A l'écoute du temps
ça, mais il y a rien qui m'oblige à les endurer. Il va faire
chaud en maudit avant que je leur offre même un verre d'eau quand ils vont
venir chez nous.
Le tramway arriva
enfin et ils purent y trouver facilement des places en cette fin d'après-midi
du jour de l'An.
Ce soir-là,
Laurette fit réchauffer les restes de dinde et le dernier pâté à la viande. Ce
fut suffisant pour satisfaire la famille privée de Denise et de Jean-Louis,
l'une invitée dans la famille de son Serge et l'autre invité à manger chez le
comptable qui l'aidait à se préparer à postuler au poste qui allait bientôt se
libérer chez Dupuis frères.
Après le repas,
Laurette joua au parchési avec ses enfants pendant que Gérard écoutait avec
plaisir les chansons folkloriques diffusées par Radio-Canada. Permission
exceptionnelle, Richard, Gilles et Carole purent veiller jusqu'à onze heures.
Au moment où ils souhaitaient une bonne nuit à leurs parents, la porte d'entrée
s'ouvrit sur une Denise, apparemment fatiguée.
— Ton ami t'a pas
ramenée tard, lui fit remarquer sa mère,
— Un oncle de
Serge s'en retournait et il nous a embarqués. On n'a pas eu à prendre
l'autobus, expliqua la jeune fille en entrant dans la cuisine où ses parents
étaient encore assis.
Elle retira ses
souliers à talons hauts qui, de toute évidence, la faisaient souffrir.
312 LE TEMPS DES
FÊTES
— Puis, comment
c'était? demanda Laurette. Viens nous raconter ta soirée, ajouta-t-elle,
curieuse.
— Je suis pas mal
fatiguée, m'man, dit la jeune fille.
— Viens
t'asseoir, insista sa mère. De toute façon, tu travailles pas demain. Tu
dormiras tard, si tu veux.
Un peu malgré
elle, Denise dut s'asseoir et raconter sa sortie.
— Quelle sorte de
monde sont les Dubuc? demanda la mère de famille, curieuse.
— Ça a l'air du
bon monde, m'man. Le père de Serge est pas mal fin. Sa mère est un peu gênante,
mais elle avait une belle façon.
— De quoi a l'air
leur maison? intervint son père qui n'avait pas encore ouvert la bouche depuis
son arrivée.
— C'est pas une
maison riche, p'pa. Elle est toute petite. Mais on voit qu'elle est neuve.
— Puis, qu'est-ce
que vous avez fait? demanda Laurette.
Denise décrivit
en détail le menu du repas et elle raconta comment le salon avait été vidé pour
permettre aux invités de danser durant l'après-midi et la soirée. Il y avait eu
des chansons et des histoires. Bref, les invités avaient eu l'air de bien
s'amuser.
—: Comme ça, t'as
eu ben dufun? conclut son père.
— Oui, mais j'ai
trouvé ça pas mal gênant quand je suis arrivée. Tout le monde avait apporté un
cadeau à la mère de Serge. Moi, j'avais rien.
— T'avais pas à te
sentir gênée, tenta de la rassurer sa mère. Chaque famille a ses habitudes.
Nous autres, quand on invite quelqu'un à manger, on lui fait pas payer son
repas en le forçant à apporter un cadeau.
Denise se leva
après avoir souhaité une bonne nuit à ses parents et fit quelques pas en
direction de sa chambre.
3J3 Soudain, elle
s'immobilisa, la main sur la poignée de la porte.
— Ah! Je voulais
vous demander, dit-elle d'une voix peu assurée. Serge m'a dit à soir qu'il
aimerait ça me fréquenter et il voudrait savoir s'il pourrait venir veiller le
samedi soir.
Laurette et
Gérard se jetèrent un regard de connivence, Ils en avaient parlé en quelques
occasions depuis que le jeune caissier de la banque d'Épargne avait invité leur
fille à l'accompagner au cinéma l'avant-veille de Noël.
— Lui as-tu
expliqué qu'on n'a pas de salon où vous pourriez veiller? lui demanda son père.
— Oui, je lui ai
dit. Mais il m'a répondu que ça le dérangeait pas et qu'on pourrait aller aux
vues de temps en temps. Qu'est-ce que vous en pensez?
— C'est correct,
accepta Gérard. Ta mère et moi, on n'a rien contre. Mais tu vas lui dire qu'il
devra partir à onze heures. Il faut qu'on se lève le lendemain pour aller à la
messe.
Denise remercia
ses parents et pénétra dans sa chambre.
Le surlendemain,
la routine reprit ses droits. Sous un ciel gris, Gérard, Jean-Louis, Denise et
Richard retournèrent travailler. Cet avant-midi là, Laurette décida qu'elle
avait assez vu le sapin de Noël dans un coin de sa cuisine et elle chargea
Gilles et Carole de l'en débarrasser après avoir enlevé les décorations.
— Mais m'man,
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