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A l'écoute du temps

A l'écoute du temps

Titel: A l'écoute du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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aimerait
que vous veniez souper dimanche prochain.
     
    — Ben, je sais
pas trop, hésita sa belle-soeur.
     
    — Voyons!
Fais-toi pas prier. Ça te donnera l'occasion de voir notre nouvelle maison.
     
    — Il va falloir
que j'en parle à Gérard, prétexta mollement Laurette.
     
    — Je te connais.
Je suis sûr que Gérard va faire ce que tu vas décider. C'est entendu. On va
vous attendre. Mieux que ça, je vais passer vous prendre vers trois heures.
     
    Comme ça, vous
aurez pas à geler sur le coin de la rue pour venir chez nous. OK?
     
    — C'est correct,
accepta finalement Laurette.
     
    Lucille apparut à
ce moment-là dans la cuisine, déjà vêtue de son manteau et coiffée de son
chapeau.
     
    404 UN PEU PLUS
LONGTEMPS
     
    — Vous êtes pas
si pressée que ça de partir, madame Morin, lui fît remarquer sa bru. Vous avez
ben le temps de boire une tasse de café.
     
    — Merci,
Laurette, mais ce sera pour une autre fois.
     
    Comme je connais
Rosaire, il doit avoir hâte de retourner au garage.
     
    Son gendre ne le
nia pas et se leva pour indiquer aux deux femmes qu'il était prêt à partir.
     
    — Ah! j'ai
quelque chose pour vous, ajouta là vieille dame.
     
    Lucille Morin
ouvrit son sac à main et en tira une petite enveloppe blanche qu'elle lui
tendit. Pendant ce temps, Rosaire s'était esquivé discrètement dans le couloir pour
chausser ses caoutchoucs.
     
    — Qu'est-ce que
c'est? demanda Laurette en relevant le rabat pour voir le contenu de
l'enveloppe.
     
    — C'est rien. Un
petit cadeau pour m'avoir hébergée, répondit sa belle-mère à mi-voix.
     
    Pendant un court
instant, Laurette contempla les trois billets de dix dollars que sa belle-mère
avait glissés dans l'enveloppe. Elle la referma et la lui tendit.
     
    — Vous êtes ben
fine, madame Morin, mais il est pas question que je prenne ça. Gérard aussi le
voudra jamais.
     
    On n'est peut-être
pas riches, mais on n'est pas pauvres au point d'accepter de l'argent pour
recevoir de la parenté.
     
    — Voyons, c'était
de bon coeur, insista Lucille en lui tendant toujours l'enveloppe.
     
    — Je le sais,
mais c'est pas nécessaire. Gardez votre argent, belle-mère.
     
    — Si c'est comme
ça, je vous remercie encore, Laurette.
     
    Vous avez été
bien gentille de vous tasser pour me faire une petite place chez vous.
     
    Sur ces mots,
Lucille Morin remit l'enveloppe dans son sac et se dirigea vers la sortie,
suivie de près par Laurette, 405 comme si cette dernière avait craint que sa
belle-mère change d'idée et ne fasse demi-tour pour demeurer chez elle quelques
jours de plus. Rosaire ouvrit la porte pour laisser sortir la mère de sa femme
avant d'empoigner la valise qu'elle avait laissée dans le couloir.
     
    — Oublie pas que
je vais venir vous chercher vers trois heures dimanche, dit-il à Laurette en
quittant la maison.
     
    — Aie pas peur,
j'oublierai pas, dit-elle en refermant la porte derrière lui.
     
    Laurette souleva
un coin du rideau qui masquait la vitre de la porte d'entrée et regarda Rosaire
Nadeau déposer la valise dans le coffre de sa voiture avant de déverrouiller la
portière du côté passager à sa belle-mère. Elle vit le conducteur prendre place
derrière le volant et mettre en marche le lourd véhicule qui disparut un
instant plus tard sur la rue Archambault enneigée.
     
    — Ouf! Bon
débarras, dit-elle à haute voix en se frottant les mains de contentement.
     
    Elle occupa le
reste de l'après-midi à déménager les effets de Jean-Louis dans sa chambre
redevenue libre et elle fit en sorte que chacun puisse réintégrer sa chambré le
soir même. Quand Richard et Gilles revinrent de l'école, elle leur ordonna de
rapporter le lit pliant dans le hangar.
     
    — Grand-mère est
partie? demanda Gilles. On lui a même pas dit bonjour.
     
    — Ça va faire, le
têteux, fit Richard en lui administrant une bourrade. Viens m'aider à déménager
le lit. Moi, en tout cas, je suis content de plus coucher dans le corridor.
     
    J'étais écoeuré de
me faire réveiller par tout le monde.
     
    Sa grand-mère
était retournée vivre chez son oncle Rosaire et il était le dernier qui s'en
plaindrait. Il n'était pas près de lui pardonner d'avoir souligné haut et fort
qu'il devrait faire arranger ses oreilles décollées.
     
    406 UN PEU PLUS
LONGTEMPS A l'heure du souper, l'appartement des Morin avait repris son
apparence normale, pour le plus grand plaisir de la maîtresse de maison. À

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