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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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qu’« en
luttant dès maintenant et les armes à la main, en
plein jour, contre les forces de Vichy ». Reconnaissant dans ces préceptes l’idéal des Français libres,
je suis heureux que ce garçon sympathique soit aussi
proche de mes espérances.

    Son texte est catégorique. Une occasion se présente : il faut empêcher par la force le départ des
travailleurs requis pour l’Allemagne et s’opposer
aux arrestations massives des Alsaciens-Lorrains.
« Le peuple a aujourd’hui des ennemis, mais il n’ose
rien entreprendre contre eux : c’est à nous de le
faire si nous voulons avoir quelque prestige vis-à-vis
de lui. »

    En me rendant le texte pour le joindre au courrier, * Rex interrompt ma réflexion secrète : « Ce n’est
pas faux, mais il faut d’abord organiser l’Armée
secrète, au lieu d’épiloguer sur son utilisation, et
effectuer la fusion dont, à l’exception de * Charvet,
ils ne veulent pas. J’espère que le Général les mettra
au pas. » Comme toujours, je suis surpris par la rapidité avec laquelle il prend connaissance du texte.

    Il me fixe rendez-vous chez lui à 4 heures de
l’après-midi afin de prendre le rapport qu’il prépare
pour Londres.

    Je file chez * Mado pour lui demander de venir à
cette même heure au coin du pont de la Guillotière,
où je lui remettrai la moitié du rapport à coder.
J’effectuerai sur l’autre moitié le même travail et le
lui apporterai aussitôt achevé. Le rapport doit être
tapé avant 7 heures afin que je le remette à Schmidt
pour l’« opération » qui doit avoir lieu demain,
19 octobre.

    Toujours calme et souriante, * Mado me regarde
de ses grands yeux limpides, qui apaisent ma nervosité : « Ne vous inquiétez pas, tout sera prêt. »

    Je retourne en ville, où j’ai rendez-vous avec
*Germain. Je lui ai demandé depuis le premier jour
de m’attendre, même en cas de retard considérable.Cette exigence va à l’encontre des mesures de sécurité, mais, dans la pratique, mes rendez-vous se
déroulent rarement comme prévu. Je dois donc garder un espacement entre eux.

    Afin de ne pas le mettre en danger, je lui ai prescrit de se tenir éloigné du lieu de notre rencontre,
tout en surveillant les abords avant de me rejoindre.
Le coin du pont Bonaparte est désert quand j’arrive.
Un instant plus tard, il est près de moi, sans que je
sache d’où il est sorti.

    Avant 4 heures, je n’ai rien à faire. Tout en déambulant, je profite de l’occasion pour bavarder un peu
avec * Germain. Les grèves des cheminots m’exaltent ; j’admire le courage des manifestants. Pourtant, ce n’est pas à mes yeux la « vraie » Résistance,
laquelle est militaire. Néanmoins, il s’agit de la première protestation civile et publique contre Vichy et
les Allemands.

    *Germain a entendu parler dans sa famille des
grèves en banlieue. J’en profite pour exprimer un
sentiment dont Morandat a été le déclencheur :
« Heureusement qu’il y a les ouvriers pour résister.
S’il n’y avait que des bourgeois, la France seraitcollaboratrice 8 . »

    Nous marchons côte à côte. Sans modifier son
allure, il répond calmement : « Vous vous faites des
illusions sur les ouvriers. Ils sont aussi lâches que
les autres. Si vous les aviez vus en 1940, c’était honteux. Ils étaient contents de la défaite parce que ça
embêtait les patrons. » Il ajoute : « Si vous connaissiez ce milieu, vous auriez une autre opinion. Vousn’avez pas dû rencontrer beaucoup d’ouvriers dans
votre vie. »

    Je m’arrête, interloqué par ce que je ressens
comme une insolence. Silencieux, * Germain sourit
sans forfanterie. Je devrais le féliciter d’une franchise dont je ne serais peut-être pas capable. Je
rougis légèrement en reprenant la marche, puis
change de sujet.

    À l’heure convenue, je confie à * Mado la partie du
rapport concernant l’arrestation de Gérard Brault,
la vie des mouvements et l’organisation de la manifestation du 11 Novembre. Celle que j’ai codée me
fournit quelques détails que * Rex n’a pas communiqués à Georges Bidault.

    Dans son jugement à l’égard d’Herriot, je reconnais
certains de ses propos laconiques et méprisants :
« Étant donné les résultats de ses contacts, j’estime
qu’il convient de le laisser à ses méditations solitaires tant qu’il n’aura pas mieux compris où est son
devoir. » Dans un paragraphe, je découvre l’activité
de * Rex en

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