Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
remonta le cours du fleuve et grimpa vers le col qui donnait sur les hauts plateaux, o˘ vivait un peuple indompté de bergers sauvages et primitifs: les Uxiens. quand il leur demanda, par le biais de l'interprète, l'autorisation de passer, Alexandre reçut la réponse suivante: "~Pour cela, il te faudra payer, comme le faisait le Grand Roi quand il voulait se rendre de Suse à Persépolis par le chemin le plus court. "
Alexandre répliqua: " Le Grand Roi n'est plus à la tête de son empire, et ce qu'il faisait ne me convient pas. Je passerai que vous le veuillez ou non. "
Les Uxiens étaient effrayants: revêches et hirsutes, vêtus de peaux de chèvres et de moutons, ils dégageaient la même odeur pestilentielle que leurs bêtes; mais, à l'évidence, ils ne se laissaient pas intimider facilement et n'étaient pas prêts à donner quoi que ce soit pour rien. Ils connaissaient la valeur de leurs terres escarpées, de leurs vallées étroites, de leurs sentiers raides o˘ il était impossible de se presser.
Ils ne pouvaient imaginer que ce roi étranger possédait des guerriers encore plus sauvages et plus primitifs qu'eux, habi tues eux aussi à se mouvoir avec une extrême agilité sur les territoires les plus ‚pres et les plus inaccessibles, à supporter le froid et la faim, la douleur et les privations. Téméraires et féroces, avides et sanguinaires, obéissant aveuglément à la main qui les nourrissait, tels étaient les Agrianes !
Alexandre réunit les chefs et les guides susiens afin qu'ils lui précisent le trajet que suivaient les deux principaux sentiers conduisant au haut plateau des Uxiens. On décida que Cratère et ses attaquants emprunteraient le moins escarpé des deux qui menait aux cols donnant sur la Perside, et qu'Alexandre affronterait avec les Agrianes et deux bataillons d'" écuyers >~ le plus difficile, qui montait directement vers les hauteurs que tenaient les guerriers ennemis.
Cratère attendit que le roi commence à gravir l'escarpement avec ses troupes, concentrant sur lui le gros des forces uxiennes, pour s'engager, à
l'abri de l'abondante végétation, sur le sentier des cols.
Les Uxiens qui défiaient Alexandre se mirent aussitôt à décocher des flèches, à projeter des cailloux à l'aide de leurs frondes, à lancer à
mains nues un grand nombre de pierreS~ qui roulaient le long de la pente.
Mais les Agrianes s'aplatis saient derrière la moindre aspérité avant de poursuivre leur chemin à découvert avec une incroyable agilité, pour s~abrite~ à nouveau derrière des troncs d'arbres et des rochers. quand ils se dressèrent enfin devant les premiers défenseurs, ils les attaquèrent avec une telle férocité que ceux-ci furent inca~ ~bles de répondre à leurs coups. Nombre d'entre eux tom èrent, la gorge tranchée par leurs couteaux, d'autres s'effon rèrent en comprimant léurs entrailles, qui s'échappaient de urs ventres blessés. Les Agrianes savaient s'économiser: ils e frappaient que pour tuer, pour blesser gravement leurs dversaires ou les terroriser en leur infligeant de graves bles ures.
I Les " écuyers " emboîtèrent le pas aux Agrianes. Une fois ur le haut plateau, ils recomposèrent leurs rangs et foncèrent ~ers les villages de pierres sèches et de briques crues, o˘ les ommes partageaient leur logis avec leurs animaux en une orte de symbiose primitive. Alexandre leur ordonna d'em loyer des flèches incendiaires, et bien vite les toits de paille ~t de foin qui recouvraient ces pauvres cabanes se transfor nèrent en brasiers, et les bêtes apeurées s'enfuirent de toutes arts.
Surpris par cette invasion inattendue, les Uxiens se précipi èrent vers les cols, o˘ ils pensaient mettre sur pied une défense plus efficace; mais ils y trouvèrent les attaquants de Cratère qui les accueillirent avec des nuées de flèches et de javelots, les abattant en grand nombre.
Coincés entre les troupes d'Alexandre et celles de Cratère, les Uxiens se rendirent, mais le roi les frappa d'un lourd ch‚timent: on leur confisquerait leurs terres et on les dépor terait dans la plaine afin de libérer le passage entre la Susiane et la Perside.
Dès que les interprètes leur apprirent le sort qui les atten dait, les Uxiens se jetèrent aux pieds du souverain en pleurant et en l'implorant, en poussant des cris de désespoir auxquels se joignirent ceux de leurs femmes et de leurs enfants. Mais Alexandre était inébranlable: il leur dit qu'ils auraient d'abord
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