A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ?
selon l'ordre protocolaire des Nations unies, à savoir l'ordre alphabétique anglais. Le premier pays étant tiré au sort chaque année, l'heureux élu avait été en 1993 le Turkménistan...
Quel que soit le type de dîner, il n'est pire cauchemar que celui de l'immense table d'honneur, étirée en longueur, derrière laquelle les invités de marque (qui peuvent
être jusqu'à quarante) sont assis les uns à côté des autres, sans vis-à-vis, offerts en spectacle au reste de la salle. Pendant que les autres invités s'amusent en général beaucoup autour des tables rondes, ceux de la table d'honneur ne peuvent parler qu'avec leur voisin de droite ou de gauche. Si tout à coup votre serviette tombe à terre, le temps de la ramasser, le voisin de droite avec lequel vous discutiez s'est tourné vers son voisin libre et vous vous retrouvez Gros-Jean comme devant. Le pire est assurément d'être placé en bout de table car l'on ne peut alors discuter qu'avec un seul voisin. Si, qui plus est, celui-ci ne parle ni votre langue, ni l'anglais, ni aucune autre dont vous puissiez comprendre quelques mots, l'épreuve risque d'être fort pénible, surtout si vos yeux ont déjà tendance à se fermer à cause du décalage horaire... C'est le moment de faire appel à la méthode des skippers embarqués seuls à bord de leur voilier, et de se ménager quelques plages de microsommeil entre l'entrée, le poisson, la viande et le dessert !
Dans un coin de la grande salle à manger de l'Elysée, ce soir-là, l'orchestre de la garde républicaine s'apprêtait à jouer un morceau à
l'arrivée de chaque plat. Mais avant le premier nous eûmes droit aux traditionnels « toasts », celui du président Mitterrand, puis celui du président ouzbek, les deux étant traduits phrase à phrase par les interprètes. Les « toasts » sont ces allocutions plus ou moins longues que les hôtes d'honneur font avant de lever leur verre en début ou en fin de repas à la santé des convives ou du monde entier.
Je ne sais de quand date cette habitude de porter les toasts en début de repas et non plus en fin comme c'était le cas il y a quelques années encore. Sans doute est-ce pour éviter de traîner à table, car l'exercice, traductions comprises, peut durer près de trois quarts d'heure !
Le menu, en revanche, ainsi que le programme musical de la soirée n'étaient pas traduits en ouzbek et je me souviens d'avoir tenté, avec l'ancien Premier ministre Edith Cresson, également assise tout près, de traduire en anglais pour mon voisin de gauche, qui ne parlait pas un mot de français, le navarin de langouste au gingembre confit et le canard à l'artichaut et aux champignons !
A l'issue du dîner, se retirant dans un coin de la salle, le président nous avait fait venir auprès de lui avec quelques-uns de ses invités
pour prendre un café ou une tisane. Je me retrouvais au côté de Mme Karimova, belle femme aux pommettes saillantes et roses et aux très beaux yeux bleus pétillant d'une douce et sage intelligence ; en quelques minutes, elle me parla avec émotion de son pays, qui accédait tout doucement à la démocratie.
Le lendemain matin, je l'accompagnai en autobus faire un petit tour de Paris en passant par les principaux monuments de notre capitale... Après cette visite, elle devait assister à la réception de l'Hôtel de Ville, comprise dans le parcours obligé des visites d'Etat. Ici, fanfare, estrade, allocutions, échanges de cadeaux sont à l'ordre du jour.
Le programme officiel se poursuit avec un déjeuner offert par le Premier ministre. Ce repas a souvent lieu au Quai d'Orsay, dans la grande salle à manger du ministère, au rez-de-chaussée, car celle de Matignon est trop étroite. Les visites en France peuvent également comporter une ou deux escapades dans les provinces de France, à la découverte de quelques grandes villes ou régions, choisies pour leurs réussites industrielles, leur caractère historique ou touristique, en fonction des desiderata des invités.
Contrairement à ce que l'on pourrait imaginer, j'ai assisté à très peu de dîners officiels au Quai d'Orsay. En fait, deux en tout et pour tout, l'un en l'honneur de M. et Mme Rabin, l'autre en l'honneur de M. et Mme Arafat, plus un à l'Elysée et un à Matignon... Ce qui ne veut pas dire que seuls deux dîners officiels aient été donnés au Quai d'Orsay... Mais les autres étaient tout simplement « sans épouse ». On les appelle « dîners de
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