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Aïcha

Aïcha

Titel: Aïcha Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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l’autre rive, l’Envoyé apparaît, brandissant un rouleau du Coran. Furieux, les hommes d’Abu Sofyan n’y résistent pas : ils jettent leurs chevaux dans le fossé. Les bêtes s’y brisent jambes et nuques. Nos archers les achèvent.
    L’Envoyé crie :
    — Allah vous a laissés essayer Sa fosse ! La prochaine fois, Il vous y enterrera.
    Les païens ont le plus grand mal à remonter la pente, deux fois haute comme eux. Les rires et les moqueries pleuvent depuis les murs de notre ville.
    Abu Sofyan ordonne à ses archers de tirer. Leurs flèches s’élèvent dans le ciel. Pour rien : l’Envoyé et Omar font reculer tous leurs combattants de vingt pas, et cela suffit.
    Abu Sofyan ordonne à ses hommes de projeter leurs lances. Elles ne franchissent pas la moitié du fossé.
    Il ordonne aux chamelles de courir à l’assaut. Elles roulent elles aussi dans le fossé et blatèrent de douleur. Elles savent que jamais elles ne remonteront.
     
    Le soleil est encore haut quand les païens comprennent enfin qu’ils ne prendront pas Madina, que leur dieu de bois est impuissant et qu’ils ne trouveront rien autour d’eux pour se rassasier.
     
    Plus tard, je sus que les hommes des tribus du Sud amenés là par Abu Sofyan grâce à de belles promesses de butin n’attendirent pas que le soleil rougeoie à l’horizon pour questionner les Mekkois et les Juifs de Khaybar :
    — Pourquoi nous avoir fait venir ici ? Aucun d’entre nous ne pénétrera dans la cité d’Allah si des ailes ne lui poussent pas !
     
    Au crépuscule, l’Envoyé dit :
    — Tant que les infidèles seront de l’autre côté du fossé, nous ferons la prière du soir sous leurs yeux. Qu’ils nous entendent et qu’ils connaissent la voix joyeuse d’Allah qui régit le monde.
    Les hypocrites ne savaient plus s’ils devaient rester avec nous ou s’enfermer à double tour dans leurs maisons, comme le faisaient déjà les Banu Qurayza.

3.
    Il avait fallu dix-neuf jours pour creuser le fossé. Il fallut vingt autres jours pour qu’Abu Sofyan, ceux de Khaybar et leurs milliers de combattants repartent le ventre vide et l’humiliation au front.
    Durant tout ce temps, dans ce combat connu sous le nom de « bataille du fossé », il n’y eut pas cinq morts d’un côté comme de l’autre. Le fossé d’Allah agissait telle une magie qui empêchait les combats. Et cette curieuse paix qui n’en était pas une aurait pu durer si la haine d’Allah qui pourrissait l’âme des Banu Qurayza n’avait pas causé leur perte.
     
    La quatorzième nuit du siège, un homme fut surpris alors qu’il allait franchir le fossé à l’aide de pieux et de cordes. On reconnut le fils de Ka’b ibn Assad, le chef des Banu Qurayza. Il portait sur lui un rouleau adressé à Abu Sofyan et proposant d’organiser une attaque depuis l’intérieur de Madina : « Nous attaquerons demain, deux heures après le lever du soleil, était-il écrit. Venez aussi par l’ouest, nous vous ouvrirons le passage. Muhammad ne pourra pas combattre sur deux fronts. »
    L’Envoyé dit :
    — Les rires et les moqueries de ces chiens devant l’oeuvre d’Allah les ont menés à la trahison. Ils n’ont plus rien à espérer.
    Il ordonna à Ali de trancher la tête du fils de Ka’b et de la jeter par-dessus les murs des Banu Qurayza. Il n’en fit pas plus avant le départ des Mekkois. Mais, alors que Madina s’apprêtait à danser la victoire, il vint encercler les fortins des Juifs. Devant leur porte, il hurla :
    — Ô vous, singes et porcs, comment avez-vous osé trahir la volonté de Dieu en vous glissant dans l’infamie des infidèles ? La punition d’Allah, vous la connaissez. Elle sera sans pitié.
     
    Les Banu Qurayza prirent encore vingt jours avant de se résoudre à ouvrir leurs portes.
    Ce qui fut, je n’ai nul besoin de l’écrire : chacun sait ce qu’est un massacre.
    Les femmes et les enfants impubères furent témoins de la colère du Tout-Puissant. Eux seuls furent épargnés. Ils devinrent tous esclaves.

Le temps du partage

1.
    Dans tout le Hedjaz se propagea la nouvelle de la puissance d’Allah. Nul ne put ignorer qu’il valait mieux ne pas provoquer Sa colère.
    Désormais, la peur hantait les demeures des douteurs. Lorsque l’Envoyé sortait de Madina et se promenait sur les chemins de l’oasis, les hypocrites tremblaient. Ceux qui l’avaient calomnié le fuyaient. Ils craignaient jusqu’à son regard.
    — Surtout,

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