Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
voyant son père se remettre en route, il talonna son cheval et le suivit.
" Je voudrais te poser une question, lui dit-il après l'avoir rejoint.
--Je t'écoute.
-- Il y a un garçon, à Pella, qui fréquente les cours de Léonidas, mais qui reste toujours à l'écart. Les rares fois o˘ je le croise, il évite de me parler. Il a un aspect triste et mélan¯o lique. Léonidas refuse de me révéler son identité, mais je suis -s˚r que toi, tu la connais.
` ---Il s'agit de ton cousin Amyntas, répondit Philippe, le regard fixé
devant lui. Le fils de mon frère qui mourut au cculrs d'une bataille en combattant contre lés Thessaliens. Il
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était l'héritier du trône avant ta naissance, et je gouvernais à sa place en qualité de régent.
--C'est donc lui le souverain ?
--Le trône appartient à celui qui peut le défendre, répliqua Philippe.
Souviens-t'en. Voilà pourquoi ceux qui ont pris le pouvoir dans notre pays ont toujours éliminé ceux qui auraient pu le leur contester.
--Mais tu as laissé vivre Amyntas.
--C'était le fils de mon frère, et il ne pouvait me nuire en aucune façon.
--Tu as été... clément.
--Si tu veux.
-- Père ? "
Philippe se retourna: Alexandre ne l'appelait ainsi que lors qu'il lui en voulait ou qu'il souhaitait lui poser une question très sérieuse.
" Si tu devais mourir au combat, qui serait l'héritier du trône ? Amyntas ou moi ?
--Le plus digne des deux. "
L'enfant se tut, mais cette réponse le frappa profondément et resta à
jamais gravée dans son esprit.
Ils rentrèrent à Pella trois jours plus tard. Alexandre confia à
Artémisia la fillette qu'il avait arrachée aux horreurs du mont Pangée.
" A partir d'aujourd'hui, affirma-t-il avec une suffisance enfantine, elle sera attachée à mon service. Et tu lui enseigne ras tout ce qu'elle doit savoir.
--A-t-elle un nom, au moins ? demanda Artémisia.
--Je l'ignore. quoi qu'il en soit, je l'appellerai Leptine.
--C'est un joli nom, qui convient bien à une fillette. "
Ce jour-là, on apprit que Nicomaque s'était éteint, à un ‚ge très avancé.
Cette nouvelle chagrina le souverain: Nicomaque avait été un excellent médecin, et il avait mis au monde son enfant.
Son cabinet ne fut pas fermé, même si son fils, Aristote, s'était engagé
dans une tout autre voie. Il se trouvait alors en Asie, dans la ville d'Atarnée o˘ il avait fondé, après la mort de son maître Platon, une nouvelle école philosophique.
En revanche, Philippe, le jeune assistant de Nicomaque, avait continué de travailler dans le cabinet du médecin dis paru. Il exerçait à présent sa profession avec grande habileté.
Les garçons qui vivaient à la cour auprès d'Alexandre avaient, eux aussi, grandi en ‚me et en esprit, et les inclina tions qu'ils avaient montrées au cours de leur enfance s'étaient en partie confirmées. Les camarades du même
‚ge
I que le prince--Héphestion, son inséparable ami, Perdiccas et Séleucos--formaient un groupe très uni, aussi bien dans leurs jeux que dans leurs études. Avec le temps, Lysimaque et Léonnatos s'étaient habitués à la vie en communauté et mani festaient leur joie de vivre dans les exercices physiques et dans les jeux d'habileté.
Léonnatos, en particulier, était passionné de lutte, raison pour laquelle il était perpétuellement ébouriffé, couvert d'égratignures et de bleus. Les plus grands, comme Ptolémée et Cratère, étaient déjà des jeunes gens et recevaient depuis longtemps une dure instruction militaire dans la cavalerie.
Au cours de cette période, leur groupe s'ouvrit à un Grec dénommé Eumène, qui travaillait comme assistant à la chan cellerie du roi et qui était très apprécié pour son intelligence
et sa perspicacité. Comme Philippe avait voulu qu'il fréquente la même école que les autres garçons, Léonidas lui trouva une place dans leur dortoir, mais Léonnatos le défia aussitôt à la lutte.
" Si tu veux mériter ta place, tu dois te battre ", affirma-t-il, torse nu, après avoir ôté son chiton. Eumène ne daigna pas le regarder. " Tu es fou ? Cette idée ne me traverse même pas l'es prit ", dit-il. Et il se mit à ranger ses vêtements dans le coffre, au pied de son lit.
Lysimaque se moqua de lui: " Je l'avais bien dit. Ce Grec ne vaut pas un pet. " A son tour, Alexandre éclata de rire.
Léonnatos poussa Eumène et l'envoya rouler à terre. " Alors, tu veux te battre, oui ou
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