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4 000 ans de mystifications historiques

4 000 ans de mystifications historiques

Titel: 4 000 ans de mystifications historiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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serait la canette, lancée sur le métier à tisser, mais le passage de « canette » à « canut » n’est pas évident et semble même douteux.
    Le mot correspond cependant au nom d’un personnage bien réel, mais qui devint légendaire, lui aussi, Canut le Grand, roi de Danemark, d’Angleterre et de Norvège, et dont le règne, vers 995, fut prospère.
    Nul n’a encore pu établir de liaison entre Ludd et Canut, mais la parenté spirituelle entre luddites et canuts reste troublante. Tout autant que l’invocation de rois anciens par le prolétariat.
    La formation des mythes contrarie parfois le sens logique.

1814-1815
    Les Bourbons ne sont pas revenus
« dans les fourgons de l’ennemi » ?
    L’un des lieux les plus communs de l’enseignement républicain est qu’après la capitulation de Napoléon, le 6 avril 1814, puis les Cent Jours et l’abdication de Napoléon, le 22 juin 1815, Louis XVIII rentra en France « dans les fourgons de l’ennemi ».
    Il est exact que, la première fois, les Alliés entrèrent dans Paris le 31 mars 1814 et qu’en 1815, fortes de leur victoire à Waterloo, les troupes alliées pénétrèrent une nouvelle fois sur le territoire français : le 30 juin, les Anglais et les Prussiens campaient devant Paris et, le 7 juillet, Blucher défila dans la capitale. C’était la veille du second retour de Louis XVIII à Paris.
    Mais cela ne signifie aucunement que la Restauration ait été faite par la volonté de l’étranger. Pour mémoire, en 1814, c’était le Sénat impérial qui avait rappelé en France le frère de Louis XVI, le comte de Provence, futur Louis XVIII, résidant en Angleterre depuis 1807. La seconde fois aussi, ce roi revint en France en tant que souverain légitime.
    Des historiens aussi éminents que François Furet et plusieurs autres l’ont établi avec toute leur autorité, mais la légende demeure et tourne au mensonge qualifié, dans le seul but de discréditer la royauté au bénéfice de la République, seule expression légitime selon eux de la souveraineté de la nation. Les Bourbons n’auraient été que des séides de l’étranger et des royaumes européens.
    Or, cela est faux.
    Les Autrichiens, pour commencer, ne voulaient absolument pas des Bourbons. Après la campagne de France, Metternich avait, au nom de l’empereur François I er , tenté de convaincre Napoléon d’accepter une régence de Marie-Louise. L’Aiglon résidant à Schönbrunn, sous la coupe impériale autrichienne, Vienne aurait orienté selon ses intérêts la politique de Paris. Le refus absolu de Napoléon avait alors contraint le ministre autrichien à accepter le retour des Bourbons. Il faut préciser que les efforts de Talleyrand au Congrès de Vienne avaient fini par atténuer l’hostilité des délégués à une restauration des Bourbons.
    Pour la même raison que l’Autriche, la crainte de voir la France indépendante redevenir une puissance menaçante en Europe, la Russie ne voulait pas davantage des Bourbons ; le tsar Alexandre leur était hostile et favorisait Bernadotte, alors installé sur le trône de Suède.
    La Prusse, elle n’avait pas de candidat, mais voulait simplement que la France ne retrouvât pas son rang de grande puissance. Et elle n’était pas favorable non plus aux Bourbons : quand le futur Louis XVIII s’était exilé outre-Rhin, le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume III, avait fait arrêter tous les agents de l’émigration et, pis encore, il avait envoyé les pièces compromettantes à Fouché, le chef de la police impériale.
    Seule l’Angleterre, conservatrice, souhaitait prévenir de nouveaux remous en France et maintenir la légitimité du pouvoir ; ce fut pourquoi elle ne s’opposa pas au retour du comte de Provence. Ce qui ne signifie certainement pas qu’elle y fût favorable.
    Les Bourbons ne rentrèrent donc pas « dans les fourgons de l’ennemi » : si cela avait été possible, celui-ci s’y serait même opposé.

1833
    Le mythe de l’Auberge rouge
    Le 2 octobre 1833, Pierre Martin, sa femme Marie Breysse et leur commis Rochette furent guillotinés devant leur auberge de Peyrebeille, aux confins de l’Ardèche et de la Haute-Loire. Une foule considérable pour la région, vingt mille personnes selon certains témoins, assista au supplice. Leur cas fascinait l’opinion de cette région et même du pays tout entier depuis des années. On les soupçonnait de tuer les voyageurs pour les dévaliser

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