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A l'écoute du temps

A l'écoute du temps

Titel: A l'écoute du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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huit heures. Calme-toi donc les nerfs. Vous
autres, les garçons, ajouta-t-elle en se tournant vers ses deux plus jeunes
fils, allez vous donner un coup de peigne et débarbouillez-vous le visage. Vous
avez pas l'air propre.
     
    — On peut pas
entrer dans la salle de bain; le grand est encore là à se regarder dans le
miroir, dit Gilles, impatient.
     
    — S'il continue
comme ça, il va finir par se donner mal au coeur à force de se regarder la
face, renchérit Richard.
     
    Au même moment,
Jean-Louis sortit des toilettes, soigneusement coiffé et la cravate
impeccablement nouée.
     
    Il prit son
veston déposé sur le dossier d'une chaise et il l'endossa avant de s'emparer du
sac dans lequel sa mère avait déposé son repas du midi.
     
    — Oubliez pas vos
bulletins avant de partir, rappela Laurette.
     
    Moins de cinq
minutes plus tard, il ne resta plus dans la maison que Laurette et Denise qui,
les yeux encore gonflés de sommeil, venait de s'asseoir au bout de la table.
     
    — Ils sont ben
énervés à matin, se plaignit la jeune fille. Il me semble que ça fait des
heures que je les entends crier. Pas moyen de dormir.
     
    — Tu sais ben
qu'ils sont toujours comme ça le premier matin d'école, se sentit obligée de
lui expliquer sa mère.
     
    T'étais comme ça
quand t'allais à l'école, toi aussi.
     
    — Je me souviens
pas de ça, reconnut la jeune fille en plaçant deux tranches de pain dans le
grille-pain placé sur la table.
     
    ri3 Laurette ne
dit rien, profondément heureuse à l'idée de se retrouver enfin seule, quelques
minutes plus tard, dans son appartement. Enfin la paix! Ses vraies vacances
commençaient ce matin-là. Elle avait fini de voir ses enfants entrer et sortir
de la maison à tout moment. Plus de crises à régler. Plus d'inquiétude à se
faire. Elle saurait où ses enfants se trouvaient. Ils allaient être à l'école.
     
    La sainte paix! A
compter de ce matin, sa vie allait être réglée par l'heure des repas à préparer
et des leçons à faire apprendre.
     
    Quelques minutes
plus tôt, Mireille Bélanger était venue chercher Carole pour faire route avec
elle vers l'école Sainte-Catherine située à côté du couvent des dames de la
Congrégation Notre-Dame. Les deux écolières longèrent la rue Archambault
jusqu'à la ruelle Grant qui débouchait sur la rue Dufresne, à quelques pas de
l'entrée de la cour de l'école.
     
    Ce matin-là, les
deux adolescentes découvrirent l'institution inchangée depuis le mois de juin
précédent. Les élèves, vêtues de leur costume bleu au collet rond et blanc,
pénétraient par petits groupes dans la cour par l'entrée située rue Dufresne.
Les deux amies repérèrent des camarades qu'elles s'empressèrent d'aller
rejoindre en poussant des cris de joie. Elles n'avaient pas revu la plupart
d'entre elles depuis la fin des classes.
     
    Le visage
imperturbable, les religieuses de la congrégation Notre-Dame patrouillaient la
cour, deux par deux, les mains enfouies dans les vastes manches de leur robe
noire. Leur haute cornette d'une blancheur étincelante les grandissait.
     
    A huit heures
trente, une vieille religieuse sonna la cloche. Le silence tomba immédiatement
sur la cour. La 114 LA RENTRÉE DES CLASSES directrice, une grande religieuse à
l'air sévère, apparut sur la première marche de l'escalier. Elle attendit que les
surveillantes aient fait avancer vers elle les quelques centaines d'élèves qui
allaient fréquenter son institution cette année-là pour leur souhaiter la
bienvenue. Malgré le bruit de la circulation intense de la rue
Sainte-Catherine, mère Sainte-Marie avait une voix assez puissante pour se
faire clairement entendre par toutes les écolières rassemblées devant elle.
     
    — Vos vacances
sont maintenant terminées, conclu-t-elle.
     
    Je compte sur
vous pour vous conduire en vraies demoiselles et faire honneur à votre école.
     
    Ensuite, tout se
déroula très rapidement. Chaque enseignante nomma les filles qui allaient
appartenir à sa classe et les invita à se regrouper devant elle avant de les
entraîner à sa suite à l'intérieur du vieil immeuble en pierre grise. On avait
commencé par les aînées de l'école, les écolières de septième année.
     
    Debout l'une à
côté de l'autre, Carole et son amie croisaient leurs doigts, elles priaient de
toutes leurs forces d'avoir la chance de se retrouver dans la même classe de
cinquième.
     
    La petite soeur
Saint-Jude ajusta sur

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