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4 000 ans de mystifications historiques

4 000 ans de mystifications historiques

Titel: 4 000 ans de mystifications historiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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connu sous le nom de Louis le Pieux. La mortalité infantile et juvénile très élevée explique en partie la polygamie des monarques (sans parler de celle de leurs sujets). Les coutumes germaniques – car les Francs sont des Germains – expliquent le reste. Les Gallo-Romains, eux, sont traditionnellement monogames.
    À partir de la fin du VIII e siècle, l’Église, dont le rôle grandit dans le royaume, commence à mettre un peu d’ordre dans ces mœurs déréglées : seuls les enfants de la première épouse sont considérés comme légitimes, mais cela n’interdit pas de prendre une épouse de second rang.
    Ce changement suscite un nouveau problème : l’épouse de second rang s’accommode souvent mal de son statut, et celle de premier rang, évidemment plus âgée, refuse de céder sa place ; il ne reste alors au mari qu’à demander le divorce d’avec celle-ci. Or, l’Église ne l’accorde que de plus en plus difficilement et stipule que le mari ne doit pas abandonner sa première épouse parce qu’elle a vieilli ou est devenue infirme. Une querelle longue et compliquée opposera ainsi le pape Nicolas I er et Lothaire II (825-869), roi de Lotharingie (Lorraine), qui veut divorcer de Theutberge.
    La monogamie gagne encore du terrain avec la réforme grégorienne au XI e siècle. L’ère des favorites et des maîtresses va commencer. Il eût été malséant d’évoquer ces mœurs devant les écoliers et tout autant devant leurs parents. Aussi a-t-on pasteurisé le récit de la vie des premiers rois.

768-814
    L’invention de Charlemagne,
patron des écoliers et « père de l’Europe »
    Quand son frère aîné Carloman meurt, en 771, le cadet de Pépin le Bref enferme ses neveux, les héritiers, et s’approprie leur royaume. Couronné en 748, à l’âge tendre de six ans, il était déjà roi de territoires francs ; il devient également roi d’une moitié de l’Aquitaine, de la Septimanie, la Bourgogne, l’Alsace et l’Alémanie. Puis il défait le roi des Lombards, Desiderius (son propre beau-père, un pillard effréné), et s’empare de ses territoires, c’est-à-dire de tout le nord-ouest de l’Italie. Il se proclame alors roi des Francs et roi des Lombards.
    N’importe quel chef d’État qui se serait comporté de la sorte au XIX e siècle aurait été qualifié de tyran ; au XX e , on l’aurait traité de nouveau Saddam Hussein. L’indulgence de l’histoire s’explique peut-être par la brutalité des mœurs de l’époque. Mais enfin, il n’y a là rien d’exemplaire.
    Soucieux de caser ses fils, Charlemagne crée en 790 la marche de Bretagne qu’il donne à Charles le Jeune. Les Bretons ne veulent pas de lui et se révoltent. N’importe, on les mate.
    La même année, il rattache la Saxe à l’État franc. Les Saxons sont des païens et Charlemagne exige qu’ils se convertissent. Protégés par le relief montagneux de leur pays et les forêts du Teutoburger Wald et du Harz, ils se défendent âprement. Charlemagne déchaîne alors l’horreur, à coups de massacres et de déportations en masse. Dans une seule journée de l’année 791, il fait ainsi décapiter quatre mille cinq cents prisonniers saxons. Il ne pouvait évidemment en faire autant tous les jours, mais il aurait exécuté de la sorte une vingtaine de milliers de Saxons et en aurait déporté le double.
    Tel est le personnage sanguinaire, ivre de pouvoir, que tous les manuels d’histoire présentent comme le bon roi créateur des écoles – ce qui est faux, car il en demanda seulement la multiplication –, félicitant les bons élèves pauvres et réprimandant les mauvais élèves fils de riches, « fiers de leur naissance ». Au XIX e et au début du XX e siècle, il avait été, dans l’ordinaire confusion entre le royaume des Francs et la France moderne, un « roi de France ». À la fin du XX e siècle, quelques visionnaires crurent voir en lui le « précurseur de l’Europe ». L’énormité de la bévue ne peut que faire sourire.
    Il est certain que Charlemagne encouragea les lettrés, pour la bonne raison qu’ils lui fournissaient des fonctionnaires, mais le fanatisme qu’il manifesta au Concile de Francfort en 794 contre le culte des images ne témoigne guère d’une grande ouverture d’esprit ni d’une grande logique pour un monarque qui se targuait d’encourager les arts.
    *
    À Noël 800, Charlemagne se fit couronner empereur par le pape Léon III ; les

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