A bicyclette... Et si vous épousiez un ministre ?
l'arrivée du cortège dans la cour
du palais, les troupes rendent les honneurs, les tambours et les clairons battent et sonnent « aux champs ».
A sa descente de voiture, l'ambassadeur est salué par l'officier de service et le commandant militaire du palais. Il est reçu par le chef du protocole, qui porte aussi le titre d'« introducteur des ambassadeurs », et présente le « petit nouveau » au président de la République.
Aux côtés du chef de l'Etat, le ministre des Affaires étrangères, le secrétaire général de l'Elysée et le conseiller diplomatique du président assistent à la cérémonie.
Absents de cette réception, les épouses et les autres membres de la mission diplomatique se rendent volontiers à la soirée annuelle du Quai, certains habillés en costume national, Africains, Indiens ou Japonais. J'ai noté cette année, que la Norvège avait fait un effort particulier.
Plus de neuf cents personnes avaient répondu à l'invitation de ce 9 décembre. C'était la première fois que je voyais tant de monde dans l'hôtel du ministre et, grâce à l'amical concours de la maison Hermès, le cadre, déjà naturellement impressionnant, était grandiose. Les invités, qui arrivaient par
l'escalier, découvraient un drapeau bleu blanc rouge, réalisé avec une centaine des célèbres « carrés » qu'Hermès avait installés entre les rampes. Dans l'antichambre des huissiers, un petit macaron indiquant son pays d'origine était remis à chacun avant qu'il n'accède au salon du Congrès, où il saluait ses hôtes. A savoir, le secrétaire général du quai d'Orsay et son épouse, une personne de l'association et moi-même. Alain nous avait fait faux bond au dernier moment pour cause de Gatt à Bruxelles. A ce stade précis, les présentations-salutations, j'ai commis deux erreurs majeures de débutante que je me suis juré de ne plus jamais répéter. La première : mettre des chaussures à hauts talons fins. Lorsqu'on est obligé de rester debout, immobile pendant une heure d'horloge, c'est insupportable pour le dos.
La deuxième : garder des bagues à la main droite : l'une au majeur et l'autre à l'annulaire, ce qui transforme toute poignée de main un tant soit peu vigoureuse en véritable torture. Les premiers invités sont arrivés à 18 h 55 et, à 19 h 55, nous avions déjà serré plus de sept cents mains !
Dans le salon des Ambassadeurs, des lettres de femmes célèbres étaient exposées dans la vitrine des traités.
Enfin, la réception elle-même se tenait à la fois dans le salon de l'Horloge, la salle à manger et la galerie de la Paix.
Hermès avait exposé quelques-uns des plus beaux objets de son musée et surtout accroché, entre les fenêtres, ses carrés illustrant les différentes régions du monde.
Au-dessous, les buffets étaient en harmonie avec les continents...
PLUS D'OS QUE DE CHAIR...
Certes, l'habit ne fait pas le moine. Mais le « grunge » ne fait pas non plus la femme de ministre. Peut-on arriver en jean et baskets au Quai d'Orsay ? Peut-on débarquer en visite officielle à l'étranger en blouson de cuir et bottes de cow-boy ? En théorie, oui. Aucun article de la Constitution, aucun principe général du droit, aucun règlement, aucun décret, aucun arrêté ministériel ne l'interdit. Si l'on excepte les cartons d'invitation qui précisent souvent (toujours pour les militaires à qui l'on indique même le numéro d'uniforme nécessaire) la tenue souhaitée pour tel ou tel type de réception (robe de cocktail, tenue de ville, cravate noire, robe longue), aucun document n'enferme l'habillement de l'épouse d'un ministre dans un carcan d'obligation. Voilà la théorie. En pratique, il en va bien sûr autrement. Ce qui semble aller de soi pour
n'importe quelle épouse de ministre est particulièrement vrai pour celle du ministre des Affaires étrangères qui, ai-je entendu mille et une fois, lorsqu'elle accompagne son époux « représente aussi la France ».
A vrai dire, il n'y a rien là d'extraordinaire. Tout métier qui nécessite des contacts avec les autres implique une tenue vestimentaire appropriée. C'est donc plus à une adaptation qu'à un changement radical de ma garde-robe que je me suis progressivement livrée. Sous l'œil vigilant et amusé d'Alain qui, sans suivre l'évolution de mes tenues avec autant d'attention que celle du dossier du Gatt, me fit souvent part de ses observations avec la même fermeté souriante qu'à Bruxelles !
Au début,
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