifications historiques
George W. Bush. Or, Bush appartenait aux milieux pétroliers du Texas, notoirement hostiles à la politique de Kennedy. En tant que chef de l’organisme qui noyautait les exilés cubains, il n’aurait pas eu grand-peine à faire « intoxiquer » un agité marxiste tel qu’Oswald, pour le persuader que le président Kennedy était l’ennemi principal du marxisme. Il convient de rappeler ici que c’était sous Kennedy qu’avait eu lieu, en 1961, la désastreuse expédition de la baie des Cochons, qui avait visé à réoccuper Cuba. Les rumeurs commençaient à éclabousser trop de puissants.
Deux autres commissions furent alors créées par la Chambre des représentants en 1992 pour poursuivre les « travaux » de la commission Warren, le HSCA (House Select Committee of Assassination Inquiry), et l’ARCA (Assassination Records Collection Act, dit également JFK Act). Leurs conclusions ne firent pas grande différence avec les premières, à quelques points près : la première admit « la forte probabilité que deux tireurs aient fait feu ». Autant dire qu’il y avait bien eu conspiration, mais quels en étaient les auteurs ? Mystère et boules de gomme : les théories du complot repartirent de plus belle.
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Prodige de la mythomanie collective : vingt-huit hommes ont « avoué » qu’ils étaient les deuxième, troisième et quatrième tireurs.
Et neuf théories de complot ont été avancées à ce jour depuis l’attentat, ce qui révèle l’ampleur et la ténacité des soupçons. Avec le recul, quatre d’entre elles paraissent peu vraisemblables et ont d’ailleurs été abandonnées : un complot castriste, un autre du KGB, un autre encore des anticastristes – furieux de l’échec de la tentative de débarquement dans la baie des Cochons – et une vengeance de francs-tireurs de la CIA, pour la même raison. Kennedy avait, en effet, refusé l’appui de l’aviation pour l’opération de la baie des Cochons, ce qui fut un facteur déterminant dans l’échec de celle-ci. De plus il renonça par la suite à toute tentative de débarquement à Cuba, à la vive contrariété du JCS (Joint Chiefs of Staff), état-major général de l’armée, dont le chef était le général Lyman I. Lemnitzer.
Dans les quatre autres théories, il faut en détacher deux, moins fragiles : d’abord, celle d’une vengeance de la mafia qui, sur les sollicitations du père du président, Joe Kennedy, avait contribué au succès de l’élection présidentielle de son fils, et qui s’en voyait mal récompensée par les efforts de Robert Kennedy, frère de Jack. Ensuite, celle d’une vengeance du propre chef du FBI, Edgar J. Hoover, qui aurait été menacé d’élimination par Robert Kennedy. Personnage singulier, véritable puissance occulte des États-Unis, mais dont il a été dit qu’il dissimulait mal son homosexualité et se travestissait en danseuse lors de soirées intimes, Hoover a suscité au moins autant de rumeurs que bien des criminels. Selon l’une d’elles, il aurait été informé de la vérité du complot, mais aurait cédé à un chantage le menaçant de révéler qu’il vivait en ménage avec son adjoint Charles Colson.
Les deux dernières théories peuvent être fondues en une seule : l’extrême-droite américaine – exaspérée par les inclinations décidément trop libérales de Kennedy et sa mollesse à l’égard de Cuba – et des pétroliers texans – furieux d’un projet de réforme de la fiscalité qui les désavantageait – auraient monté un projet d’attentat pour se débarrasser d’un homme hostile à leur idéologie et à leurs intérêts financiers.
Le contexte politique de la visite de Kennedy à Dallas n’est guère propice non plus à dissiper les soupçons d’un assassinat politique. À l’origine prévue pour remédier à une scission parmi les démocrates du Sud, dont une large fraction désapprouvait la politique libérale du gouvernement, cette visite s’annonçait houleuse. Des manifestants brandissaient des placards et calicots libellés en termes pour le moins menaçants : « Aidez Kennedy à écraser la démocratie », « Monsieur le président, en raison de vos tendances socialistes et de votre reddition au communisme, je vous tiens dans le plus profond mépris », ou bien encore : « Kennedy, vous êtes un traître. »
Une violente hostilité à Kennedy, surtout dans les États du Sud, agitait le pays. Et l’hypothèse
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