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Alexandre le Grand "le fils du songe 1"

Alexandre le Grand "le fils du songe 1"

Titel: Alexandre le Grand "le fils du songe 1" Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Valerio Manfredi
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sceau des Argéades, l'étoile à seize pointes, qui en garantissait le poids et le titre.
    Se sachant assez doué pour le dessin, Alexandre avait ima giné un petit atelier lumineux, garni de quelques tableaux à la céruse et de quelques fusains. Cet équipement imposant lui parut excessif.
    " Nous attendons un invité, expliqua le surintendant, mais ton père m'a donné l'ordre formel de ne rien te révéler. Ce doit être une surprise.
    --Et lui, o˘ est-il ? demanda Alexandre.
    --Viens. "
    Le surintendant le conduisit près d'une fenêtre du rez-de chaussée qui donnait sur la cour intérieure du b‚timent. " Le voici ", dit-il en lui montrant le plus ‚gé des trois hommes qui se promenaient sous l'aile orientale du portique.
    C'était un homme sec et droit, d'une quarantaine d'années, à l'attitude réservée, presque affectée. Ses petits yeux mobiles suivaient les gestes de ses interlocuteurs et le mouvement de leurs lèvres, sans rien perdre de ce qui se trouvait, ou se pro duisait, aux alentours.
    Alexandre comprit que le philosophe l'observait déjà, même s'il ne l'avait pas encore fixé un seul instant du regard. Il sortit et patienta devant la porte jusqu'à ce que celui-ci ait effectué un demi-tour du portique.

    Bientôt, Aristote lui fit face: ses yeux étaient gris, nichés sous un front large et haut, sillonné de deux rides profondes. Il avait des pommettes saillantes, que ses joues creuses accen tuaient. Sa bouche, au contour régulier, était ombrée par une épaisse moustache et une barbe très soignée qui encadrait son visage, apportant à
    son expression un air pensif et profond.
    Alexandre ne put s'empêcher de remarquer que le philo sophe ramenait les cheveux qui poussaient sur sa nuque sur le sommet de son cr‚ne afin d'en couvrir l'ample calvitie. Aristote s'en aperçut et, un instant, son regard devint glacial. Le prince baissa aussitôt les yeux.
    Le philosophe lui tendit la main. " Je suis heureux de te ren contrer. Je voudrais te présenter mes disciples: voici mon neveu Callisthène, qui étudie la littérature et l'histoire; et voici Théophraste, ajouta-t-il en indiquant l'homme qui se tenait à sa gauche. Son habileté de zoologue et de botaniste est peut être déjà parvenue jusqu'à toi. quand nous avons rencontré ton père pour la première fois à Assos, en Troade, Théophraste s'est aussitôt plongé dans l'examen des sarisses aux hampes immenses que brandissaient ses lanciers. Et quand le souve rain a fini de parler, il a murmuré à mon oreille: "Boutures de cornouiller m‚le, coupées au mois d'ao˚t, à la nouvelle lune, vieillies, poncées et traitées à la cire d'abeille. C'est ce qui existe de plus dur et de plus élastique dans le monde végétal." N'est-ce pas extraordinaire ?
    --«a l'est, en effet ", confirma Alexandre, qui serra d'abord la main d'Aristote, puis celle de ses assistants, selon l'ordre dans lequel le maître les avait nommés.
    " Soyez tous bienvenus à Miéza, continua-t-il. Je serais honoré si vous acceptiez de déjeuner avec moi. "
    Aristote n'avait pas cessé de l'observer depuis le premier instant, et il l'admirait déjà profondément. Le " garçon de Philippe ", comme on l'appelait à Athènes, avait un regard intense et profond, des traits d'une merveilleuse harmonie, une voix au timbre sonore et vibrant. Tout en lui dénotait un ardent désir de vivre et d'apprendre, de grandes facultés d'in telligence et d'application.
    L'aboiement joyeux de Péritas, qui surgissait dans la cour et s'attaquait déjà aux lacets d'Alexandre, interrompit cette com munication silencieuse entre maître et disciple.
    " C'est un chiot magnifique, observa Théophraste.
    --Il s'appelle Péritas, dit Alexandre en se penchant pour prendre l'animal dans ses bras. C'est mon oncle qui me l'a offert. Sa mère a été
    tuée par une lionne au cours de notre dernière partie de chasse.
    --Il t'aime beaucoup ", remarqua Aristote.
    Sans rien ajouter, Alexandre les conduisit à la salle à man ger. Il les fit allonger devant les tables et les imita avec gr‚ce. Aristote se trouvait exactement en face de lui.
    Un domestique apporta une cruche et une cuvette pour les ablutions, puis passa une serviette. Un autre commença à servir le repas: des oeufs durs de caille, une poule au pot, de la viande de pigeon grillée et du vin de Thasos. Un troisième serviteur déposa sur le sol, près d'Alexandre, l'écuelle de Péritas.
    " Crois-tu vraiment qu'il m'aime ?

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