4 000 ans de mystifications historiques
effondrée, mais, une fois de plus, la démonstration était faite du danger des principes marxistes. De surcroît, l’établissement de relations diplomatiques avec la Chine et Cuba acheva de dégrader les relations du Chili avec les démocraties occidentales.
L’intervention américaine en sous-main dans le renversement du régime marxiste chilien conforta la conviction des diverses gauches qu’Allende avait été une victime de « l’impérialisme capitaliste ».
Qu’Allende eût été socialiste, sa carrière le prouvait : il avait participé à la fondation du parti socialiste chilien en 1933, qu’il définit à l’écrivain français Régis Debray comme un parti marxiste reposant sur la dictature des travailleurs ; et s’il en avait été exclu en 1952, c’était pour avoir accepté le soutien des communistes, qui n’avaient pas d’existence légale. Quand il se représenta en 1958 avec le soutien des mêmes communistes, personne n’y trouva rien à redire, le PC chilien ayant alors acquis un statut légal.
*
En 2004, l’émoi et l’indignation de nombreux milieux de gauche accueillirent l’ouvrage de l’historien, philosophe et universitaire chilien Victor Farias, Salvador Allende : contra los judios, los homosexuales y otros « degenerados » , dont le sens est évident. Farias, qui s’était distingué en 1984 par un ouvrage également retentissant, H eidegger et le nazisme (93) , y démontait le mythe Allende, preuves à l’appui.
La thèse de doctorat en médecine d’Allende, soutenue en 1933, année de la fondation du parti socialiste chilien, y témoignait d’un racisme en harmonie avec les théories alors professées en Europe, notamment par un Alexis Carrel, mais plus du tout compatibles avec les principes des diverses gauches de l’après-guerre. Intitulée Higiene mental y delincuencia (« Hygiène mentale et délinquance »), elle rejetait les juifs, les Arabes et les Gitans dans le camp des dégénérés, exactement comme le faisaient les théoriciens nazis du temps. Les juifs en particulier se caractérisaient « par des formes déterminées de délinquance, l’escroquerie, la diffamation, la calomnie et surtout l’usure (94) ». Et, après avoir refusé aux juifs les crimes passionnels, sans doute parce qu’ils sont incapables de sentiment, il concluait : « Ces informations laissent soupçonner que la race influe sur la délinquance. »
On est en droit de s’étonner que, même en 1933, époque où l’antisémitisme était endémique, un étudiant aux prétentions scientifiques pût considérer l’usure, pour ne parler que d’elle, comme une tare héréditaire.
Mais, obstiné dans un racisme de la plus détestable farine, Allende citant un autre médecin raciste, l’Uruguayen José Maria Estapé, dénonce l’atavisme biologique du vagabondage chez les Gitans et des tribus de Bohême, et, faisant bonne mesure, y ajoute les juifs. C’était là une tare que même les nazis n’avaient pas mentionnée.
Mieux : Allende considère que le comportement révolutionnaire est criminogène en soi et propose d’interner les révolutionnaires dans des asiles psychiatriques spécialisés. Ce fut exactement ce que faisaient les Soviétiques.
Voilà qui ne présageait guère favorablement de la carrière du Dr Allende. Car il devint en 1939 ministre de la Santé du gouvernement de Pedro Aguirre Cerda.
Une fois ministre, il mit en œuvre le décret présidentiel – car Cerda partageait les mêmes idées – sur l’« amélioration de la race », la race blanche, bien sûr. Il créa un « institut national pour la défense de la race et la mise en valeur du temps libre » – tel quel –, un ministère des Loisirs amélioré, en quelque sorte. Et il choisit comme directeur le général Francisco Javier Diaz Valderrama, fondateur du parti chilien national-socialiste, c’est-à-dire nazi, reconnu par le parti nazi allemand.
Dans une lettre au quotidien La Naci ó n , reproduite par Farias, Allende expliquait que la politique de santé du gouvernement reposait sur trois mesures principales : le traitement obligatoire des toxicomanies, la lutte contre les maladies vénériennes et la criminalisation des contaminations, incluant la stérilisation d’office des aliénés.
Cette dernière pratique s’appelle l’eugénisme, et elle figure parmi les pratiques les plus répréhensibles reprochées aux III e Reich. Faut-il s’en
Weitere Kostenlose Bücher