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Aïcha

Aïcha

Titel: Aïcha Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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j’entendis… Mon bien-aimé s’assura que j’avais mémorisé sans la moindre faute les paroles de l’ange et rejoignit aussitôt la chambre de Zaïnab.
     
    Dans le matin suivant, du haut de l’escalier du prêche, il annonça :
    — Le Clément et Miséricordieux m’a envoyé Son ange. Il vous dit : « Ils arriveront du haut et du bas, vous n’en croirez pas vos yeux, votre peur sera si grande que votre coeur jaillira dans votre bouche et vous douterez, vous êtes de cette engeance, vous douterez ! Mais fuir ne vous servira à rien. Votre jouissance de vie sera courte. Ne criez pas : “Nos maisons sont sans défense.” Elles sont sous le regard de Dieu. Il sait. Vos désirs de fuite sont inutiles. Vous n’avez de place qu’au combat. Aucun de vous ne pourra se mettre à l’abri du Seigneur des mondes, qu’il vous choie de Sa clémence ou vous châtie de Sa colère. Il est informé en tout, et d’abord des faiblesses de Ses ennemis. Sous Sa paume, ils ne sont rien [26] . »
    À nouveau, Hafsa me regarda avec terreur. Ces mots ne la réconfortaient aucunement. Ils ne parlaient ni d’anges, ni de cuirasses, ni de lames par milliers.
    Je me mis en colère :
    — Hafsa, tu n’as pas le droit de douter, Dieu ne te le pardonnerait pas ! Ne te laisse pas aller comme les hypocrites. Allah sait agir comme l’éclair !
    Je lui racontai la bataille de Badr et comment Djibril avait conduit les anges d’Allah par milliers auprès de nos guerriers.
    — Et le combat avait vraiment commencé ? demanda Hafsa.
    — Oui, et il aurait été perdu si les anges n’avaient pas fondu sur les Mekkois.
    Hafsa se mordit les lèvres pour ne pas dire sa pensée. C’était inutile. Allah n’avait nul besoin de l’entendre pour savoir.
    C’est le moment qu’il choisit pour répondre à notre terreur.

2.
    Fatima vint devant Muhammad alors qu’il sortait de la masdjid. Omar, mon père Abu Bakr et tous les autres le suivaient. C’était le moment où l’Envoyé et Omar donnaient les ordres du jour.
    Un affranchi perse du nom de Selman se tenait au côté de Fatima. C’était un vieil homme bien connu de tous. Abdonaï, l’homme de confiance de Khadija, la première épouse du Prophète, l’avait lui-même choisi parmi bien d’autres esclaves au temps où nous vivions encore à Mekka.
    Fatima interrompit la discussion autour de Muhammad :
    — Père, Selman a quelque chose à te dire.
    Chacun savait combien l’Envoyé chérissait les opinions de sa fille. Tous se turent et attendirent avec curiosité.
    Selman expliqua qu’en Perse, lorsqu’une armée en grand nombre assiégeait une ville, l’art de la guerre voulait qu’on se protège des assauts par un très vaste fossé.
    — Si le fossé est suffisamment profond et large, dit-il, ni les chevaux ni les chameaux ne pourront le franchir. Et encore moins les hommes à pied. Les assaillants devront alors renoncer à mener la charge. S’ils s’obstinent, il sera facile de les châtier, aussi puissants et nombreux soient-ils : on les éliminera d’une pluie de flèches et ils s’effondreront dans le fossé comme du bois mort. Grâce à un tel fossé, les assaillants se trouvent comme enfermés hors de la ville qu’ils veulent conquérir. Cette tactique est si efficace que, chez nous, en Perse, on a renoncé au siège des cités.
    Quand Selman se tut, le contentement irradiait le visage de l’Envoyé. Il se tourna vers Omar pour s’assurer de son appui. Pour une fois, Omar se trouva convaincu sur-le-champ par une idée qui ne venait pas de lui.
    Muhammad posa cent questions à Selman : Où devait-on creuser ce fossé ? À quelle distance des murs des fortins ? Quelles devaient être sa forme et sa profondeur ? Combien de temps cela nécessitait-il ?
    Selman répondit avec précision à chaque demande :
    — Pour la profondeur et la largeur, vingt coudées chacune, un demi-jet d’arc au moins. L’emplacement, je n’en vois ici qu’un d’acceptable : au nord, face à la grande plaine de l’oasis. Il faut creuser depuis les pentes de l’Ash-Gharbiyya jusqu’à celles de l’Ash-Shabiyya.
    Cette fois, Muhammad fronça les sourcils.
    — C’est une distance considérable ! Sept mille arpents de longueur ! C’est l’équivalent d’une marche d’un tiers de jour.
    — Pas d’autre solution, ô Apôtre d’Allah, répliqua Selman. Au sud, à l’est et à l’ouest, Madina est bien protégée. Les routes qui débouchent

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