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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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Helena, c’était aussi pour la sûreté de l’État ?
    Comme tous les vrais amis, afin de nous blesser mutuellement, nous avions mis au point une méthode qui tenait du grand art.
    Je répondis un « non ! » sec, d’un ton sinistre, avant de changer de sujet.
    — D’ailleurs, Æmilia Fausta est au courant de mon travail.
    — Tu admets que ton statut social fait partie de ton charme de pacotille ? (Elle avait visiblement envie de continuer à m’insulter.) Tu es aussi ami avec le bel Æmilius ?
    Je lui jetai un coup d’œil interrogateur.
    — Tu suggères que Rufus serait plus sensible que sa sœur à mon regard de velours ?
    — Mais non ! Il t’a proposé de rester chez lui pour te surveiller !
    — Dans quel but ?
    — Participer à la réconciliation entre l’empereur et Crispus. Ça ne peut que favoriser sa carrière, voyons !
    — Son avenir paraît pourtant brillant.
    — Il vit éloigné de Rome depuis trop longtemps. Il est ambitieux, et pas assez connu.
    — Pourquoi s’en est-il éloigné ?
    — À cause de Néron, dont l’amour-propre ne supportait pas les hommes trop beaux dans son voisinage. Il valait mieux s’exiler volontairement. Sinon…
    — Une visite gratuite aux lions de l’arène ? Et pourquoi est-il aussi beau ? Sa mère a rencontré un vendeur de vases macédonien derrière un buisson ?
    — Tu aimerais que sa sœur lui ressemble, hein ?
    — Elle l’aimerait sûrement, elle aussi ! dis-je en riant.
    Toujours assise sur sa borne, Helena Justina avait retrouvé son entrain. Je me laissai glisser par terre et m’étendis de tout mon long à ses pieds. Je me sentais heureux. Baigné par le soleil sur la riche terre du Vésuve, du bon air dans les poumons, une jolie femme à qui parler, et la baie de Naples se déployant au loin dans une brume bleutée…
    Le silence me fit relever la tête. Le regard d’Helena se perdait aussi du côté de la baie, et elle paraissait noyée dans ses pensées. Je la vis fermer brièvement les yeux, avec une expression de chagrin autant que de bonheur. Pensait-elle à son trop bel ami ?
    Je me remis sur pied.
    — Il fait de plus en plus chaud. Viens ! Je dois t’accompagner à l’intérieur.
    Helena fut obligée de glisser sa main dans la mienne pour m’obliger à ralentir le pas. Je refusai de la lui rendre, sans m’inquiéter de savoir si cela lui plaisait ou non. La sensation était trop agréable.
    Il avait beau faire chaud, se promener à pied restait plaisant. Je mourais d’envie d’aller explorer la villa, mais je tenais aussi à profiter de cette balade en compagnie d’Helena. Qui sait quand l’occasion se représenterait ? Les contraintes de la vie citadine, l’humeur d’Helena…
    Dans les vignobles, les lourdes grappes à moitié mûres faisaient plier les sarments sous leur poids. En haut de la montée suivante, la villa s’offrit à nos yeux dans toute sa splendeur. Dans le manège, un homme faisait travailler deux chevaux qui tournaient sans relâche.
    — Des chevaux de course ? Et lui ? C’est un entraîneur ?
    — Il s’appelle Bryon. (Elle se tut, puis :) Ça vaudrait peut-être la peine d’explorer les écuries…
    Je grimpai sur une espèce de balustrade en m’accrochant à un figuier. La fille du sénateur fit de même, en se cramponnant à moi. Nous regardâmes l’entraîneur partir au galop sur son pur-sang, puis ralentir, tourner, et faire repartir l’animal à toute allure. Les chevaux de course ne m’intéressent nullement, mais Helena serrée contre moi…
    Nous nous tournâmes l’un vers l’autre exactement au même moment, et les souvenirs m’envahirent. Je m’écartai d’elle avant que la situation ne devienne intenable, et sautai à terre avant de l’aider à son tour.
    Elle leva le menton d’un air belliqueux.
    — Je suppose que tu as jeté les cuillères dans la mer ?
    — Certainement pas ! Mon père était commissaire-priseur, je sais ce que valent des cuillères…
    Et nous étions amis, personne n’y pourrait rien changer. Des amis que liait le goût de l’intrigue et qui se chamaillaient sans cesse, mais jamais aussi irrités l’un par l’autre qu’ils tenaient à le laisser croire.
    — Il y a un instant, tu as pensé à quoi ? lui demandai-je.
    Helena s’éloigna tout de suite de moi, en hochant la tête.
    — N’insiste pas !
    Ce fut tout ce qu’elle trouva à répondre.

46
    En approchant de la maison, Helena paraissait de

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