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A l'écoute du temps

A l'écoute du temps

Titel: A l'écoute du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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et le fit pivoter.
Surpris par la soudaineté de l'attaque, l'adolescent demeura d'abord sans
réaction.
     
    — Qu'est-ce que
tu viens de dire du gars qui avait un coat brun? lui demanda Richard sur un ton
menaçant, un poing serré.
     
    — Qu'est-ce que
tu me veux, Les Oreilles? fit l'autre en reprenant son aplomb et en le
repoussant durement.
     
    J'ai dit qu'il
avait l'air d'une maudite tapette.
     
    — C'est de mon
frère que tu parles, mon écoeurant! rugit Richard en se jetant sur lui les poings
en avant.
     
    Quand les
camarades de l'assailli voulurent intervenir, ils trouvèrent sur leur chemin
les deux amis de Richard prêts à en découdre. Ce fut une belle mêlée où de
nombreux coups furent échangés de part et d'autre. Les écoliers, en route vers
l'école» s'arrêtèrent et firent cercle autour des belligérants pour assister à
la bagarre. Plusieurs passants se contentèrent de descendre du trottoir pour
éviter la cohue et ne firent pas un geste pour intervenir.
     
    Le malheur voulut
que Hervé Magnan, l'imposant adjoint de l'école Champlain, passe à ce moment-la
en compagnie de Louis Nantel, un enseignant de sixième année. Tous les deux
venaient de descendre du tramway et se dirigeaient vers l'école. Sans la
moindre hésitation, les deux hommes foncèrent dans la mêlée. Ils séparèrent les
pugilistes sans ménagement en les secouant d'importance.
     
    118 LA RENTRÉE
DES CLASSES
     
    — Vous autres,
allez-vous en à l'école tout de suite! ordonna l'adjoint de sa voix de stentor
en s'adressant aux jeunes spectateurs. Si j'en vois encore un à traîner ici
dans une minute, il va passer la semaine en retenue.
     
    Les écoliers
s'égaillèrent comme une volée de moineaux.
     
    Les amis des deux
principaux belligérants trouvèrent même le moyen de s'éclipser pendant que
Hervé Magnan et Louis Nantel tenaient par un bras Richard Morin et son
adversaire.
     
    — Comment vous
vous appelez? demanda l'adjoint en sortant un carnet de la poche de son veston.
     
    — Michel Cyr.
     
    — Monsieur!
     
    — Michel Cyr,
monsieur, répéta l'autre, piteux.
     
    — Et toi?
     
    — Richard Morin,
monsieur.
     
    — Vous deux, les
deux zozos, à l'école! rugit l'adjoint.
     
    Vous commencez
bien votre année. Je vais vous casser, moi, promit-il en les poussant devant
lui.
     
    Les cheveux en
bataille et le visage portant des marques de coups, les deux adolescents firent
une entrée pour le moins remarquée dans la cour de l'école Champlain envahie
par quelques centaines de jeunes qui attendaient le début des classes. La vue
de Richard Morin et de Michel Cyr, suivis de près par l'adjoint et un
instituteur, provoqua un attroupement vite dispersé par les surveillants qui
patrouillaient la cour. Appuyées contre le treillis qui clôturait la cour,
plusieurs mères de jeunes enfants de première année guettaient avec une
certaine inquiétude les réactions de leur fils à ce premier contact avec le
monde de l'éducation.
     
    Pendant ce temps,
les deux fautifs furent conduits tambour battant à deux pieds du mur de
l'école. L'adjoint les plaça face au mur, avec défense expresse de bouger.
     
    119 Alerté par
ses copains, Gilles tenta bien de s'approcher de son frère pour savoir ce qui
s'était produit, mais en pure perte. Personne ne pouvait s'approcher des deux
fautifs.
     
    La cloche sonna
soudain et tout mouvement cessa immédiatement dans la cour. Les six cents
écoliers se figèrent. La porte arrière de l'école s'ouvrit pour livrer passage
au directeur Charles Bailly, à son adjoint et aux instituteurs qui n'étaient
pas déjà dans la cour.
     
    Après un bref
coup de sifflet, l'adjoint fît signe aux élèves de se rapprocher des
enseignants alignés à quelques pieds du mur de l'école. Derrière eux, Richard
Morin et Michel Cyr leur tournaient toujours le dos. Les écoliers s'avancèrent
en silence, laissant derrière eux les enfants de six ans dont c'était le premier
jour à l'école Champlain.
     
    Ces derniers, peu
rassurés, demeurèrent près de leurs mères, au fond de la cour. Au même moment,
armées de leur sourire le plus chaleureux, les deux institutrices âgées
chargées des classes de première année les rassemblèrent rapidement et les
firent entrer dans l'école. Les mères, rassurées, s'éloignèrent l'une après
l'autre pour rentrer chez elles.
     
    Charles Bailly
attendit qu'elles aient disparu avant d'adresser quelques mots de bienvenue aux
élèves

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