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A l'ombre de ma vie

A l'ombre de ma vie

Titel: A l'ombre de ma vie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Florence Cassez
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Le président raconte qu’il a reçu un message de Jean-Claude
Marin, alors que celui-ci allait prendre l’avion du retour. « Les
discussions se sont très bien passées. Je crois que nous pouvons être
optimistes. » Et l’envoyé du président a pris l’avion. À son arrivée à
Roissy, il a appris que j’étais condamnée à soixante ans de prison. Il n’en
revenait pas. Mais le président a confiance. Lui non plus ne comprend sans
doute pas tout ce que cela signifie, mais il a une preuve de la bonne volonté
de Felipe Calderón. Quelques jours plus tôt, il a reçu une lettre du président
mexicain qu’il montre à mon père et à mon avocat. Elle est arrivée le 27
février, juste avant la sentence.
     
    Son Excellence
    Monsieur Nicolas Sarkozy
    Président de la République française
     Tout d’abord, je tiens à vous remercier des attentions
dont nous avons été l’objet lors de notre rencontre cordiale à l’occasion de la
réunion du Sommet du G20.
    Je fais référence à votre lettre du 25 novembre dernier,
relative à la situation de la ressortissante française Florence Marie Louise
Cassez Crépin, dont je me suis tenu informé. Sans compromettre l’indépendance du
pouvoir judiciaire, je peux vous affirmer que je suis convaincu que les
instances compétentes statueront sur ce cas dans la stricte observance des
garanties prévues par la loi et dans le plein respect des droits de l’homme de
Mme Cassez Crépin.
    Dans l’immédiat, il est fondamental que l’étape d’appel
auprès du Tribunal unitaire, en charge de l’affaire, se termine. À partir de ce
moment-là, on pourra être certain des peines qui pourraient être imposées et de
la manière de les purger conformément à la législation mexicaine.
    En deuxième lieu, une fois que la défense de Mme Cassez
Crépin aura épuisé les voies de recours que la loi mexicaine lui confère et
dans le cas où une décision de condamnation se verrait confirmée, il sera
possible d’envisager l’application de la Convention sur le transfèrement de
personnes condamnées, adoptée à Strasbourg, France, le 21 mars 1983. Ce traité,
dont le Mexique et la France sont des États parties, permet le transfèrement du
condamné vers son pays d’origine pour y subir sa condamnation, à condition que
Mme Cassez Crépin en fasse expressément la demande.
    Je vous prie d’accepter, Monsieur le Président, les
assurances de ma plus haute considération.
     
    Le 6 février 2009
     
    Felipe Calderón Hinojosa
    Président des États-Unis mexicains
     
    Tout est prévu. Pour Nicolas Sarkozy, le message de Felipe
Calderón est à peine codé : peu importe que je sois condamnée, puisqu’il
autorisera ma rentrée en France ensuite. Il l’a d’ailleurs confirmé à demi-mot
dans deux interviews qu’il a données avant la visite française, à La
Jordana, à Mexico, et au journal français Le Monde. Là encore, il
évoque la Convention de Strasbourg sur le transfert des personnes condamnées.
Frank Berton et mon père n’ont pas le temps de réagir que Nicolas Sarkozy
enchaîne. Ses conseillers ont épluché le texte de la Convention, ainsi que tous
ses avenants : le président de la République française a le pouvoir de
gracier le condamné à son retour sur le sol français. Pour lui, le tour est
joué. Il ne doute pas une seconde que les conseillers de son homologue
connaissent le texte de la même manière. Il en parlera d’ailleurs discrètement
avec Felipe Calderón dans trois jours à Mexico.
    Mon père n’en revient pas. « Nous sommes à vos côtés,
je vous l’ai toujours dit. » Le téléphone sonne et le président semble
parler à son épouse. Il lui dit qu’il est en compagnie de mon avocat et de mon
père, il lui explique ce qu’il vient de dire, et…
    — D’ailleurs, je vais te le passer.
    Et voilà mon père au téléphone avec Carla Bruni. Mon
père ! Je l’imagine… Un peu perdu, sans doute, mais elle a été si
gentille, si douce qu’il s’est très vite senti à l’aise. Au point de se lever
machinalement, et de tourner en rond, comme on le fait quand on téléphone et
qu’on n’en finit plus de parler. Alors, le président plaisante :
    — Bon, Bernard, vous allez me rendre ma femme ?
    C’est une visite qui compte, tout de même. Mon père est
touché. Carla Bruni lui a dit qu’elle avait pensé venir me rendre visite à la
prison mais qu’elle ne le pourra pas. Son mari trouve que ce n’est pas

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