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Abdallah le cruel

Abdallah le cruel

Titel: Abdallah le cruel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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richesse de vos congrégations et ont vanté votre savoir et votre piété.
C’est donc le cœur empli de fierté et d’émotion que je vous annonce ma
prochaine arrivée afin de vous renseigner sur les tribus que vous croyez
perdues et qui, tout comme vous, observent les préceptes de la Torah et de nos
Sages.
    Grande est ma joie à l’idée de
vous rencontrer et de savourer avec vous l’espérance que le Dieu d’Abraham,
d’Isaac et de Jacob réunira bientôt des quatre coins de la terre ses enfants et
qu’il reconstruira, de notre vivant et de nos jours, le Temple. Puisse l’Éternel
vous protéger et vous bénir.
     
    « Comme tu le vois, conclut
Judah Ben Kuraish, il n’y a rien de séditieux dans cette missive.
    — J’avoue, dit Omar Ibn Hafsun,
ne rien comprendre à ce fatras de paroles décousues. Je devine qu’il s’agit
d’une nouvelle importante pour ton peuple et je me ferai un devoir, pour te
remercier des bontés que tu as eues pour moi, de la remettre à un de mes amis
juifs.
    Omar Ibn Hafsun quitta discrètement
Tahart et se rendit en Ishbaniyah chez son oncle, Othman. Celui-ci lui prêta
une forte somme d’argent avec laquelle il put construire un château fort dans
un endroit nommé Bobastro, un véritable nid d’aigle juché au sommet d’une
montagne. Pour y parvenir, il fallait emprunter un étroit sentier et c’est à
partir de ce repaire quasi imprenable que le jeune muwallad commença à lancer
d’audacieuses expéditions contre les chefs arabes et berbères de la région sans
que l’émir n’intervienne. Les seigneurs avaient eu le grand tort de défier son
autorité et avaient cessé de lui payer tribut ; Mohammad n’était donc pas
mécontent qu’ils éprouvent ce qu’il en coûtait de ne pas bénéficier de sa
protection. Plutôt que de venir au secours de ces traîtres, il préféra
consacrer ses efforts à mettre au pas Ismaël Ibn Kasi et Ibn Marwan Ibn
Djilliki.
    Soucieux de s’assurer la neutralité
des Chrétiens du Nord, il négocia avec eux une trêve et fit preuve d’une
étonnante mansuétude à l’égard de leurs frères placés sous sa domination.
Sacrifiant à leurs exigences, il destitua le comte Servandus dont la disgrâce
fut saluée par des manifestations de joie. L’émir autorisa même un prêtre
d’Oviedo, un certain Dulcidio, à venir chercher à Kurtuba les reliques d’Euloge
et de Leocritia pour les ramener chez lui. Cette politique porta rapidement ses
fruits. Alphonse III chassa de ses terres Ibn Marwan Ibn Djilliki,
contraint de retourner en al-Andalous et de s’installer à Ashbarraghuza [54] d’où il mena quelques attaques contre Ishbiliyah avant de faire sa soumission.
Fort de ce succès, Hashim Ibn Abd al-Aziz investit les plaines de Sarakusta.
Ismaël Ibn Kasi n’avait pas la pugnacité et le courage de son grand-père.
Abandonné par une partie de ses vassaux, il disposait encore d’assez d’hommes
pour soutenir un long siège et bloquer Hashim sous les murs de la cité. Or le
favori de l’émir avait laissé à Kurtuba une jeune esclave, Adj, qu’il brûlait
de retrouver. Il n’avait donc aucune envie de prolonger les hostilités même si
la prudence lui commandait de revenir vainqueur dans la capitale. Le prince
héritier, Mundhir, le surveillait étroitement et n’aurait pas manqué
d’exploiter son échec. Hashim Ibn Abd al-Aziz préféra donc négocier avec Ismaël
Ibn Kasi et avec son neveu, Mohammad Ibn Lubb. Moyennant le versement de cent
mille dinars, les deux hommes lui vendirent leurs droits sur Sarakusta. Le
favori entra dans la ville et accorda son pardon à ses habitants, leur
infligeant toutefois une amende égale à la somme qu’il avait dû débourser.
Grâce à ce stratagème, il put se présenter devant l’émir et l’assurer qu’il
avait rétabli son autorité sur l’ensemble de ses domaines, hormis ceux
contrôlés par Omar Ibn Hafsun.
     
    Obadiah Ben Jacob était soucieux. Il
venait d’être informé de l’arrivée à Kurtuba de ce maudit Eldad le Danite dont
il s’était efforcé jusque-là de taire l’existence à ses coreligionnaires. Quand
un envoyé d’Omar Ibn Hafsun lui avait remis une lettre venant de Tahart, il
avait cru que les Juifs de cette ville sollicitaient son avis sur un point de
droit. Il avait déchanté en découvrant un texte écrit par un exalté. Comment un
homme aussi sage que Judah Ben Kuraish avait-il pu se laisser abuser par un
aventurier et un escroc ?

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