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A l'écoute du temps

A l'écoute du temps

Titel: A l'écoute du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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moi
en revenant de l'école.
     
    — Tu m'as pas dit
que tu lui as fait un cadeau à Noël.
     
    — Oui. Un beau, à
part ça. Je me demande si elle rit pas de moi. Je pense que je vais arrêter de
l'attendre devant l'église.
     
    — Tu fais ben. Il
y a d'autres filles après tout.
     
    — Aie! Vous deux!
Ça va faire les messes basses, leur ordonna leur mère, assise dans la cuisine.
Le hockey est 396 UN PEU PLUS LONGTEMPS recommencé et il vous reste juste une
heure avant de vous coucher.
     
    Les deux frères
sortirent de la chambre, portant chacun une extrémité du lit pliant qu'ils déposèrent
dans le couloir, non loin de la fournaise.
     
    Le lundi matin,
Denise fut la première à prendre place sur le siège en moleskine rouge du
restaurant Rialto, coin Frontenac et Sainte-Catherine. Après avoir commandé une
tasse de café, elle se mit à guetter par la vitrine l'arrivée de son amoureux.
Elle avait mal dormi les deux dernières nuits et depuis son lever, ce matin-là,
la jeune fille s'exhortait au calme. Elle ne voulait surtout pas que Serge la
croie jalouse. Cependant, elle désirait en avoir le coeur net. S'il avait
commencé à fréquenter une autre fille qu'elle, il fallait qu'elle le sache.
Elle n'accepterait pas qu'il se moque d'elle.
     
    Un tramway
s'arrêta et elle vit son amoureux en descendre à la suite d'autres usagers. A
sa vue, son coeur cessa de battre un instant. Il était tellement beau. Elle
l'aimait et ne voulait pas le perdre. Le jeune caissier se dirigea sans se
presser vers le trottoir, la tête baissée pour lutter contre le vent de ce
matin de février qui cherchait à lui enlever son chapeau. Quand il passa devant
la vitrine, elle frappa doucement contre la vitre pour attirer son attention.
Il lui adressa un sourire chaleureux en lui faisant un signe de la main.
     
    Serge entra dans
le restaurant et vint s'asseoir à ses côtés après avoir enlevé son paletot. La
serveuse déposa une tasse de café devant lui avant même qu'il la commande.
     
    Elle était
habituée à les servir tous les matins.
     
    Sitôt assis,
Serge s'empara de la main de Denise. Il avait l'air heureux de la revoir après
deux jours d'absence.
     
    397
     
    — J'ai eu envie
de te téléphoner hier soir quand je suis revenu de chez mon cousin, lui dit-il
à voix basse.
     
    — Pourquoi tu
l'as pas fait?
     
    — Parce que je me
suis rappelé que votre téléphone est dans la cuisine et que tout le monde
t'écouterait si je t'appelais. En plus, il était dix heures et demie. Tu devais
déjà dormir.
     
    — T'as travaillé
toute la fin de semaine? demanda Denise d'une voix qu'elle désirait neutre. Tu
dois être fatigué pour commencer ta semaine à la banque.
     
    — On n'a pas
arrêté souvent, mais on a presque fini, expliqua Serge. Des armoires, c'est
long à faire.
     
    — Tu m'avais pas
dit que t'étais bon en menuiserie, lui fit remarquer son amie d'une voix
légèrement soupçonneuse.
     
    — C'est surtout
mon père qui est bon là-dedans. Moi, je lui sers d'apprenti, mais ça me dérangé
pas parce que j'ai toujours aimé travailler le bois. Mon cousin nous a engagés
parce qu'on lui coûte pas mal moins cher que de vrais menuisiers.
     
    — Quand est-ce
que tu penses avoir fini?
     
    — La fin de
semaine prochaine.
     
    — Dis-moi pas
qu'on se verra pas encore samedi prochain? demanda Denise, maintenant presque
assurée que cette histoire d'aide à un cousin était inventée de toutes pièces.
     
    — Tu peux être
certaine que je vais faire mon possible pour finir dans l'après-midi pour être
capable de venir veiller avec toi samedi soir.
     
    — Il faudrait pas
que tu te sentes obligé de venir chez nous, dit Denise, la voix légèrement
altérée.
     
    — Voyons donc,
Denise, protesta son ami. Tu sais bien que j'aime ça aller veiller avec toi.
Qu'est-ce que tu dirais si on allait aux vues samedi prochain si je reviens à
temps 398 UN PEU PLUS LONGTEMPS du Nord? On pourrait aller voir un nouveau film
de Jean Marais qui passe au Saint-Denis.
     
    — OK, accepta la
jeune vendeuse, un peu rassurée.
     
    Les jeunes gens
continuèrent à parler durant quelques minutes encore avant de se lever pour
aller travailler.
     
    Serge lâcha la
main de son amie devant la devanture rouge du Woolworth et traversa la rue en
diagonale pour entrer dans la succursale de la banque d'Épargne. Avant de
frapper à la porte du magasin, Denise regarda son ami marcher sur le trottoir,
encore

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