4 000 ans de mystifications historiques
les capacités létales ont déjà été démontrées. »
– « La capacité de guérir ou de rendre malade peut être exercée à distance, induisant ainsi la maladie ou la mort sans cause apparente. Bien que cela ait été démontré sur des organismes inférieurs, des mouches et des grenouilles, la capacité réelle de causer la mort d’un homme est encore discutée. »
– « L’utilisation de l’hypnose télépathique comporte un grand potentiel [évidemment militaire]. Cette capacité pourrait permettre de programmer des gens sans qu’ils en aient conscience. »
– « À l’évidence, des armes psychotroniques existent déjà ; seules leurs capacités sont discutées. »
Seuls les profanes en perdirent la parole. Cela faisait belle lurette que les initiés du Pentagone considéraient la possibilité de déclencher des maladies mortelles chez les maîtres du Kremlin rien qu’en pensant fortement à eux de manière négative. Peut-être après tout y étaient-ils parvenus…
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Les Soviétiques n’étaient cependant pas en reste. Ils avaient créé depuis 1922 un comité pour l’étude de la suggestion mentale, et les techniques de guerre psychologique s’étaient développées chez eux dans toutes les directions utiles, de la « propagande émotive » d’inspiration scandinave aux techniques de « lavage de cerveau » – bien plus tard adaptées dans la prison américaine de Guantanamo – et aux méthodes éventuelles de modification du fonctionnement du cerveau par des moyens inédits, dont les ondes radio. En 1962, l’Académie des sciences d’Ukraine avait publié un ouvrage de l’ingénieur électricien Bernard Kazhinsky sur « la communication radio-biologique », sur la possibilité d’utiliser la télépathie comme mode de communication militaire.
L’idée ne correspondait pas vraiment à l’orthodoxie marxiste, mais les services secrets soviétiques avaient de bonnes raisons de s’y intéresser : certaines rumeurs sur le fait que le sous-marin atomique américain Nautilus , lancé en 1954, ne pouvait communiquer, en grandes profondeurs, avec sa base de Groton que grâce à des télépathes à bord, leur avaient mis une grosse puce à l’oreille.
Et ils ne plaisantaient pas sur le sujet : en 1977, le KGB avait été jusqu’à kidnapper le correspondant à Moscou du Los Angeles Times , Robert C. Toth, pour protéger le secret de leurs travaux. Cette nuit-là, Toth avait rendez-vous avec un biologiste soviétique venu de Leningrad, Valeri Petoukhov, qui pensait avoir trouvé la base biologique de la télépathie. Toth fut mis quatre jours en garde à vue. On frôla l’incident diplomatique. Toth ne put jamais revoir Petoukhov, qui avait d’ailleurs été mis en sécurité jusqu’au départ de l’Américain.
La guerre psychique n’était pas un vain mot.
À la charnière des décennies 1970-1980, le KGB avait « bombardé » l’ambassade des États-Unis à Moscou avec des faisceaux de micro-ondes, qui avaient effectivement déclenché des malaises divers chez le personnel. Une enquête de la CIA permit de mettre fin à ces pratiques.
Aussi l’URSS avait-elle constitué une armée de deux millions de sujets extralucides entraînés pour asservir le monde. Et quand, en 1961, le chercheur Pavel Naumov révéla certains travaux à l’Occident, il fut envoyé au goulag.
La Chine aussi eut vent de l’intérêt des États-Unis et de l’URSS pour les armes psychotroniques et s’y intéressa. On dispose de peu d’informations sur les recherches chinoises, mais, en 1981, une déclaration de Hsu Hung-Chang, du groupe de paraphysique – néologisme rare – de l’Institut de physique des hautes énergies de l’Academia Sinica, à Pékin, laissa rêveur : « Il est prouvé qu’existent dans notre pays de plus en plus d’individus dotés d’un intense fonctionnement psi, incluant toutes formes de PK [psychokinèse] et d’ESP [perception extrasensorielle]. »
Ainsi commença une saga délirante qui dura plus de vingt ans.
Peut-être l’épisode le plus hilarant fut-il celui où, en 1991, alors que des duels d’artillerie se poursuivaient entre Israël et le Liban, tandis que des navires de guerre américains et soviétiques croisaient au large, vingt soldats spécialisés furent déployés ; ils furent transportés de Santa Fe, Nouveau-Mexique, à la base militaire de Fort Leavenworth, Kansas. Avant l’embarquement, ils reçurent
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