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4 000 ans de mystifications historiques

4 000 ans de mystifications historiques

Titel: 4 000 ans de mystifications historiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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hélas inévitables dans les tempêtes de la passion politique. Une censure tacite régnait sur le sujet.
    Il fallut attendre la seconde moitié du XX e siècle pour que le voile fût levé sur l’un des chapitres les plus sinistres de l’histoire de France : le génocide des Vendéens et l’apparition des premiers fours crématoires, monstruosité que l’on avait cru inventée par l’infamie du III e Reich.
    La Vendée apparaissait depuis deux siècles comme l’un des repaires du cléricalisme papiste, hostile aux Lumières de la Révolution, et tout au long du XIX e siècle et durant une bonne partie du XX e , cette opinion fut propagée sous l’autorité d’éminences telles que Michelet – dont il apparaît aujourd’hui qu’il fut bien plus un idéologue qu’un historien au sens moderne de ce mot (n’avait-il pas fait de Jeanne d’Arc l’annonciatrice de la Révolution de 1789 ?).
    Ce qui témoigne en 1789 contre l’Église d’une manière accablante, écrit-il, c’est l’état d’abandon complet ou elle a laissé le peuple. Elle seule, depuis deux mille ans, a eu charge de l’instruire. Voilà comment elle l’a fait. Les curés avaient des vertus, quelques instincts de résistance, point de lumières. Partout où ils dominaient, ils étaient un obstacle à toute culture du peuple et le faisaient rétrograder. Pour ne citer qu’un exemple, le Poitou, civilisé au XVI e siècle, devint barbare sous leur influence ; ils nous préparaient la Vendée.
    Pour Michelet, qui écrit trois quarts de siècle après ces événements et qui a pourtant accès aux archives, la Vendée est, en effet, le dépotoir de l’Ancien Régime. Or, ses assertions sont fausses, et le démenti nous en est fourni par un révolutionnaire bon teint, l’abbé Grégoire, puisque « prêtre jureur ». En 1795, il rapporte ceci à la Convention :
    Il y a neuf à dix ans, chaque commune avait un maître et souvent aussi une maîtresse d’école. Tout cela n’est plus, la persécution a tout détruit. L’ignorance menace d’envahir nos campagnes, nos villes même, avec tous les fléaux qui en sont la suite. On a beaucoup raisonné et même déraisonné sur l’établissement des écoles primaires, et les écoles primaires sont encore à naître.
    *
    La Vendée avait beaucoup attendu des promesses révolutionnaires ; elle n’en reçut que le doublement des impôts. Elle fut d’autant plus déçue que la conscription forcée lui enlevait la fleur de sa jeunesse et sa force de travail. Elle le fit entendre. Elle devint l’ennemie.
    Sous les ordres du général Westermann, des boucheries innommables furent organisées en Vendée à partir de 1793. L’ordre de l’Assemblée était de faire de cette province « le cimetière de la France ». « L’inexplicable Vendée existe encore ! s’écriait en juillet 1793 le révolutionnaire Barrère. Détruisez la Vendée ! »
    Détruire une population pour des raisons ethniques est la définition d’un génocide, mais une notion qui n’existait alors pas ne pouvait retenir les armées révolutionnaires ; elles s’élancèrent à l’assaut de la province maudite avec une sauvagerie exceptionnelle. Un exemple entre d’innombrables autres : au bourg de La Gaubretière, l’officier de police Gannet rapporte à la date du 31 janvier 1794 :
    Anney fait allumer les fours et, lorsqu’ils sont bien chauffés, il y jette femmes et enfants. Nous lui avons fait des représentations ; il nous a répondu que c’était ainsi que la République voulait faire cuire son pain. D’abord on a condamné à ce genre de mort les femmes brigandes et nous n’avons trop rien dit ; mais aujourd’hui les cris de ces misérables ont tant diverti les soldats et Turreau qu’ils ont voulu continuer ces plaisirs. Les femelles des royalistes manquant, ils s’adressent aux épouses des vrais patriotes. Déjà, à notre connaissance, vingt-trois ont subi cet horrible supplice et elles n’étaient coupables que d’adorer la nation. […] Nous avons voulu imposer notre autorité, les soldats nous ont menacés du même sort  (22) .
    Combien y eut-il de ces fours ? On l’ignore ; les exactions des troupes révolutionnaires ne sont pas toutes documentées ; mais enfin, il y en eut plusieurs, le rapport de Gannet dit bien « les fours ». Quelque répugnance qu’on y éprouve, force est d’admettre que les premiers fours crématoires datent du XVIII e siècle et qu’ils furent

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