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A l'écoute du temps

A l'écoute du temps

Titel: A l'écoute du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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qu'il n'y
avait plus de service au numéro demandé. Gérard remercia et raccrocha.
     
    — Qu'est-ce qu'il
y a? demanda Laurette, intriguée.
     
     
     
    — Il y a que j'ai
pas leur nouveau numéro de téléphone.
     
    Ça fait que je
peux pas les rejoindre.
     
    — Ah ben!
Celle-là est bonne! s'exclama sa femme, à mi-voix. Nous voilà poignes à attendre
que ta soeur et son mari décident quand ça va leur tenter de venir la chercher,
à cette heure.
     
    — Qu'est-ce que
tu veux qu'on y fasse?
     
    — Bout de viarge!
J'en reviens pas. On l'a sur les bras depuis deux semaines. On lui charge pas
une maudite cenne de pension pendant que ta soeur, la riche, elle, doit lui
prendre une partie de sa pension de vieillesse pour la nourrir. En plus, on
doit attendre après eux autres! Nous autres, les quêteux du bas de la ville, on
peut se permettre de faire la charité.
     
    386 UN PEU PLUS
LONGTEMPS
     
    — Comme
d'habitude, tu t'énerves pour rien, Laurette Brûlé, fît Gérard en lui faisant
signe de baisser le ton. Ils vont venir la chercher dans la journée,
inquiète-toi pas.
     
    — En tout cas, si
elle est pas partie demain après-midi, t'auras juste à aller la reconduire chez
ta soeur en petits chars. Si le chum de Denise la voit encore ici dedans demain
soir, il va finir par croire qu'elle va rester avec nous autres tout le temps.
     
    — Serge viendra
pas demain soir, m'man, intervint Denise. Il va aider un de ses cousins qui
reste à Saint- Donat toute la fin de semaine.
     
    Ce soir-là,
Laurette se coucha en broyant du noir. Elle avait tellement espéré être
débarrassée de sa belle-mère dès le début de l'avant-midi, le lendemain, qu'elle
avait du mal à accepter la possibilité que Colombe et Rosaire ne viennent la
chercher qu'à la fin de la journée. Elle n'était tout de même pas pour renoncer
à sa sortie hebdomadaire un troisième samedi de suite.
     
    — Il y a tout de
même des limites d'ambitionner sur le monde, bonyeu! murmura-t-elle avant de
s'endormir.
     
    Demain matin,
qu'elle soit là ou pas, je sors. Moi, j'en peux plus.
     
    Le lendemain
matin, forte de sa décision de s'offrir sa journée de congé hebdomadaire dont
elle s'était volontairement privée depuis l'arrivée de Lucille Morin chez elle,
Laurette se leva en affichant une bonne humeur matinale assez rare pour être
remarquée par les siens.
     
    Richard en
profita pour demander une permission pratiquement jamais accordée.
     
    — M'man, vous
avez fait de la graisse de rôti hier. est-ce qu'on peut en manger en se faisant
des toasts sur la fournaise? Toutes les têtes se tournèrent vers la mère de
famille.
     
    Elle détestait
l'odeur du pain que l'on écrasait avec un 387 vieux fer à repasser sur la
fournaise pour l'aplatir et le faire griller. De plus, elle trouvait que cela
salissait inutilement le dessus de la fournaise.
     
    — C'est correct,
accepta-t-elle à contrecoeur, mais organisez-vous pas pour manger deux pains en
toasts et laissez de la graisse de rôti pour en manger à midi avec la viande.
Vous m'entendez?
     
    — Oui, m'man,
s'empressa de répondre Richard pour ses frères et soeurs.
     
    — Il me semble
que c'est pas bien hygiénique de faire des toasts là-dessus, fît remarquer la
grand-mère qui venait de prendre place à table.
     
    — Ils aiment tous
ça, madame Morin, et il y en a pas encore un qui en est mort, répondit sa bru,
heureuse de la contrarier.
     
    L'odeur
appétissante des premières rôties emplit la maison et incita Gérard à se lever
plus tôt en ce samedi matin pour participer à ce festin.
     
    — On pourrait pas
avoir une tranche de rôti pour manger avec nos toasts? osa-t-il demander à sa
femme.
     
    — Vous pouvez
toujours vous en prendre, répondit sa femme, mais vous aurez rien à manger à midi.
Moi, je serai pas là.
     
    — Où est-ce que
vous allez être? demanda sa belle-mère, en feignant la surprise.
     
    — Vous oubliez
que c'est samedi aujourd'hui, madame Morin. Vous le savez que, d'habitude, je
vais magasiner.
     
    — Je pensais que
vous aviez arrêté de faire ça, laissa tomber Lucille avec une nuance de blâme
dans la voix.
     
    Depuis que je
suis ici, vous êtes pas sortie.
     
    — En plein ça,
rétorqua Laurette. Et là, je suis l'année d'être enfermée dans la maison à
jouer à la servante.
     
    — Vous abandonnez
comme ça votre famille? fit la vieille dame sur un ton réprobateur.
     
    388 UN PEU PLUS
LONGTEMPS
     
    — Ben

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