Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Aïcha

Aïcha

Titel: Aïcha Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
Vom Netzwerk:
brandissant la lame des Croyants. L’heure est venue pour nous de sortir de Madina et de nous coaliser à notre tour !
    Afin de convaincre les tribus indécises, Muhammad partait de plus en plus souvent à leur rencontre, loin sur les routes du désert et des montagnes. Bientôt, il fallut multiplier les chambres dans le quartier des épouses : des femmes y affluaient après chaque victoire…
    — Qu’allons-nous devenir ? s’écria un jour Hafsa. Notre époux n’aura jamais la force de nous aimer toutes, si grand soit son coeur.
     
    Cela commença par Ri’hâna, une Juive des Banu Qurayza, qui était d’une telle beauté que celle de Zaïnab en pâlit. Une nuit qu’enfin il était dans ma couche, mon époux me dit :
    — Prends soin d’elle. La faute des siens et leur mort lui troublent l’esprit. Elle refuse de reconnaître la douceur de Dieu, et la mienne encore plus.
    — Ô mon bien-aimé ! lui répondis-je. Je ne te vois plus et tu entres chez moi pour me recommander une nouvelle épouse ! Qui va prendre soin de moi quand tu en auras dix ou mille ?
    Avec une tendresse que je ne lui avais pas connue depuis très longtemps, Muhammad m’enlaça.
    — Je te le promets, je n’en aurai jamais mille comme le roi Salomon, s’écria-t-il en riant.
    Il baisa mes lèvres et mes paupières avant de redevenir sérieux :
    — Miel de mes jours, dit-il. Tu es Aïcha, et jamais aucune épouse ne te supplantera. Celles qui logent dans le quartier des femmes scellent simplement l’accord avec les tribus que j’ai soumises. Ces tribus, Dieu les accumule dans la cour de Son nâbi afin que nous soyons nombreux et puissants au moment de marcher sur Mekka et de purifier la Ka’bâ. Toi, tu es celle qu’Allah m’a adressée pour emplir mon coeur. Crois-tu qu’une autre pourrait l’emplir comme tu le fais ?
    — Bien-aimé, je vois ton plaisir quand tu contemples d’autres visages que le mien. Je l’imagine quand tu caresses des ventres plus féconds que le mien. Qui t’en voudrait, si tu te lassais d’Aïcha, mère de personne ?
    — Ô Aïcha, mon épouse ! N’as-tu pas conscience de la place que tu occupes aux yeux du Tout-Puissant ?
    Muhammad quitta notre couche et alla jusqu’à la porte donnant sur la mosquée. Il l’ouvrit en grand.
    — Ne sais-tu pas ce que signifie cette porte, bien-aimée ? Comment peux-tu dire que tu n’es la mère de personne quand tu es, et seras jusqu’à ton dernier souffle, la Mère des Croyants ?
     
    Le lendemain de cette nuit, je me sentais aussi heureuse et pleine de l’amour de l’Envoyé qu’autrefois. La jeunesse me gouvernait encore tout entière. Mon bonheur était de boire chaque parole de mon très-aimé.
    Mais nous étions bel et bien plusieurs épouses et il me fallait compter le temps qui s’écoulait avant que Muhammad ne revienne dans ma couche. Après qu’il eut prodigué ses caresses à d’autres que moi. Qu’il eut ri avec d’autres, eut fait preuve de légèreté et promis une chose ou une autre à d’autres que moi. Même si elles n’étaient pas, elles, le « miel de ses jours ».
    En vérité, Hafsa, Omm Salama, Zaïnab…, le mécontentement, les tourments du manque et de la jalousie n’épargnaient aucune d’entre nous. Depuis la bataille du fossé, Omm Salama avait su se faire une alliée de Fatima pour convaincre l’Envoyé d’adoucir la dure règle du hidjab. Mais cela ne suffisait pas.
    Zaïnab dit :
    — Époux choyé, maintenant que tu quittes Madina presque à chaque lune, comment contenteras-tu tes épouses ? Demanderas-tu à chacune de nous de t’accompagner ?
    Notre époux, comme chaque fois qu’il reconnaissait la justesse d’une plainte, chercha conseil auprès de mon père et d’Omar.
    L’un et l’autre répondirent :
    — Impossible de partir en campagne avec tant d’épouses et de servantes. Tu devras choisir, Envoyé.
    — Et comment choisiras-tu sans injustice ? demanda Omm Salama.
    Ce fut mon père Abu Bakr qui trouva la solution :
    — Muhammad, jamais tu ne pourras choisir l’une ou l’autre sans provoquer des protestations. Laisse Dieu s’en charger. Fais fabriquer des boules de bois d’olivier et graver sur chacune d’entre elles les noms de tes épouses. Quand tu devras quitter Madina, tu mélangeras les boules dans une outre. Il te suffira d’y plonger la main en aveugle pour tirer le nom de celle qui t’accompagnera.
    C’est ainsi que je fus choisie pour

Weitere Kostenlose Bücher