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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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cette présence imprévue
tourbillonnent dans ma tête : Comment voyager,
circuler en ville sans être fouillés à tout instant ?
Comment déjeuner avec * Rex et les autres sans être
repérés et dénoncés ? Comment transporter nos postes radio et faire nos émissions ?

    Abandonnant * Rex un moment, je rentre rue Sala
vérifier que mon matériel est bien caché. La rue est
déserte, comme à l’accoutumée. J’observe la fenêtre
de ma chambre : rien ne paraît suspect. N’est-ce pas
un piège ?

    En pénétrant dans l’immeuble, je m’attends presque à rencontrer la Gestapo. J’imagine qu’elle a déjà
découvert code, revolver et radio et qu’elle a tendu
une souricière pour m’arrêter, me torturer. J’évitede faire claquer la porte de la rue en la refermant et
prends des précautions avant de monter dans ma
chambre. Arrivé sur le palier, j’entrouvre doucement la porte, prêt à la refermer brusquement et à
m’enfuir : il règne dans la petite pièce un silence
douillet. Je suis surpris et heureux de m’y retrouver
seul. Comme d’habitude.

    Dès le débarquement en Afrique du Nord, * Rex a
envisagé l’occupation de la zone sud, mais rien n’a
été prévu pour faire face à cette éventualité. En
Angleterre, avec mes camarades, je m’étais souvent
interrogé sur la difficulté de vivre clandestinement
et d’organiser une insurrection militaire dans un
pays occupé par les Boches. Le journal France et la
BBC évoquaient régulièrement rafles, arrestations
massives, prises d’otages et patriotes fusillés. Les
villes occupées étaient, selon l’image que je m’en
faisais, transformées en prisons grâce au quadrillage policier. Sans doute était-ce la raison pour
laquelle le BCRA nous envoyait en mission en zonelibre 7 .

    *Rex exigera certainement que je lui soumette
un projet pour renforcer la sécurité du secrétariat.
Mais comment ? Pour * Mado, ma secrétaire, il n’y a
rien à modifier. Elle travaille seule à son domicile,
ignorée de tous. Elle est donc à l’abri des indiscrétions. Cependant, en tant qu’Alsacienne, elle court le
risque d’être rapatriée de force. De plus, son mari,
alsacien lui aussi, travaille comme agent de liaisonpour le Deuxième Bureau de Vichy : n’est-il pas vulnérable après l’équipée de Giraud en Algérie ?

    Depuis quelques semaines, j’ai relancé auprès des
mouvements la recherche d’un local où * Mado pourrait travailler seule. En dépit des promesses répétées de * Lebailly, Copeau et * Claudius, je n’ai rien
obtenu. L’occupation de la zone sud va-t-elle bousculer les mouvements ?

    Je dois veiller à ce que Briant, Cheveigné et
moi-même ne prenions pas le risque d’être arrêtés à
l’occasion d’un transport de postes de radio, si
petits soient-ils. Toutes les valises focalisent l’attention des agents du ravitaillement traquant le marché noir à la sortie des gares.

    Jusqu’à présent, * Germain a échappé au pire. Qu’en
sera-t-il avec les Allemands ? Je lui ai attribué ces
tâches dangereuses, dont le transport de valises, car,
s’il est arrêté, je suis sûr de son silence. Mais dans
cette hypothèse, toutes les liaisons seraient rompues
et le chaos s’installerait, comme après chaque arrestation au sein des mouvements.

    Je confie une fois de plus ma perplexité à * Rex.
« Sans les mouvements, me répond-il, je ne puis rien
faire.

    — Malheureusement, depuis mon arrivée, ils ne
tiennent aucune de leurs promesses. Ils ne m’ont
rien procuré : aucun personnel, aucun local ! Tout
ce que j’ai trouvé, c’est par moi-même. »

    Surpris par ma véhémence, il me considère un
instant, puis ajoute sans plus d’émotion : « Eh bien,
continuez ! »

    Mes inquiétudes sur l’aggravation du danger occultent les vraies questions : Pourquoi les Boches sont-ils
à Lyon ? L’armée d’armistice a-t-elle repris les hostilités ? Il n’y a eu aucun combat en ville, et nousn’avons entendu aucune explosion. D’ailleurs, les
troupes défilent l’arme à la bretelle.

    Quand je rejoins * Rex au restaurant, il écoute
Georges Bidault lui fournir les dernières informations. La réaction du patron est inattendue  : « L’avantage de cette occupation est la fin de l’équivoque de
Vichy : la situation est sans échappatoire. Désormais,
la France est allemande. Empêchons Alger de devenir vichyste. »

    Dans la perspective des manifestations, je n’ai

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