Alexandre le Grand "le fils du songe 1"
le Noir, Antipatros et Parménion, afin d'organiser le recrutement des soldats, l'équipement et le ravi taillement. Les bons rapports que la Macédoine entretenait avec Athènes lui garantissaient la sécurité sur mer et le trans port de l'armée en Asie par l'entremise de sa propre flotte et de celle des alliés.
Alexandre se plongea dans cette activité fébrile; il ne sem blait pas songer outre mesure à la grossesse d'Eurydice ni aux angoisses de sa mère, qui ne cessait de lui envoyer des mes sages lorsqu'il était absent, ou le priait de lui rendre visite quand il était au palais.
Olympias entretenait également une correspondance four nie avec son frère, Alexandre d'…pire, dont elle voulait s'as surer le soutien: plus que jamais, elle se sentait seule, reléguée dans ses appartements.
Ses pensées et les conversations qu'elle avait avec ceux qui lui demeuraient fidèles revenaient toujours sur sa triste condi tion. Elle n'entrevoyait pour elle qu un avenir de réclusion et d'isolement complet.
Elle savait que dès l'instant o˘ Eurydice recevrait ses nouvelles prérogatives de reine, les apparitions en public ne lui seraient même plus autorisées. Elle n'aurait plus l'occasion de rencontrer les invités et les délégations étrangères lors des cérémonies of ficielles, de tenir compagnie dans ses appartements, aux femmes et amies des visiteurs.
Elle craignait surtout de perdre ce qui lui restait de son pou voir personnel, en qualité de mère de l'héritier du trône.
Entouré par ses amis, qui lui prouvaient chaque jour leur dévouement et leur fidélité, Alexandre était plus serein. En outre, il avait l'estime, profonde et sincère, des généraux Parménion et Antipatros, bras droit et bras gauche du roi, son père, lesquels l'avaient vu à l'oeuvre aussi bien dans l'adminis tration du pouvoir que sur le champ de bataille. Ils savaient que le royaume serait en s˚reté dans les mains du jeune homme. En réalité, la situation dynastique n'était pas des plus tranquilles: les cousins d'Alexandre, Amyntas et son frère Archélaos, pouvaient se gagner l'appui d'une certaine noblesse, même si son frère naturel, Arrhidée, à
moitié débile, ne sem blait causer aucun problème pour le moment.
La date du mariage de Philippe fut annoncée officiellement au début de l'hiver. quand bien même elle était attendue, la nouvelle eut l'effet d'un éclair.
Le caractère particulièrement solennel que le roi voulait imprimer à la cérémonie, et le faste avec lequel on la prépa rait, impressionnèrent tout le monde.
Eumène, désormais responsable de l'entière administration du secrétariat royal, informait Alexandre du moindre détail: le rang des invités, les dépenses pour les vêtements, les orne ments, les mets, les vins, l'organisation, les bijoux destinés à la mariée et à ses dames d'honneur.
Alexandre tentait d'épargner à sa mère la plupart de ses nouvelles pour éviter de la blesser, mais Olympias avait des yeux et des oreilles partout, elle apprenait ce qui se passait avant son propre fils.
quelque temps avant le grand jour, la reine reçut l'invitation du souverain à participer à ses noces; Alexandre aussi. Tous deux savaient qu'une invitation de Philippe équivalait à un ordre; ils s'apprêtèrent donc, à contrecoeur, à participer à la cérémonie et au somptueux banquet qui lui succéderait.
Eumène avait accompli des miracles pour disposer les lits et les tables des invités de façon à éviter des contacts qui entraîneraient inévitablement des affrontements ou des bagarres. Les chefs de tribus et les princes macédoniens étaient presque tous placés d'un côté ou de l'autre: quand le vin coulerait à flots, ils risquaient de s'échauffer à
cause d'une phrase ou d'un geste mal interprété.
La mariée était ravissante et revêtue de tous les attributs de la royauté, mais les signes de sa grossesse apparaissaient clai rement. Elle portait un diadème en or, ses cheveux étaient tirés sur sa nuque en un chignon maintenu par de grosses épingles en or terminées par une tête de corail; elle était habillée d'un péplum tissé d'argent dont les broderies, d'une extraordinaire beauté, imitaient le style des peintres céra mistes et reproduisaient une scène de jeunes filles dansant devant la statue d'Aphrodite; son voile nuptial recouvrait partiellement son front.
En raison de son titre d'héritier du trône, Alexandre dut assister de près à la
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