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A l'écoute du temps

A l'écoute du temps

Titel: A l'écoute du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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    Cet
après-midi-là, vers la fin de la récréation, Gilles sauta sur l'occasion pour
tenir parole quand il aperçut Michel Cyr nonchalamment appuyé contre le
treillis entourant la cour de l'école. Il demanda à ses copains de 130 LA
RENTRÉE DES CLASSES l'attendre et se dirigea sans hésiter vers celui qui
s'était battu avec son jeune frère le matin même. L'autre le vit arriver et
chercha des yeux un moyen d'échapper à l'affrontement qui se dessinait. Il
n'eut pas le temps de fuir.
     
    — Écoute-moi ben,
Cyr, lui dit-il sans élever la voix et en repoussant rudement l'autre contre la
clôture. Si jamais j'entends dire que t'as traité mon frère de fifi, tu vas
avoir mon poing sur la gueule. Tu vas t'apercevoir que je cogne pas mal plus
fort que mon frère Richard.
     
    — J'ai rien dit,
se défendit Cyr, beaucoup moins brave quand il n'était pas entouré de ses
copains.
     
    — C'est ça.
Continue à rien dire et, surtout, laisse mes frères tranquilles. Si tu touches
à mon frère Richard, c'est à moi que tu vas avoir affaire.
     
    Cyr ne répliqua
pas. Gilles, satisfait, lui tourna le dos et s'apprêtait à aller rejoindre ses
copains quand la cloche signala la fin de la récréation.
     
    Lorsque Gérard
Morin rentra du travail un peu après cinq heures, sa femme s'empressa de lui
raconter avec une fierté mal dissimulée la bagarre dans laquelle Richard avait
été impliqué pour défendre la réputation de Jean- Louis. À sa grande surprise,
son mari ne partagea pas cette fierté. La voie du visage amoché de son cadet le
fit même grimacer.
     
    — Je t'envoie pas
à l'école pour devenir un bum, dit-il sévèrement à son fils.
     
    — Oui, mais...
     
    — Laisse faire,
le coupa son père. C'est pas avec des coups de poing et des coups de pied qu'on
règle les problèmes.
     
    T'iras te coucher
à huit heures pour l'apprendre.
     
    Et je veux pas un
mot là-dessus à Jean-Louis. On répète l31 pas ce genre de niaiserie-là, ajouta
le père de famille mécontent avant de s'asseoir.
     
    Laurette aurait
bien voulu protester, mais le regard mauvais que lui lança son mari lui en
enleva toute envie.
     
    Quelques minutes
plus tard, Jean-Louis arriva à la maison et prit place à table pour souper. A
la vue du visage tuméfié de son jeune frère, il ne put s'empêcher de dire sur
un ton moqueur:
     
    — Tiens! On
dirait ben que t'as rencontré ton homme.
     
    — Toi,
écoeure-moi pas, se contenta de répondre Richard après avoir surpris le regard
d'avertissement que lui adressait son père.
     
    Après le repas,
Laurette demanda à Denise d'aider ses frères et sa soeur à couvrir leurs
livres. Elle n'avait aucune habileté pour manier les ciseaux et elle craignait
de gâcher le papier acheté par Gilles l'après-midi même. Devant la pile
impressionnante de manuels déposés sur la table, la jeune fille maugréa un peu.
     
    — Mais m'man, je
vais en avoir pour toute la soirée.
     
    Pourquoi ils
couvrent pas eux-mêmes leurs livres?
     
    — Parce qu'ils
vont gaspiller du papier et que ça va être fait tout de travers. Tu peux ben
faire ça pour moi.
     
    — Je vais te
donner un coup de main, offrit Jean-Louis qui venait d'entrer dans la cuisine.
     
    — Parfait, fit
Laurette, satisfaite. À deux, ça vous prendra même pas une heure.
     
    À huit heures,
Richard, l'oeil droit à demi fermé et la lèvre inférieure toujours enflée, se
dirigea vers sa chambre. Quand son frère Gilles vint le rejoindre une heure
plus tard, il ne dormait pas encore.
     
    — Nos livres sont
couverts, lui annonça-t-il. J'ai mis tes livres sur une chaise dans la cuisine.
     
    — Correct,
répondit son frère, étendu dans le noir.
     
    132 LA RENTRÉE
DES CLASSES
     
    — Est-ce que ton
oeil te fait mal?
     
    — Non. Tu parles
d'une maudite journée, ajouta Richard sur un ton dégoûté. Depuis que je me suis
levé à matin, tout a pas arrêté d'aller de travers.
     
    À ce moment-là,
Jean-Louis pénétra dans sa chambre et alluma sa lampe de chevet. Les deux
jeunes se turent et le sommeil finit par les emporter.
     
    Chapitre 6 Perdre
du poids En cette fin de septembre, il était évident que l'été tirait à sa fin.
Le soleil se couchait de plus en plus tôt et les belles journées chaudes
appartenaient dorénavant au passé. Maintenant, les petites rues Emmett et
Archambault ne retrouvaient un peu d'animation qu'à la fin de l'après-midi,
quand les jeunes, de retour de l'école,

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