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A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ?

A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ?

Titel: A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Isabelle Juppé
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national et beaucoup de goût.
    Curieusement, d'ailleurs, la majorité des résidences que j'ai visitées étaient en travaux, en sortaient juste ou étaient sur le point de l'être, soit parce que, ai-je entendu, les prédécesseurs
avaient laissé la résidence se dégrader au fil des ans, soit parce qu'une visite importante, présidentielle la plupart du temps, était programmée, et que la résidence de l'ambassade se devait d'être à la hauteur du rang du visiteur attendu...
    La venue d'une personnalité du gouvernement, ministre, Premier ministre, a fortiori président de la République, constitue toujours l'un des moments forts de la vie en poste. De la réussite ou de l'échec d'une telle visite peuvent dépendre tant de choses...
    Je me garderai bien aussi de porter un jugement sur le travail des ambassadeurs. J'ai toujours aimé le mot « ambassadeur », phonétiquement élégant, comme celui de « diplomate ». Il fait partie pour moi de ces beaux termes de la langue française, qui gardent, comme les belles femmes, leur part de mystère. J'imagine encore à cause de la recherche de multiples contacts, de la rédaction des télégrammes et du travail d'enquête sur le pays, que derrière tout ambassadeur se cache un journaliste. Bref, a priori, j'ai un faible pour ce métier. C'est donc plus pour la beauté de la phrase que pour son acidité que je cite ici le jugement de François Mauriac, préfaçant le livre de Jacques Dumaine : « ... Comme il n'y
a plus d'Etat, un diplomate brille encore du reflet qui lui vient d'une lumière qui n'existe plus et qu'il demeure seul à incarner. »
    Pour ma part, je crois modestement que la multiplication des moyens de communication rend plus complexe la mission des ambassadeurs. Quand Alain a quelque chose à dire à son homologue américain Warren Christopher, il lui donne un coup de fil de son bureau, sans passer par l'ambassadeur de France. Quand de graves crises internationales éclatent, là encore, le téléphone et le contact direct entre ministres priment sur toute autre forme d'action diplomatique. Mais rien ne serait possible sans les ambassadeurs immergés dans la vie quotidienne, la vie politique et « l'opinion » des pays étrangers. Ce sont eux qui assurent la continuité de la politique française sur place et établissent les réseaux de contacts indispensables à la connaissance d'un pays.
    Je me livrerai encore moins à un classement des ambassadrices... Quand elles existent, certains ambassadeurs étant célibataires. Soit célibataire par vocation, soit « célibataire géographique », poétique appellation pour les hommes mariés mais partis seuls en poste pour des raisons diverses. Chez nous, en
France, contrairement aux autres pays qui ne connaissent que la dénomination « épouse de », le terme « ambassadrice » désigne bel et bien l'épouse de l'ambassadeur, les rares femmes elles-mêmes ambassadeurs se faisant appeler « Madame l'Ambassadeur ».
    Les ambassadrices que j'ai croisées aux quatre coins du monde avaient souvent une très forte personnalité, loin du stéréotype de la mondaine désoeuvrée, à voix haute et vues étroites. Personnalités presque toujours raffinées et souvent originales, ces femmes nomades ne passent pas inaperçues. Elles connaissent en général bien le pays dans lequel leur mari est en poste. Elles en apprennent comme lui la langue. Elles se glissent bien dans la vie quotidienne, à cause de leurs enfants, des occupations ménagères et des multiples actions bénévoles qu'elles engagent dès leur arrivée. Surtout, elles entretiennent leurs propres réseaux de connaissances, principalement féminins, culturels ou caritatifs, et souvent moins « langue de bois » que les milieux masculins et diplomatiques.
    Bref, quoique condamnées pour la plupart, en raison d'une série de clauses de réciprocité dans beaucoup de pays, à ne pas exercer d'activité professionnelle à l'étranger, elles
travaillent en fait énormément... pour leur mari, ou leur pays. Pas seulement les ambassadrices, d'ailleurs, car toutes les épouses des hommes de la mission diplomatique (Premier conseiller ou chargé d'affaires, attaché militaire ou conseiller commercial, conseiller culturel ou financier, secrétaire ou chiffreur...) sont concernées. Sans aucun statut officiel, ni, cela va de soi, une quelconque rémunération. Je sais qu'on ne fera pas pleurer dans les chaumières sur le sort des épouses de diplomates et qu'il

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