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A l'écoute du temps

A l'écoute du temps

Titel: A l'écoute du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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ajouta-t-elle.
     
     
     
    — Je le sais pas,
mentit la jeune fille. Mais il m'a demandé si j'accepterais d'aller souper chez
ses parents le soir du jour de l'An.
     
    — Qu'est-ce que
tu lui as répondu?
     
    — Que j'en
parlerais à mon père.
     
    — Qui va être à
ce souper-là?
     
    — Serge m'a dit
que toute sa parenté allait être là et qu'il y aurait de la danse après le
repas.
     
    — Qu'est-ce que
t'en penses, Gérard? demanda Laurette.
     
    Le père de
famille prit un court instant avant de dire:
     
    — Où est-ce
qu'ils restent déjà ses parents?
     
    — A
Tétreaultville, sur la rue Lebrun.
     
    304 I,E TEMPS DES
FÊTES
     
    — Il viendrait te
chercher dans l'après-midi et il te ramènerait à la fin de la soirée?
     
    — Oui, p'pa.
C'est ce qu'il m'a dit.
     
    — Il va te
ramener à une heure raisonnable? insista sa mère.
     
    — Il a promis de
me ramener pour onze heures et demie, m'man.
     
    — C'est correct,
décréta son père. Ta mère et moi, on te fait confiance.
     
    Le premier
janvier 1953, les Morin allèrent assister à la messe sous un soleil radieux. Il
faisait froid, mais la neige tombée moins d'une semaine plus tôt n'était plus
qu'un souvenir. Durant quelques jours, les chasse-neige avaient travaillé sans
relâche. On avait assisté à un ballet incessant des camions de la voirie
municipale chargés de neige sur les grandes artères, là où on ne se contentait
pas de la repousser sur les côtés de la chaussée. On n'était pas encore parvenu
à déblayer tous les trottoirs du quartier, mais ceux des rues principales
avaient été nettoyés.
     
    Tous les membres
de la famille Morin eurent beaucoup de mal à se lever ce matin-là parce que la
veille, ils n'avaient quitté l'appartement de Bernard Brûlé que bien après
minuit. Marie-Ange et Bernard avaient tenu à les recevoir à souper avec toute
la famille d'Armand. Il n'avait pas été question de quitter les lieux avant les
douze coups de minuit de manière à pouvoir se souhaiter une bonne année et le
paradis à la fin de ses jours.
     
    Chez les Brûlé,
on n'avait aucun talent pour chanter et pour danser. Les soirées tournaient
invariablement en parties de cartes durant lesquelles on se taquinait et on
s'injuriait abondamment. Évidemment, on s'informa de la 305 Dodge d'Armand pour
le plaisir de l'entendre chanter les louanges de son véhicule.
     
    — Une vraie
merveille! avait déclaré avec aplomb l'employé de chez Molson.
     
    — Une merveille
qui part pas, par exemple, lui avait fait remarquer Gérard en arborant un air
narquois.
     
    — Comment ça,
elle part pas? lui demanda son beau-frère.
     
    Tu sauras que ma
Dodge part tout le temps.
     
    — Comment ça se
fait qu'elle a passé la nuit devant chez nous, à Noël? le nargua le mari de
Laurette en adressant un clin d'oeil aux autres.
     
     
     
    — Calvince! C'est
parce qu'on gelait ben dur ce jour-là.
     
    On voit ben que
t'as pas de char, toi. Tu sauras que la mécanique, c'est sensible en maudit. Il
faut ben prendre soin de ça. Il faut s'occuper de ça presque comme de sa propre
femme si on veut que ce soit de service.
     
    Cette dernière
remarque avait soulevé un rire général.
     
    Après s'être un
peu moqué de l'attachement exagéré d'Armand pour sa vieille voiture, on avait
discuté des nombreux incendies qui avaient ravagé les vieilles maisons surchauffées
depuis une dizaine de jours à Montréal. Puis Pauline avait parlé de son
intention de faire partie de la foule qui allait se rendre à la gare pour
accueillir le retour triomphal du cardinal Léger dans la métropole.
     
    Durant le repas,
Gérard avait évoqué la tradition de la bénédiction paternelle au jour de l'An,
tradition à laquelle son père était demeuré attaché toute sa vie. Les convives
avaient senti ce que ce rappel avait de nostalgique.
     
    — Mon père a
jamais fait ça, avait dit Marie-Ange.
     
    — Mon père non
plus, avait ajouté sa belle-soeur Pauline.
     
    — Chez nous, ce
serait jamais venu à l'idée du père de faire une affaire comme ça, avait fait
remarquer Armand en regardant son frère et sa soeur.
     
    306 LE TEMPS DES
FÊTES
     
    — C'est ce que
j'ai toujours dit à Gérard quand il m'en parlait, avait expliqué Laurette en
s'allumant une cigarette. C'est une vieillerie, cette affaire-là. Il y a plus
personne qui fait ça aujourd'hui. C'est juste bon pour le monde qui vient de la
campagne, d'après moi.
     
     
     
    —

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